L’adjointe aux affaires sociales de Collomb confirme qu’ils n’ont pas jugé nécessaire l’ouverture d’un 2e gymnase

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Le communiqué des professionnels de l’urgence sociale (PUS) publié hier sur Rebellyon n’a pas plu aux élu·es. A grand renfort de posts de blogs hallucinés [1] et de communiqués sur Facebook, l’annonce du refus de l’ouverture d’un second gymnase dans le cadre du plan Grand froid les a remués.

A demi-mot, l’adjointe « aux affaires sociales et à la solidarité » confirme pourtant l’info : l’ouverture ne leur a pas semblé nécessaire malgré la vague de froid glacial annoncée.

Il est apparu que, au fil de la journée, que j’ai suivie de très près en tant qu’adjointe aux Affaires sociales de la Ville de Lyon, les dispositions de mise à l’abri étaient remplies et ne nécessitaient pas une 2e ouverture.

Entre refuser l’ouverture d’un gymnase, et estimer que celle-ci n’est pas nécessaire, tout est affaire de sémantique. Son communiqué se corse ensuite :

Toutes les personnes désireuses, et c’est là dessus, qu’il nous faut aussi insister, d’être hébergées, le seront sans aucun problème !

« Désireuses » ? Ça vous va pas les gueux un beau gymnase ? C’est quoi le souci ? Si vous préférez vous caillez les miches dehors, c’est votre souci ! Le Progrès publiait mardi la photo du gymnase Louis-Chanfray, le premier ouvert en urgence après la 14e mort d’un SDF dans les rues de Lyon en 2016, place Bellecour, pour accueillir les heureux·ses bénéficiaires de la générosité de la Ville et de la préfecture :

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Bah même ça, c’est encore trop. Après cette ouverture, (l’occasion pour l’adjointe aux affaires sociales et le préfet d’une petite opération de com’ pour la presse lyonnaise), Audrey Sibellas, coordinatrice régionale de la Fnars, la fédération nationale qui regroupe les associations de l’hébergement d’urgence, confiait pourtant à Rue89Lyon ne pas être « certaine que ces nouvelles places suffisent à accueillir toute la demande ».

La Fnars alertait dès fin décembre dans un communiqué : « des mesures doivent être prises immédiatement »

L’ouverture des places supplémentaires notamment dans le Rhône et en Isère, n’est pas effective : au 22 décembre, seulement 300 places ont été ouvertes sur les 900 prévues dans le cadre du plan froid dans le Rhône, alors que 1800 personnes ont appelé le 115 ces deux dernières semaines pour obtenir une solution d’hébergement. De plus en plus de familles et notamment d’enfants sont à la rue : plus de 115 enfants n’ont pas de toit à Lyon et plus de 375 enfants sont à la rue en Isère.

Le besoin criant de places d’hébergement et l’irresponsabilité qui caractérise dans ces circonstances la non-ouverture du second gymnase sont aussi confirmés par l’association Jamais Sans Toit et la maire du premier arrondissement. Jamais Sans Toit a comptabilisé ce soir pas moins de 106 enfants lyonnais privés de toit. Cela représente environ 40 familles et il ne s’agit là que des enfants scolarisés. Nathalie Perrin-Gilbert a ainsi signalé sur son compte Facebook que la Préfecture considérait qu’il restait hier des places en hébergement, ce qui justifierait la non-ouverture du gymnase, tout en constatant elle aussi que de nombreuses personnes étaient dehors la nuit en question.

Beaucoup d’interrogations sur la non ouverture d’un gymnase supplémentaire par -5 degrés à Lyon. D’après la préfecture du Rhône, le gymnase n’a pas été ouvert parce qu’il restait 30 places d’hébergement disponibles. (Info que m’a donnée la préfecture hier soir).
Pourtant, la nuit a été difficile : maraudes chargées pour les équipes du samu social, avec des familles qui dormaient dans des voitures, dont des enfants et un homme en fauteuil roulant.
Avec André Gachet, nous avons transmis une liste sûrement non exhaustive des situations repérées cette nuit.
Avec un questionnement qui nous hante : pourquoi d’un côté des places d’hébergement, et de l’autre des personnes à la rue par un froid glacial ? A Lyon. En 2017.

Ajoutons que depuis début décembre, le 115 ne publie plus les chiffres d’acceptation et de refus (publiés en temps normal tous les 15 jours). On se demande donc sur quelles données se basent le préfet et les élus pour affirmer que la situation ne nécessite pas l’ouverture d’un second gymnase.

