Le coronavirus contre le capitalisme ?

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Covid-19

Quelques commentaires sur la situation créée par l’urgence sanitaire et les mesures de confinement.

Pour celleux qui partageraient un immense sentiment d’impuissance face aux réformes néolibérales qui continuent la casse du service public.
Pour celleux qui douteraient encore qu’un moustique peut venir à bout d’un géant en le rendant fou, l’attaque virale du COVID-19 même si elle n’a aucune vertu, aucune intention et aucun caractère politique en apporte l’illustration.
C’est qu’il est donc possible de tout arrêter en dehors de la grève générale à partir de la reconnaissance d’une nécessité collective d’intérêt général (bien que sous la contrainte).

Le surgissement de cette incidence virale démontre la fragilité du système économique et la pseudo rationalité des algorithmes qui gèrent ce système. La peur déstabilise le marché.
Les bourses s’effondrent, le prix du pétrole aussi, la production mondiale ralentit et la récession approche. Cette décroissance subie, le blocage de l’économie, le ralentissement des forces productives créent une opportunité de passer à autre chose et donc un changement de perspective, sauf si la peur paralyse. Les théoriciens de la collapsologie devraient être contents même si cet effondrement est de courte durée, il pose la question des conséquences positives et négatives qu’il peut engendrer.

Conséquences positives : rupture de la routine quotidienne (métro-boulot-conso), chômage technique, réduction des gaz à effet de serre et donc de la pollution ambiante mondiale, développement de nouvelles formes de travail à distance avec une économie de temps lié aux transports (avec ses limites).
Dans un autre registre : prolongation de deux mois de la trêve hivernale et suspension des procès pour expulsion. Prise de conscience des limites d’une production délocalisée avec les liens d’interdépendance que cela suppose. C’est l’effet papillon : les Chinois éternuent et tout un secteur de la construction automobile s’arrête en France.
Le blocage de l’économie en dehors de tout mouvement social crée un effet de stase collective.
La cessation d’activité implique un questionnement sur ce qui reste dans la vie quotidienne en dehors du travail, sur l’état des relations internes à la sphère privée ou avec ses voisins, sur les divertissements de la société de consommation pour combler le vide et ne pas voir la réalité en face. Une fois libéré des contraintes laborieuses, des obligations qu’on se crée, et des divertissements abrutissants et futiles, c’est une reconquête de l’usage de son temps et la redécouverte de l’essentiel dans la vie.
L’activité militante elle-même s’en trouve perturbée par l’impossibilité de rassemblement vécu à juste titre comme liberticide mais nous pouvons réfléchir à nos modes d’action ritualisés pour prendre de la distance et stimuler notre imagination pour revenir encore plus créatif.
La crise financière et la paralysie de l’appareil productif entraînant décroissance et récession nous invitent d’ores et déjà à nous mobiliser pour ne pas en payer les pots cassés. En effet, les conséquences de cette situation sur le maintien des emplois ainsi que les pertes pour les petits épargnants ou les professions fragiles doit inciter à la vigilance.
Plus anecdotique, les facéties du discours de Macron qui fait semblant de redécouvrir les vertus de la « solidarité », du « tous ensemble » et de l’humain en général avec une pointe de nationalisme pour déclarer la guerre au COVID-19. Les personnels de santé deviennent les héros de cette guerre alors que les gouvernements successifs ont asséché progressivement leurs ressources depuis plusieurs années. La suspension de la mise en œuvre de la réforme sur le chômage constitue l’aveu de la nuisance qu’elle représente pour les plus précaires.

Pour les conséquences négatives de cette crise sanitaire : bien évidemment la mortalité, bien que nous n’ayons pas encore suffisamment de recul par comparaison avec les 12 500 morts provoquées par la grippe saisonnière de 2018 , dans l’indifférence générale.
Le confinement qui accentue encore les inégalités en fonction des conditions de logement, des situations de violences familiales, et encore plus dramatique pour ceux qui sont à la rue ou dans une forte promiscuité , en prison ou en CRA, ou bloqués aux frontières. La privation de la liberté de circulation peut aussi entraîner des conséquences psychologiques néfastes, pouvant avoir un impact sur la santé et les défenses immunitaires.
La météo quotidiennement diffusée par les médias sur la progression de l’invasion par le virus augmente le degré d’inquiétude et d’anxiété de la population de manière à la rendre malléable et soumise aux solutions décrétées par l’autorité sanitaire.
En Chine puis en Europe (à l’exception de la Suède et du Royaume-Uni) ce contrôle des populations avec assignation à résidence et mise en œuvre de technologie de pointe en matière de flicage constitue un exercice sur le contrôle de masse susceptibles d’être modélisé dans d’autres circonstances que l’urgence sanitaire. De plus, l’argument de la sécurité l’emporte sur le respect de la liberté même si l’on peut comprendre et accepter ces mesures, elles sont malheureusement dans le prolongement d’une dégradation progressive de ses libertés individuelles et collectives. Pour justifier et banaliser ces pertes de liberté l’État agite régulièrement l’épouvantail de la menace terroriste, de l’ennemi intérieur et des débordements liés aux mouvements sociaux. La diffusion de la peur par les médias va plus vite que la diffusion objective du virus et entraîne des réflexes de panique ou de protection illusoire voir une dramatisation de la situation. Le repli sur soi ou la distance sociale sont déjà les alliés du système pour se préserver et va jusqu’à la répression ou le racket si les mesures imposées de confinement n’étaient pas respectée.
Big Brother s’emballe et met en œuvre des applications Android comme en Chine pour repérer le risque éventuel que représente les voisins ou les personnes croisées dans la rue présentant des symptômes de fièvre. C’est là que l’évaluation du risque n’est plus ni objective ni rationnelle mais vise à conforter la distance et la méfiance vis-à-vis des autres. Certains experts défendent la thèse de l’immunité collective à partir du moment où 60 % de la population deviendrait forcément porteur du virus et produirait les anticorps nécessaires à son extinction. C’est la position que défendent certains pays qui sont contre les mesures de confinement total tout en acceptant les protections nécessaires autour des patients dont la maladie est déclarée.
Il est symptomatique que les États ne mettent pas autant de zèle à la prise en compte des risques que constituent l’énergie nucléaire, la destruction de la biodiversité ou le réchauffement climatique.

Alors puisque tout s’arrête pourquoi ne pas décréter l’an 01 d’une nouvelle ère post capitaliste : nationalisation des banques, relocalisation des industries essentielles, blocage des prix, revenu minimum de base pour tous.tes, aide d’urgence pour les plus précaires, annulation des élections municipales, création de conseil de quartier et d’assemblées populaires locales etc....

Mais comment y arriver ? En croyant à nos rêves qui sont toujours mieux que le cauchemar actuel et le repli auquel il contraint.

En attendant que l’alerte soit passée tous à vos fenêtres en faisant du bruit tous les soirs à 20 h pour exprimer notre solidarité avec le personnel soignant, les personnes malades et pour rompre l’isolement.

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