A demi-mot, l’adjointe « aux affaires sociales et à la solidarité » confirme pourtant l’info : l’ouverture ne leur a pas semblé nécessaire malgré la vague de froid glacial annoncée.
Il est apparu que, au fil de la journée, que j’ai suivie de très près en tant qu’adjointe aux Affaires sociales de la Ville de Lyon, les dispositions de mise à l’abri étaient remplies et ne nécessitaient pas une 2e ouverture.
Entre refuser l’ouverture d’un gymnase, et estimer que celle-ci n’est pas nécessaire, tout est affaire de sémantique. Son communiqué se corse ensuite :
Toutes les personnes désireuses, et c’est là dessus, qu’il nous faut aussi insister, d’être hébergées, le seront sans aucun problème !
« Désireuses » ? Ça vous va pas les gueux un beau gymnase ? C’est quoi le souci ? Si vous préférez vous caillez les miches dehors, c’est votre souci ! Le Progrès publiait mardi la photo du gymnase Louis-Chanfray, le premier ouvert en urgence après la 14e mort d’un SDF dans les rues de Lyon en 2016, place Bellecour, pour accueillir les heureux·ses bénéficiaires de la générosité de la Ville et de la préfecture :
Bah même ça, c’est encore trop. Après cette ouverture, (l’occasion pour l’adjointe aux affaires sociales et le préfet d’une petite opération de com’ pour la presse lyonnaise), Audrey Sibellas, coordinatrice régionale de la Fnars, la fédération nationale qui regroupe les associations de l’hébergement d’urgence, confiait pourtant à Rue89Lyon ne pas être « certaine que ces nouvelles places suffisent à accueillir toute la demande ».
La Fnars alertait dès fin décembre dans un communiqué : « des mesures doivent être prises immédiatement »
L’ouverture des places supplémentaires notamment dans le Rhône et en Isère, n’est pas effective : au 22 décembre, seulement 300 places ont été ouvertes sur les 900 prévues dans le cadre du plan froid dans le Rhône, alors que 1800 personnes ont appelé le 115 ces deux dernières semaines pour obtenir une solution d’hébergement. De plus en plus de familles et notamment d’enfants sont à la rue : plus de 115 enfants n’ont pas de toit à Lyon et plus de 375 enfants sont à la rue en Isère.
Le besoin criant de places d’hébergement et l’irresponsabilité qui caractérise dans ces circonstances la non-ouverture du second gymnase sont aussi confirmés par l’association Jamais Sans Toit et la maire du premier arrondissement. Jamais Sans Toit a comptabilisé ce soir pas moins de 106 enfants lyonnais privés de toit. Cela représente environ 40 familles et il ne s’agit là que des enfants scolarisés. Nathalie Perrin-Gilbert a ainsi signalé sur son compte Facebook que la Préfecture considérait qu’il restait hier des places en hébergement, ce qui justifierait la non-ouverture du gymnase, tout en constatant elle aussi que de nombreuses personnes étaient dehors la nuit en question.
Beaucoup d’interrogations sur la non ouverture d’un gymnase supplémentaire par -5 degrés à Lyon. D’après la préfecture du Rhône, le gymnase n’a pas été ouvert parce qu’il restait 30 places d’hébergement disponibles. (Info que m’a donnée la préfecture hier soir).
Pourtant, la nuit a été difficile : maraudes chargées pour les équipes du samu social, avec des familles qui dormaient dans des voitures, dont des enfants et un homme en fauteuil roulant.
Avec André Gachet, nous avons transmis une liste sûrement non exhaustive des situations repérées cette nuit.
Avec un questionnement qui nous hante : pourquoi d’un côté des places d’hébergement, et de l’autre des personnes à la rue par un froid glacial ? A Lyon. En 2017.
Ajoutons que depuis début décembre, le 115 ne publie plus les chiffres d’acceptation et de refus (publiés en temps normal tous les 15 jours). On se demande donc sur quelles données se basent le préfet et les élus pour affirmer que la situation ne nécessite pas l’ouverture d’un second gymnase.
Personne n’a entendu l’indignation des adjoint·es de Collomb au sujet des enfants sans hébergement. Ni tout au long de l’année quand la préfecture met la pression sur les écoles pour empêcher l’accueil des familles à la rue la nuit. Ni quand elle expulse régulièrement les occupants de bâtiments vides, à grand renfort de flics, CRS et parfois GIPN. Ou encore que des tractopelles sont envoyés pour détruire des camps sans offre sérieuse de relogement. Un toit, on en a tous et toutes besoin en hiver, mais aussi toute l’année. Et un toit, c’est un vrai logement, pas un lit de camp dans un gymnase.
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