Les urnes passent, les luttes agissent

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Face au marasme électoral des initiatives, en se multipliant, peuvent, quelle que soit l’étiquette des futurs dirigeants politiques, leur reprendre le pouvoir de décision qu’ils nous volent.

La grande foire aux illusions s’est
installée durablement. Après les présidentielles ce seront les législatives et l’année
prochaine les cantonales, les municipales, les sénatoriales…Une bonne partie du personnel de
gestion politicienne des institutions étatiques va être passé en revue en quelques mois. A
commencer par les deux tours des présidentielles où les candidats font défiler les grands
thèmes des luttes sociales toujours actives, ces thèmes sont grossièrement digérés après avoir
été tronçonnés et traités par étape comme les luttes des sans- papiers, des chômeurs, des sans
logement, des écologistes. Elles sont tour à tour mises sous le feu des projecteurs puis aussitôt
oubliées, remisées au rang des problèmes déjà traités pour finalement laisser place nette à la
veille du premier tour… La grand messe électorale agonisant dans un crescendo sécuritaire
et nationaliste à l’unisson de la gauche à l’extrême droite.

Les fausses promesses de mesures sociales ne sont même plus de mise, les candidats
avancent avec arrogance sûrs de la peur qu’ils ont su faire naître en 2002 avec le danger
fasciste qu’ils se sont par ailleurs employés à construire entre chaque élection. Rappelons,
dans une période favorable à l’amnésie que c’est grâce aux désillusions produites par la
gauche au pouvoir qu’en 1988 le FN connaît son premier bond en avant électoral. Il n’a
d’ailleurs depuis jamais véritablement réussi à franchir un cap significatif dans ce qu’il
représente dans la population. Seules les élections ont permis à un parti qui n’a jamais
représenté au mieux qu’un peu plus d’un dixième de la population de représenter une menace
pour les 9 dixièmes restants. Le danger fasciste qu’on utilise (surtout à gauche) comme
menace pour ramener tout le monde gentiment aux urnes est pour l’essentiel le fruit des
désillusions face à l’impasse dans laquelle nous conduit l’alternance droite- gauche qui depuis
30 ans s’est singulièrement accélérée.

Ils voudraient pourtant continuer à nous embarquer dans leurs petits conflits
d’intérêts, d’alliances et de mésalliances entre mandarins politicards, manoeuvres internes à la
classe dirigeante mais par lesquels ils aimeraient que l’on se sente concernés. Soumis à
l’indigence politique de l’électoralisme, des salariés victimes du capitalisme au quotidien se
sentent contraints de voter à droite pour s’opposer à une droite plus extrême, à l’opposé de
leurs intérêts. La peur et le chantage sont ainsi les moteurs d’une course à la légitimité du
pouvoir, sans quoi il perdrait un peu plus son vernis démocratique. La démocratie
représentative est pourtant déjà bien pâle, seul le chantage au fascisme semble pouvoir lui
permettre de se maintenir à flot.

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté d’autres subterfuges : le grand « show
électoral » orchestré de main de maître par les média, avec en prime des primaires à
l’américaine, des campagnes d’adhésion (sois- disant massives) aux partis politiques. Ce sont
aussi les forums citoyens, blogs et autres gadgets de la démocratie participative, jusqu’aux
machines à voter, tout est fait pour rendre le spectacle attractif.Le référendum sur la constitution européenne, en posant une question directe aux électeurs
plutôt qu’une exhortation à élire avait déjà tenté de faire retourner aux urnes les électeurs
potentiels qui depuis déjà quelques années les désertaient de plus en plus.
Tout cela s’étant avéré somme toute inefficace, l’Etat s’est replié sur ce qu’il fait de mieux :
le chantage, la culpabilisation, à tel point que face à la pression au vote, le refus des urnes en
deviendrait presque un acte de désobéissance civile.

Pendant ce temps la terreur s’exerce sur les militants sous une forme beaucoup plus
violente, quand ils choisissent les luttes avant l’urne, ils sont alors combattus par un état qui
entend enterrer toute revendication sociale qui mettrait en danger la bonne marche du
capitalisme.
Peu importe, par ailleurs, l’age du président, son sexe son origine ethnique ou même
son étiquette politique, depuis 30 ans les gouvernements en place sont allés dans le
sens d’une répartition des richesses toujours plus inégalitaire en faveur des
nantis, d’une misère sociale de plus en plus criante et d’une précarité du
salariat qui se généralise.
Ces politiques ont été mises en place par l’ensemble des
gouvernements européens de façon continue.Aucun infléchissement n’est venu contrecarrer la baisse
continue des salaires depuis vingt ans, gauche et socio
démocrate y compris ont participé au démantèlement des
acquis sociaux, parfois avec plus d’efficacité que les
libéraux grâce à l’apathie des grandes centrales syndicales
soucieuses de ne pas mettre des bâtons dans les roues à
leurs amis au pouvoir.

De plus l’essentiel des décisions qui déterminent
notre avenir tendent à s’éloigner des sphères électorales
pour échapper à toute forme de contrôle. La classe
dirigeante sure de sa force et de son impunité ne veut plus
risquer de soumettre ses décisions au désaveu des urnes.
On prend les décisions au niveau européen plutôt que
national et au niveau des communautés urbaines plutôt
qu’au niveau des municipalités. L’état au poids réduit
(privatisations, décentralisation) n’est plus que la courroie
de transmission des desideratas des conseils des grandes
firmes transnationales ou du MEDEF.

Les gouvernements de gauche ou de droite
laissent faire toutes les vagues de licenciement massif, ce
fut le cas à hewllett Packard qui put opérer une
délocalisation sans entrave après avoir touché de
nombreuses subventions de l’Etat. Les exortations au
patriotisme économique de nos politiciens de tout bord
n’ont pas non plus empêché Airbus d’annoncer, à la veille
d’échéances électorales, un plan de restructuration
provoquant une vague de licenciements massif chez ses
sous- traitants.

Voilà donc le grand bond de la démocratie !
Censé être le principal succès de ces élections alors que
chaque jour les droits les plus élémentaires et les
possibilités d’agir sont piétinés par un état qui tend à
n’être plus que policier.
Elire c’est ne pas choisir comment seront gérées demain
les hôpitaux, l’éducation, la sécu, les retraites, les caisses
du chômage…Si le déroulement de cette campagne nous
apprend quelque chose c’est le renoncement total et
définitif des partis de gouvernement dans leur ensemble
au progrès social, dans les actes et même dans les
discours.

Les partis d’extrême gauche qui jusqu’à josé bové ont
prétendu représenter le mouvement social aux élections
ont surtout fait une démonstration de faiblesse, par leur
obstination à défendre leur chapelle et leur absence de
retenue dans les manoeuvres politiciennes, qui les
discrédite au-delà de la radicalité formelle de leurs
discours. Que d’énergie et de moyens gaspillés dans une
radicalité de façade, seule posture permise dans le cadre
des élections.

D’autres modes d’organisation et de
représentation politique sont possibles, des pratiques
autogestionnaires se développent dans des luttes, des
collectifs, des mouvements ou des associations. Elles
montrent que chacun est à même de participer aux
décisions communes dans son lieu de travail ou son
quartier. Y compris, pouvons nous par la pratique de
mandats impératifs et révocables, fédérer l’ensemble de
ces lieux de démocratie directe.

Face au marasme électoral de telles initiatives,
en se multipliant, peuvent, quelle que soit l’étiquette
des futurs dirigeants politiques, leur reprendre le
pouvoir de décision qu’ils nous volent.

CGA Lyon (l’Egalité économique et Sociale - Mai 2007)

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