Nous sommes en train d’organiser la solidarité dans notre quartier, en distribuant du désinfectant, en nous mettant à disposition pour faire les courses des anciens, en cherchant à ne laisser personne seul, comme le font la plupart des gens dans ce pays : pas après pas, lieu après lieu. Mais le mutualisme ne peut pas suffire, nous devons trouver le moyen de prendre la parole.Pendant que le gouvernement nous impose de rester à la maison et de limiter au maximum les déplacements, des milliers de personnes se révoltent dans les prisons, des personnes sont abandonnées à elles-mêmes dans les quartiers, les mesures de préventions ne sont pas appliquées pour les travailleurs, les expulsions continuent à être exécutées, tous ceux qui touche normalement des rentrées d’argent (en travaillant au noir, en étant déclaré ou sous différentes formes de contrat) reste sans salaire pour un temps indéterminé tout en devant continuer à payer un loyer, des médicaments, de la nourriture, du désinfectant, des masques et des gants.
L’état d’urgence fonctionne comme le lit de Procuste [1] : celles et ceux qui sont trop court ou trop long pour les mesures de prévention contre le coronavirus sont écarquillé·es ou mutilé·es. Une torture qui culpabilise toutes celles et ceux qui n’entrent pas précisément dans le lit du tortionnaire. Nous assistons à une violence sans précédent dont le discours du premier ministre hier soir dans les médias est la revendication explicite. Dans les paroles de Conte, les milliers de détenus en révolte dans les prisons italiennes, les plus de dix morts et les centaines de blessés, n’existent pas. Des personnes à qui la télévision rappelle tous les jours de ne pas fréquenter de lieux peuplés, mais qui sont contraintes dans des cellules surpeuplées, des personnes auxquelles on demande de tomber malade en silence sans pouvoir communiqué avec leurs proches. Des personnes qui ont été massacrées, des personnes dont l’existence est tout simplement ignorée.
De toute une génération de barmans, de physiothérapistes, de guides touristiques, de remplaçants dans les écoles, de pizzaiolo, d’orthophonistes, de professeurs de sport, restée d’un jour à l’autre sans salaire, contraints de payer un loyer, de continuer à se soigner, de continuer à consommer, l’unique description qui a été faite est celle d’un peuple de divertissement. Les seules paroles les concernant les invitent à arrêter les apéros. Des parents qui ne peuvent plus confier leurs enfants aux grand-parents mais doivent continuer à travailler. Ceux-là non plus n’existent pas.
Des travailleurs encore plus stressés, sans aucune mesure de prévention, qui respectent les règles chez eux et sont ensuite exposés au risque de contagion dans les entrepôts, dans les usines ou au bureau, il n’y a aucune trace. Ils n’existent simplement pas. Hier matin nous sommes allés devant l’usine de Peroni à Tor Sapienza, les ouvriers étaient en grève pour demander l’application de l’accord de secteur, le patron a essayé d’imposer des briseurs de grève en profitant de la limitation des activités syndicale imposée par l’état d’urgence. À la fin les ouvriers ont réussis à imposer un accord mais ont du prendre des risques, se réunir, organiser un rassemblement : faire le choix en peu de mots entre risquer d’être licenciés et risquer d’étendre la contagion.
Le chacal qui leur a imposé ça bénéficiera probablement des déductions fiscales du gouvernement. Lui est bien représenté dans le discours du premier ministre Conte, il est de ceux qui vont être aidés, de ceux pour qui le lit de Procuste a été dessiné sur mesure.
>L’industrie du complotisme

Vous en avez marre des conspirationnistes qui voient des lézards géants partout ? Et en même temps vous ne supportez plus la petite musique des médias qui traitent de "complotiste" chaque personne qui remet en question l’ordre établi ? Pour nourrir la réflexion des mouvements sociaux...
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