Depuis mardi 17 mai, les salarié.es de la raffinerie Total de Feyzin sont entré.es dans une lutte plus active en se mettant en grève. Au départ doucement, en passant toutes les installations en service technique minimal et en arrêtant la sortie de carburant. Devant l’absence de réaction politique et le fait que le mouvement soit suivi par les autres raffineries, la mobilisation s’est accrue avec le vote vendredi d’un grève illimitée, suivie par près de 90% des salarié.es, aboutissant de fait à l’arrêt total des moyens de production.
« Il faut 3 à 4 jours de mise en place de l’arrêt de l’outil de travail. La remise en marche sera encore plus longue. Mais de toutes manières, pour le moment on ne parle pas de remettre en marche : nous somme en grève illimitée », nous explique un délégué syndical. L’arrêt total sera effectif à partir de mardi ou mercredi au plus tard. Une caisse de grève a été mise en place.
Les salarié.es de FO [1] comme de la CGT sont tous très clairs sur le pourquoi de leur mobilisation. Un délégué CGT nous raconte :
« On se met en grève pour soutenir le mouvement dans la rue, c’est pour eux qu’on le fait, pour les soutenir. Comme pour les routiers, une simple modification de la loi de branche ne suffira pas, nous voulons le retrait complet. Maintenant, on attend que tous les salariés se mettent aussi en grève. C’est la grève pour nous, c’est la grève pour vous. Le problème, c’est la stigmatisation : quatre raffineries [2] sont à l’arrêt et c’est la grande grève alors qu’on arrête juste notre outil de travail, comme n’importe quel travailleur. On ne recherche pas la pénurie, ce n’est qu’un conséquence. »
Un autre salarié rajoute : « On ne se bat pas simplement pour nous mais aussi pour nos enfants et pour tous les autres salariés touchés par la Loi Travail. On n’a pas besoin de soutien sur place. On a besoin que la grève s’étende et que d’autres secteurs nous rejoignent pour nous faire entendre. »
Sur le piquet de grève, les salarié.es sont formels : « La direction tente de créer des tensions entre salariés. C’est une mauvaise stratégie qu’elle emploie et qui peut se retourner contre elle en réalité, avec une augmentation du nombre de grévistes au fur et à mesure du refus de dialogue. Les grévistes ne s’en prennent pas à la direction elle-même mais veulent rentrer dans un bras de fer avec le gouvernement. »
Le site de Feyzin – comme c’est le cas désormais dans de nombreuses multinationales – sous-traite d’une part de nombreuses activités à d’autres entreprises sur le site et d’autre part de nombreux/ses intérimaires travaillent directement pour Total et pour ces entreprises. Un syndicaliste de FO nous apprend qu’il a eu vent d’une clause dans les contrats des intérimaires et des salariés des entreprises prestataires qui permettrait à leurs employeurs de ne plus faire appel à leurs services en cas de grève. Pour le moment, les directions n’ont pas encore appliqué ces clauses. Si tel était le cas, les syndicats sont prêts à soutenir juridiquement les intérimaires.
Les grévistes ne craignent pas l’intervention de la police, puisqu’ils ne sont pas en train de bloquer le site. En revanche, ce recours à la force est, pour eux, une preuve de la faiblesse du gouvernement face à ce mouvement : « Quand on est faibles, on utilise la force. »
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