Personne n’a entendu l’indignation des adjoint·es de Collomb au sujet des enfants sans hébergement. Ni tout au long de l’année quand la préfecture met la pression sur les écoles pour empêcher l’accueil des familles à la rue la nuit. Ni quand elle expulse régulièrement les occupants de bâtiments vides, à grand renfort de flics, CRS et parfois GIPN. Ou encore que des tractopelles sont envoyés pour détruire des camps sans offre sérieuse de relogement. Un toit, on en a tous et toutes besoin en hiver, mais aussi toute l’année. Et un toit, c’est un vrai logement, pas un lit de camp dans un gymnase.

P.-S.

Comme chaque année, on s’écharpe autour de la question de l’ouverture des places d’urgences à l’orée de l’hiver et des grands froids, alors que c’est toute l’année que la rue tue. Avec 9% du parc immobilier (chiffre de 2013) représentant 25798 logement laissés vacants, des solutions simples et pérennes existent pour loger ces personnes tout au long de l’année.

Notes

[1Rebellyon diffuseur de « fake new » (sic), de la part d’un communiquant supporteur de Collomb et de Macron, ça fait sourire.

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  • Le 18 janvier 2017 à 15:58, par

    Hi hi. Ba alors monsieur blachier, on ment comme on respire ? vous avez pas apporter votre soutiens à Macron ... alors que fait votre nom sur cette liste : http://www.leprogres.fr/rhone/2017/01/17/des-elus-pro-macron-de-lyon-annoncent-leur-boycott-de-la-primaire-organisee-par-le-ps ?

  • Le 12 janvier 2017 à 11:40, par sim

    CORRECTION : un mot a été omis et ca change tout le sens :

    « crever plutôt que de »laisser la préfecture (qui n’a pas non plus CHERCHE à passer en force malgré l’urgence)" ouvrir ce gymnase. Mais quoi d’étonnant vu les multiples attaques anti-sociales des équipes municipales en place...
    Vivement un riposte populaire !

  • Le 11 janvier 2017 à 14:50, par

    Je confirme que contrairement à la ligne de défense de la mairie, si c’est bien une décision préfectorale, la mairie de lyon, dans la mise en oeuvre, peut faire obstruction a l’ouverture d’un hébergement d’urgence et c’est ce qu’assume à demi-mot l’adjointe à la mairie.

    Je précise que dès lundi 9 janvier, une 30 aine de personnes dont plusieurs femmes et enfants dormaient dehors à proximité de part dieu. Le 115 qui a été joint a alors indiqué qu’il n’y avait plus de place disponible tant pour les personnes isolées que pour les familles et ont alors indiquées qu’une maraude pouvait apporter des couvertures supplémentaires à ces personnes, « s’il en reste ». Ces personnes ont finalement passées la nuit au chaud grâce à la mobilisation de nombreuses personnes... Ceci n’est qu’une illustration parmi d’autres sans doute des conséquences de cette décision.

    VOILA, tout cela pour témoigner. Et l’on peut désormais affirmer, que si comme le sous-entend la mairie, elle s’est opposée à l’ouverture d’un autre gymnase considérant que le dispositif était suffisant, alors elle a laissé à la rue au moins, ces 30aines d’hommes, femmes et enfants mineurs alors que les températures étaient négatives, et a préféré les voir risquer leurs vies quitte à en crever plutôt que de « laisser la préfecture (qui n’a pas non plus à passer en force malgré l’urgence) » ouvrir ce gymnase. Mais quoi d’étonnant vu les multiples attaques anti-sociales des équipes municipales en place...
    Vivement un riposte populaire !

  • Le 8 janvier 2017 à 11:20, par

    outre le fait que je n’ai pas apporté mon soutien à Macron (renseignez vous) je ne vois pas en quoi mon post est halluciné. Ensuite vous ne répondez pas sur le fond : vous vous êtes planté sur le refus du Maire d’ouvrir un gymnase. Surtout qu’il n’en a pas le pouvoir puisque c’est le préfet qui décide. ... insulter, prétendre qu’on se fiche des gens à la rue, ça ne changera rien au fait que vous vous êtes trompé. Et que, alors que vous prétendez qu’on ne me vois jamais sur les questions de familles à la rue, et que les affaires sociales ne sont pas de mon ressort, je me suis mobilisé à plusieurs reprises là dessus. Mais bref...bonne journée à vous.

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