A Saint-Étienne, les personnels de la SNCF sont en grève depuis plus de deux mois maintenant contre un projet de réorganisation qui prépare selon eux la privatisation. A l’image des gilets rouge qu’on voit dans nos gares et qui sont embauchés dans des conditions pourries, les cheminot.es redoutent que la SNCF, sous couvert de réorganisation, refourgue à terme les TER à une filiale ou une entreprise privée.

Avec la loi sur le service minimum, imposer un rapport de force est de plus en plus difficile. Alors les cheminot.es s’organisent pour désorganiser le plus possible le service et se faire entendre. C’est de bonne guerre ! Mais contrairement à ce qu’affirme la directrice régionale de la SNCF, quand les personnels sont en grève, ils ne sont pas payés !

Pour écouter la version audio de l’entretien avec un syndicaliste de SUD-Rail, réalisée et diffusée le vendredi 06 janvier, cliquez ici

Bonjour, est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu les origines du conflit qui dure maintenant depuis plusieurs mois sur les lignes TER ?

En fait l’origine du conflit c’est de faire un établissement qui regroupe la traction, le contrôle et les gares. Donc en fait c’est un établissement qui va être soit privatisable soit filialisable d’ici l’horizon 2014.

Donc c’est dans le mouvement général de la SNCF qui se passe en ce moment ?

Au niveau de l’organisation dans un premier temps ça change pas grand-chose, mais après effectivement on peut évoluer, et la grosse crainte au niveau des cheminots c’est d’être privatisable à terme.

Et c’est ce qui se passe déjà, non pas pour les roulants, mais pour les personnels d’accueil par exemple dans les gares avec les ’gilets rouge’

Tout à fait, aujourd’hui à la SNCF on a plutôt tendance à embaucher des gens en CDD voire en CDI, mais pas au niveau du statut. Donc la grosse crainte c’est de perdre le statut, et puis quelque part si on revient sur un établissement filialisable ou , ça va pénaliser les usagers.

Comment ça se passe cette grève qui dure depuis maintenant plusieurs mois, concrètement au quotidien ?

Ben ça se passe pas forcément bien. C’est à dire qu’effectivement quand on fait grève c’est pour défendre le service public aux usagers, et quand on est en grève on perd de l’argent tous les jours, contrairement à ce que dit la directrice de région. si on était payés quand on est en grève, on serait tout le temps en grève. Mais non, on perd de l’argent tous les jours.

Par rapport aux conflits qui ont pu avoir lieu par le passé, il y a maintenant la loi sur le service minimum qui vous empêche de bloquer complètement le trafic ?

Tout à fait, donc on respecte totalement la loi, on fait pas une grève dure, on empêche pas les trains de rouler le matin et le soir pour emmener les gens au travail et les étudiants à leurs études

Les perturbations sont surtout en journée en fait ?

Oui, effectivement. Maintenant la direction veut pas faire rouler les trains sur le Roannais et sur le Puy, mais ça c’est un problème de la direction

Et justement, ce conflit est aussi en défense des usagers comme vous l’expliquiez, est-ce qu’il y en a qui se montrent solidaires de votre lutte ?

Ben non, on a pas trop de contacts, les seuls contacts qu’on a avec les usagers c’est quand ils sont exaspérés donc on les comprend, mais maintenant on peut plus trop discuter parce que quand ils nous appellent c’est pour nous insulter. Donc effectivement on comprend l’exaspération des usagers, mais c’est la direction qui privilégie l’axe Saint-Etienne-Lyon au détriment d’autres lignes.

Et donc maintenant où en est la grève, quels sont les espoirs que ça gagne ?

L’espoir qu’on a c’est de renouer le contact avec la direction, et ce matin l’Assemblée Générale a décidé de reconduire jusqu’à vendredi prochain "

Entretien diffusé le vendredi 06 janvier 2012 dans le Canut-Infos sur Radio Canut, 102.2 FM sur Lyon et environs