Le 8 novembre 2012, Christine se rend à la Maison d’arrêt de Corbas pour rendre visite à un proche incarcéré. À l’entrée, elle passe sous le portique détecteur de métaux qui ne détecte rien, mais les matons lui demandent pourtant d’enlever sa veste. Elle refuse, considérant que « les familles n’ont pas à se déshabiller sur ordre, il suffit qu’on ne fasse pas sonner le portique ! » La direction arrive et approuve la démarche de ses matons. Christine continue de contester cette mesure. Trois gendarmes sont alors appelés à la rescousse et l’embarquent pour outrage. Elle ne les suit pas volontiers : rébellion. Elle est alors placée en garde à vue. Là, la porte de sa cellule ferme mal. Elle en sort. Quand les flics reviennent quelques heures après, elle n’est pas partie bien loin, elle fume une cigarette sur le parvis : évasion. Le lendemain elle est escortée par le GIGN en taule pour y purger une vieille peine et y attendre aussi le procès.
Le 13 février 2013, Christine était jugée pour cette affaire au Tribunal Correctionnel de Lyon. Reconnaissant la nullité de la garde-à-vue sur de multiples erreurs de procédure, le tribunal l’a alors condamnée à 4 mois de prison ferme. Dans la foulée, le parquet faisait appel, mécontent de cette peine selon lui trop clémente.
Ce n’est pas la première fois que Christine est poursuivie pour avoir dénoncé les conditions dans lesquelles se déroulent les accès aux parloirs pour les familles : fouilles arbitraires, délais d’attente avant et après les parloirs, salles d’attente exiguës pour de nombreuses familles, parloirs reportés voire annulés après souvent des heures de route pour s’y rendre… Pour les proches de détenus aussi, la prison est synonyme d’humiliations et d’arbitraire. Autant de raisons d’ouvrir sa gueule, et autant de raisons pour l’Administration Pénitentiaire (AP) de jouer la carte du chantage en faisant sauter les permis de visite ou en envoyant les flics lorsque ce chantage ne fonctionne plus.
Depuis, Christine est toujours incarcérée. Elle est aujourd’hui au Centre de Détention de Rennes et y purge plusieurs peines de prison ferme accumulées ces dernières années suite à de multiples insoumissions à l’autorité de différentes institutions (flics, administration pénitentiaire, institution psychiatrique…). Institutions qui, jour après jour, s’attellent à défendre les frontières de la paix sociale en broyant ceux qui s’aventureraient hors de celles-ci.
Depuis un an et demi, c’est donc en tant que détenue que Christine a à faire à l’Administration Pénitentiaire. Et dans ce cadre-là, quand elle, comme d’autres, refusent de courber l’échine, la réponse est toute tracée : menaces, violences, mitard, isolement, peines de prison supplémentaires. En 17 mois de détention, Christine en est à son sixième transfert disciplinaire, sa septième taule, plus de 200 jours au mitard et 70 jours en quartiers d’isolement. À plusieurs reprises, des matons ont porté plainte contre elle après l’avoir cognée et ont obtenu des dommages et intérêts en plus de rallonger sa peine de plusieurs mois fermes. (Voir ici et ici les derniers événements.)
Parce que le rapport dans lequel Christine se débat n’est pas un rapport individuel entre elle et les institutions mais bien un rapport social fait d’exploitation et de domination que nous subissons tous quotidiennement,
Parce que ces même institutions mettent tout en place pour nous maintenir divisés et isolés,
Parce que, dans un tribunal ou dans une taule, un peu de solidarité peut redonner du courage ou appuyer un rapport de force trop souvent en notre défaveur,
Soyons nombreux à soutenir Christine face à la Justice et l’isolement carcéral.
RDV lundi 14 avril à 12h30 devant la Cour d’Appel de Lyon
(Quai Romain Rolland, face à la Passerelle du Palais de Justice, Lyon 5e)
D’ici là et après, pour lui écrire, voici son adresse à Rennes :
Christine RIBAILLY, écrou 7993, CP-CD de Rennes, 18 bis rue de Châtillon, 35000 RENNES
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