Pas de prisons pour mineurs ! Ni à Meyzieu, ni ailleurs !

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Nous ne voulons pas collaborer à la politique sécuritaire de l’État Français et de son gouvernement !
Nous voulons garder et élargir notre indépendance vis-à-vis des politiques de contrôle social des populations !

- Précarité, frustration et contrôle social

Selon l’observatoire des inégalités, 1 à 2 millions d’enfants sont considérés comme pauvres en France en 2004. Toujours selon cet observatoire, « la cause la plus évidente de cette pauvreté est la situation professionnelle des parents : un chômage qui se prolonge conduit rapidement à vivre avec des minima sociaux inférieurs au seuil de pauvreté. » De plus, 20 % d’une génération sort non diplômé et a peu de chance de se faire une place au soleil dans une société qui accorde au titre scolaire une dimension démesurée, qui peine à offrir ensuite une seconde chance, la formation professionnelle profitant jusqu’à présent d’abord aux mieux formés. Ces situations doivent être mises en perspective avec l’image que la société française véhicule d’elle-même, société d’abondance, de consommation, où l’on « est » ce que l’on a.

Or, on n’admet pas l’injustice et la violence sociales, pas plus qu’on ne se soumet pas à un système qui humilie et qui rabaisse, qui ne laisse que très peu de perspectives. D’où les phénomènes de résistances qui se manifestent de la manière dont chacun dispose. En témoignent, entre autres les « émeutes » de l’automne 2005 et le mouvement « anti-CPE »...

Mais l’État veille. En effet, se mettent en place toute une série de dispositifs, plus ou moins diffus, de contrôle social des populations, prioritairement les plus en colère, ou les plus « pauvres ». Et beaucoup de dispositifs remettent en cause les fondamentaux des travailleurs et travailleuses du socio-éducatif, tout en attaquant les anciens repères de solidarité de la société (protection sociale solidaire et services publics).

- Ces politiques de contrôle passent par la collaboration des travailleurs sociaux !

Parmi ces dispositifs de contrôle social :

En plus du renforcement des contrôles et sanctions exercés par l’ANPE sur les demandeurs d’emploi , les Assedic peuvent maintenant convoquer pour évaluer la recherche d’emploi, suspendre les allocations à titre conservatoire (c’est-à-dire que cette décision sera validée ou annulée par le Préfet), signaler des cas au Préfet ( qui délègue le plus souvent à la DDTEFP, direction départementale du travail et de la formation professionnelle).

Le rapport final du député BENISTI de novembre 2005 sur la prévention de la délinquance propose en matière de protection de l’enfance de « modifier » le secret professionnel auquel sont soumis les travailleurs sociaux et médico-sociaux. « Redéfinir la notion de secret professionnel entre les travailleurs sociaux et le maire envers lequel nous souhaitons qu’ils reportent au sens d’autorités administratives (conjointement avec les conseils généraux) ce qui implique la non application de l’article 226-13. » Ce nouveau partenariat implique la mise en commun d’informations nominatives, non seulement sur des délinquants, mais aussi sur des populations considérées comme « à risque », soit les enfants, jeunes ou familles rencontrant des difficultés matérielles, éducatives ou sociales.

Dominique De Villepin parut renoncer un temps à se projet mais Nicolas Sarkozy, revenu aux affaires, en fait l’outil d’un système d’information et de partenariat modernisé. Déjà sur le terrain, certains maires et élus des conseils généraux souhaitent cette mise en commun des informations entre police et travailleurs sociaux. Ces dispositifs de veille, cellule d’alerte ou d’observatoire sont déjà expérimentés sur 24 sites pilotes en France. A cela s’ajoute les récents « parcours de réussite éducative » qui institutionnalisent ce lien entre école, travailleurs sociaux, mairie et préfecture par des signalements nominatifs.

Enfin, la loi sur « l’égalité des chances » vient imposer des sanctions associées au contrat de bonne conduite pour les familles. Là encore, ces contrats seront à l’initiative des établissements scolaires, travailleurs sociaux départementaux ou des maires...

Actuellement, la résistance s’organise. Plus de cinquante collectifs départementaux ou régionaux de résistance à la délation se sont créés en France. Nous étions plus de 4000 à Paris le 22 mars contre ces dispositifs !

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- L’incarcération massive des mineurs : apothéose et symbole de cette politique sécuritaire

Actuellement, 7 EPM (établissement pénitentiaire pour mineurs) sont en cours de construction en France, soit 400 places d’enfermement. C’est la première fois en France que les termes « prisons » et « mineurs » sont mis côte à côte. A Meyzieu, dans la banlieue périphérique de Lyon, une prison pour mineurs est en train de se construire. 60 places sont prévus parmi lesquelles un quartier disciplinaire (mitard) de 4 cellules.

Si l’enfermement carcéral marchait, on le saurait depuis longtemps...Les chiffres sont clairs : 70% des mineurs emprisonnés récidivent alors que les centres éducatifs ouverts ont un « taux de réussite » de 60% ! On présente volontiers les prisons comme des réponses à une violence que « plus rien ne peut empêcher ». Jusqu’où va-t-on aller ?

Et si les prisons pour mineurs ne suffisaient pas à contenir cette violence ? Car cela va sans dire, lorsque une personne ou dix ont des comportements jugés dangereux, on peut personnaliser les problèmes. Lorsque les situations de colère, quelquefois exprimés avec violence, se multiplient, cela traduit un problème social. Enfermer les jeunes les plus violents, c’est individualiser et repousser ces problèmes. Croire que l’enfermement est une réponse adaptée, c’est se tromper de route. Pour preuve, aux Etats Unis, plus de deux millions de personnes sont en taule . Pour moins de violences ?

C’est la politique de tolérance zéro qui est mis en pratique en direction des plus pauvres, avec l’idée que « qui vole un oeuf vole un boeuf ». La composition de la population carcérale ne laisse rien au hasard. Population majoritairement jeune, originaire d’Afrique et ouvrière (ou fils et filles d’ouvriers). Ces nouvelles prisons sont avant tout destinées aux jeunes privés de toute perspective de vie valorisante. On ne se soumet pas à un système qui humilie et qui rabaisse, qui ne laisse que très peu de perspectives.

Ne pourrait on pas enfin voir la violence de l’enfant à la lumière de la violence de l’autorité, tant familiale que patronale, institutionnelle, médiatique ou étatique ?

A cela, ajoutons que le coût de ces prisons est exorbitant : 90 millions d’euros en tout, soit 225 000 euros la place ! Cela peut laisser perplexe comparé aux politiques socio-éducatives de restriction budgétaire...

L’éthique et les convictions de beaucoup de travailleurs sociaux reposent sur la libre adhésion des personnes accompagnées et sur la compréhension des causes socio-politico-économiques du mal être de ces personnes.

Nous ne devons donc pas accepter, nous, travailleurs et travailleuses du socio-éducatif, l’emprisonnement de plus en plus d’êtres humains, malgré le discours ambiant dominant. Surtout que cet enfermement a pour but de préserver un « ordre » qui humilie et rabaisse de plus en plus de monde.

P.-S.

Manifestation à Meyzieu

le samedi 17 Juin à 14 h
Départ Place Burignat

(métro Laurent Bonnevay, Bus 67 direction Meyzieu. Arrêt centre ville)

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