Le comité s’est créé en septembre 2021 pour soutenir 7 camarades antifascistes mis en cause à la suite d’une altercation avec des militants de Civitas (groupe catho intégriste, royaliste et antisémite). Certains ont été incarcérés pendant six semaines dans le cadre d’une affaire entièrement à charge et montée de toutes pièces par le parquet de Lyon. Elle s’est soldée par la relaxe quasi générale pour les inculpés, dans une ambiance survoltée au tribunal au moment du verdict, toute la salle reprenant des slogans antifascistes sous les yeux outrés des juges et des flics.
L’année suivante en mars 2022, le ministère de l’intérieur annonçait la dissolution de la Gale (Groupe Antifasciste Lyon et Environs). Au terme d’une longue bataille, en novembre 2023, le Conseil d’Etat validait finalement la décision liberticide du gouvernement.
A l’issue de ces deux affaires, nous avons voulu élargir et poursuivre nos activités en pérennisant un comité de soutien face à la répression avec pour objectif d’informer et de faire parler de certaines affaires.
Il nous semble déterminant de produire un contre-discours face au récit judiciaire. S’intéresser donc aux mécanismes qui président au montage d’une instruction, en particulier aux moyens d’enquête policiers dont le spectre s’élargit avec le temps et face auxquels on doit sans cesse réactualiser nos connaissances. Mais aussi aborder le fond politique en jeu dans chacune de ces affaires : la tentative d’extradition d’un camarade italien est l’occasion de reparler de ce qu’ont été les contre-sommets internationaux, l’incarcération de camarades antifascistes de montrer la complicité des institutions policières et judiciaires dans la montée du fascisme en France, le retour de l’antiterrorisme pour réprimer nos luttes l’occasion d’expliquer comment l’Etat réactualise la figure de l’ennemi intérieur.
Pour que nos arguments en faveur des camarades mis.es en cause puissent être entendus, il s’agit bien sûr de les médiatiser. Nous avons ainsi fait le choix d’une présence sur les réseaux sociaux, et organisons surtout des soirées d’informations à propos des affaires sur lesquelles on s’est penché. À l’occasion, nous avons rassemblé des signataires pour des tribunes (publiées sur le blog de médiapart) pour la libération de nos camarades antifascistes lyonnais et contre la dissolution de la Gale. Nous organisons parfois des rassemblements devant les tribunaux, et reversons le bénéfice (quand il y en a) aux cibles de la répression et leurs proches. Nous invitons des comités de soutien d’ici et d’ailleurs à prendre la parole et cherchons à renforcer la solidarité et l’intelligence collective face à la répression.
L’entraide est en effet peut-être notre meilleure arme face à la machine répressive et nous pensons qu’elle commence par se déplacer pour un procès, échanger un regard avec un.e camarade mis.e en cause, lui faire comprendre qu’on sera là quelles que soient les suites.
Depuis l’affaire des 7 camarades antifascistes et la dissolution de la Gale, au gré des rencontres, de nos lectures et des discussions, on s’est intéressé à d’autres affaires.
- Celle de Vincenzo Vecchi d’abord, qui passait début 2023 pour la 3e fois devant une Cour d’appel en France, mais cette fois-ci à Lyon, l’Italie demandant son extradition pour sa participation au contre-sommet du G8 à Gênes en 2001. Affaire pour laquelle il avait été condamné à 12 ans de prison pour saccage et dévastation. Le 24 mars 2023 la Cour d’appel de Lyon refusait d’appliquer le mandat d’arrêt européen et mettait un terme définitif au calvaire judiciaire du camarade italien.
- L’affaire dite du « 8/12 » ensuite. Terrible affaire à charge menée tambour battant par le PNAT (parquet national anti-terroriste). Le 8 décembre 2020, 9 personnes qui ne se connaissaient pas toutes, ont été arretées aux quatre coins de la France par la DGSI dans le cadre d’une enquête complètement délirante pour « association de malfaiteurs terroristes ». La longue descente aux enfers commença alors, avec des incarcérations à la clé. Et surtout un procès en décembre 2023, qui aboutit à des peines extrêmement lourdes : de deux ans de prison avec sursis à cinq ans de prison dont trente mois avec sursis probatoire et une inscription au FIJAIT (fichier des auteurs d’infractions terroristes). Un appel est à venir.
- Puis l’affaire dite Lafarge, ou plutôt la double affaire, scandaleuse elle aussi. Des militant.es écolo à qui il est reproché d’avoir manifesté en décembre 2022 sur un site de l’entreprise Lafarge et qui ont subi une incroyable débauche de moyens – dont des moyens anti-terroristes – débouchant sur l’interpellation de 35 d’entre eux/elles à des moments différents. 4 sont désormais mis.es en examen avec des chefs d’inculpations extrêmement lourds visant à enrayer tout élan écologiste sérieux. Récemment, en avril 2024, 17 personnes étaient à nouveau interpellées avec le même type de moyens pour leur potentielle présence à une action symbolique sur un autre site Lafarge en Normandie en décembre 2023. Une soirée de soutien et d’information a permis de pointer le rôle de Lafarge dans la bétonisation du monde et rappeler sa complicité avec Daech en Syrie.
Avec le temps, notre nom initial, « Comité de soutien aux inculpés du 23/09 », n’était plus vraiment de mise. Après quelques essais on n’a pas résisté à l’envie d’un clin d’œil à l’émission de Fabrice Drouelle en devenant le « Comité Affaires Sensibles ».
Aujourd’hui, on a besoin de sous pour faire des soirées de soutien où les personnes concernées par les affaires peuvent venir parler. On aimerait aussi pouvoir organiser des rencontres avec des personnes en mesure de nous raconter les dernières évolutions de l’antiterrorisme, l’histoire des dissolutions administratives, ou inviter des gens capables de nous dire où on est dans la guerre informatique et quels sont les meilleurs moyens de protéger nos luttes de ce point de vue.
On ne fait pas de grandes analyses politiques de l’époque. Disons simplement l’évidence, le capitalisme autoritaire progresse, imposé à marche forcée par la bande de Macron. Et où que l’on pose ses yeux, on voit le fascisme qui grandit, les libertés qui se restreignent, la police qui accroît son pouvoir, et l’offensive en règle contre toutes celles et ceux qui ne rentrent pas parfaitement dans le moule.
Mais l’époque n’est pas faite que de résignation : les gilets jaunes, le mouvement des retraites et les révoltes pour Nahel sont autant d’assauts face à la mégamachine qui, quand elle tremble, devient nettement plus violente et répressive.
Raison de plus pour continuer à faire front, réaffirmer nos positions et multiplier les gestes de solidarité.
En attendant, vous pouvez nous suivre sur sur les réseaux sociaux, nous donner 3 milliards d’euros, ou bien venir à notre soirée de soutien le 18 juin à partir de 18 heures à l’Amicale !
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