« Il n’y pas d’herbe dans l’enceinte du lycée, peu d’arbres, pas de chants d’oiseaux. Au loin, on voyait les monts du Lyonnais. Aujourd’hui, les enseignes d’Ikea et de Leroy Merlin surplombent nos lieux d’enseignement.
Dans les couloirs, est-ce un hasard, les poubelles brûlent et l’électricité saute régulièrement ; dans les classes, les projectiles et les insultes pleuvent ; et l’on parle seulement de « dégradation du climat scolaire ».
Il n’y a pas de dégradation du climat scolaire dans les collèges et lycées des quartiers populaires. Il y a l’entretien constant d’une violence systémique par l’Éducation nationale-républicaine.

Sur la base d’une expérience actuelle dans un lycée de Vénissieux, d’une réflexion informée par les pensées féministes, décoloniales et libertaires (Paul Preciado, Silvia Federici, l’ouvrier-poète libertaire Joseph Déjacque, la rappeuse Casey, le philosophe Norman Ajari), et de quelques photos, nous tenterons de décrire matériellement, éthiquement et politiquement quelques aspects de la vie dans un lycée de banlieue.

Nous parlerons d’urbanisme et d’architecture, d’entretien des locaux et des choses, de soin des personnes, de santé physique et psychologique, de fatigue et de harcèlement, de violence institutionnelle, mais aussi des plaisirs d’apprendre, de se déprendre et de coopérer. »