Non à l’extradition d’Aurore Martin, rassemblement le samedi 22 janvier aux 24 colonnes

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Rassemblement le samedi 22 janvier de 11h à 15h au Palais de justice des 24 colonnes 1, rue palais de justice Lyon 5e. Prise de parole de militants basques, Ligue des droits de l’homme, etc...

En matière de lutte anti-terroriste, l’Etat français passe la surmultipliée. Un mandat d’arrêt européen émis par l’Espagne réclame l’ extradition d’Aurore Martin, militante Basque au sein du parti Batasuna. Elle risque jusqu’à 12 ans d’ emprisonnement en Espagne, pour des activités au sein de Batasuna, notamment sa participation à des conférences de presse et son apparition au côté de militants Basques en Espagne. En effet si la France reconnaît l’organisation Batasuna, l’Espagne l’a déclarée illégale.

Le 23 Novembre, la Cour d’Appel de Pau s’est exécutée et a jugé recevable l’extradition d’Aurore Martin, et le 16 Décembre la Cour de Cassation rejetait son pourvoi ! Pour la première fois, cette procédure est validée contre une personne de citoyenneté française, alors que les faits qui lui sont reprochés concernent des activités politiques légales en France.

Alors que normalement l’Europe refuse les extraditions, Michel Mercier, président du Conseil Général du Rhône et Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés vient de l’accepter !

Depuis la mi-mai 2010, la justice (?) Espagnole s’acharne à relancer cette procédure de mandat d’arrêt européen, signe clair de la volonté de museler Aurore ainsi que son parti d’opposition. Mais, de fait, en utilisant une telle procédure la France remet en question la légalité de Batasuna et la liberté de ses militants.

Ce mécanisme judiciaire, s’appuyant sur la solidarité des gouvernements européens pour la défense des droits fondamentaux, est ici totalement dévié de son but initial. Nous voyons bien la nature politique d’un tel mandat qui n’assure plus aucune protection aux militants et institutionnalise les juridictions d’ exceptions permanentes. Ce n’est que par le jugement matériel des actes et de leur légalité au regard des droits fondamentaux, que ce système de confiance mutuelle entre pays de l’Union serait valable et respecterait la démocratie.

C’est pourquoi nous appelons à un rassemblement devant la cour d’Appel de Lyon, car ce jugement nous paraît particulièrement malvenu, en pleine résolution pacifique de la question Basque. C’est à la Justice d’assumer son erreur et de la corriger en annulant cette procédure de mandat d’arrêt européen.

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Voici sa lettre écrite après avoir pris le maquis.

Le coup de massue est tombé !

Me voilà amenée à vous écrire une lettre d’un genre particulier. Je m’adresse à vous tous aujourd’hui pour vous exprimer toute mon indignation, mon inquiétude, ma peur, mais aussi toute ma détermination et ma volonté de me battre.

Il est l’heure de défendre nos droits civils et politiques avec force, ce précédent ne laisse rien présager de bon.

L’inacceptable est-il acceptable ? Bien sur que non ! Cependant l’histoire du Pays Basque nous a souvent démontré que l’inacceptable était possible : les extraditions, les multiples mandats d’arrêt européens délivrés à des dizaines de militants politiques (Segi, Askatasuna, Udalbiltza…), l’existence des législations et tribunaux d’exceptions à Paris et Madrid, la pratique de la torture dans les commissariats et casernes espagnoles, les partis politiques interdits, deux quotidiens fermés et ses journalistes torturés et incarcérés, les arrestations massives, la disparition et la mort de Jon Anza… Tout cela existe, cette répression est normalisée, c’est le lot quotidien du Pays Basque, des Basques. Cela est possible car les principales formations politiques en France et en Espagne, avec la complicité de leurs relais locaux, le permettent, le défendent et pour certains le laissent faire par leur silence coupable. Il est temps de prendre vos responsabilités ! Je n’ai pas été surprise par le verdict de la Cour de Cassation. Nous le savions depuis longtemps, dans les affaires basques, les justices espagnole et française sont là pour appliquer des décisions politiques. Depuis mon incarcération à Seysse, les dés étaient jetés, le reste n’était que de la mise en scène, une belle mascarade. Tout cela pour arriver à leur fin, l’illégalisation de fait de Batasuna par l’Etat français, de toute la gauche abertzale, et plus s’ils le jugent nécessaire. Une illégalisation sournoise menée main dans la main avec l’Espagne.

Une preuve de plus que l’Etat français est un acteur majeur et direct du conflit politique basque. En acceptant ce MAE, Paris ne fait que renforcer ses choix politiques : la répression et la négation du Pays Basque ; une négation qui est à l’origine de ce conflit. Il n’y aura pas de solution juste donc définitive tant que la France ne reconnaîtra pas l’existence politique du Pays Basque nord.

Ce nouveau saut répressif a lieu au moment où la gauche abertzale multiplie ses efforts en faveur d’un processus démocratique de résolution de ce conflit. Mon Mandat d’Arrêt Européen et le maintien dans l’illégalité de la gauche abertzale sont des obstacles à sa mise en place. Tous les acteurs du conflit doivent pouvoir participer à ce processus en toute normalité ; dans ce sens, la gauche abertzale doit être légalisée sur l’ensemble du Pays Basque et toutes les poursuites judiciaires à son encontre stoppées.

Malgré cette répression, ces provocations, Batasuna réaffirme son engagement en faveur de ce processus démocratique. Dans ce sens, nous mettrons tout en œuvre pour qu’il puisse aller jusqu’à son terme. Je n’ai pas l’intention de me soumettre aux autorités espagnoles, ni de faciliter à la France l’exécution de mon Mandat d’Arrêt Européen. Depuis quelques jours, ma vie a quelque peu changé. En effet, mon activité politique est interdite en France, en Espagne et en Pays Basque. Je n’ai pas d’autre choix que de me cacher pour pouvoir continuer mon activité politique au sein de Batasuna. J’ai donc décidé d’arrêter mon contrôle judiciaire et de ne plus me montrer publiquement. Je suis en Pays Basque, parmi vous, grâce à vous, grâce aux nombreux amis et soutiens qui m’ont accueillie et ouvert leurs portes. En Pays Basque, il y a une valeur qu’on ne nous enlèvera jamais, c’est celle de la solidarité. Merci à tous, proches, amis, militants, élus… pour tout le travail accompli. Sans vous tous, cela ne serait pas possible. Continuons ce travail, rassemblons-nous, créons entre tous un rempart contre la répression, créons les conditions de la résolution de ce conflit, créons les conditions de la reconnaissance politique du Pays Basque nord.

Pour terminer cette lettre je vous demande d’avoir une pensée pour les militants incarcérés ou réfugiés, et leurs familles, qui, comme moi, vont passer les fêtes de fin d’année loin de leurs proches. Merci.

Non à l’extradition d’Aurore !

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samedi 22 janvier 2011

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