Pire que l’IGPN : les « bœufs-carottes » des banlieues

1905 visites

Quelques constats et propositions pour en finir avec l’impunité policière, volet 3/3. A l’ombre de la tristement célèbre inspection nationale, 90 % des plaintes contre la police sont traitées par des « services déontologie » invisibles et encore plus partiaux et inefficaces. La conclusion s’impose : ils doivent disparaître.

L’IGPN réitère dans son dernier rapport un constat dont il est temps de tirer les leçons : «  La très grande majorité des enquêtes est réalisée par d’autres services de police. L’IGPN n’est saisie que des affaires les plus graves ou les plus retentissantes, soit environ 10 % du total ». Mais alors, où passent les 90 % restantes ? Flagrant déni l’a déjà révélé : elles sont prises en charge par des « services déontologie » au sein de chaque direction départementale de sécurité publique (DDSP). Selon les départements, leur nom et leur taille varie. Les plus petits services sont assurés par une personne qui a aussi d’autres fonctions, comme parfois celle de… chargé de com’ de la police locale (cas de Clermont-Ferrand par exemple).

Violences non médiatisées = enquêtes au rabais

Une circulaire de 2016 précise les critères selon lesquels la justice doit saisir l’IGPN ou les « service déontologie ». Et là, le bât blesse : aux côtés de la « complexité » et de la « gravité » des affaires, leur degré de « sensibilité » doit aussi être pris en compte. L’IGPN ne le cache pas : il s’agit surtout de leur « degré d’exposition médiatique ». En clair, la circulaire prévoit des enquêtes au rabais pour les faits commis hors du champ des caméras. Arthur Naciri, célèbre tabassé de la place Bellecour à Lyon, a eu droit à une enquête de l’IGPN. Quelques mois plus tard, un gamin de 14 ans a subi le même type de blessures. Le procureur confie l’enquête au « service déontologie » : les faits n’ont pas été médiatisés et ont eu lieu… en banlieue lyonnaise. C’est beau l’impartialité de la justice, non ?

Bureau des enquêtes ineffectives

Car l’IGPN, critiquée (à raison) de toutes parts, passe pour un service exemplaire aux côtés de ces bœufs-carottes de l’ombre. Flagrant déni a comparé les deux instances. Le « service déontologie » de Lyon procède en moyenne à 7 fois moins d’auditions. Pire : il n’auditionne presque jamais de policier ! Que dirait-on d’un service de stups qui n’interroge jamais de trafiquants ? C’est qu’en pratique, le « service déontologie » se contente souvent de sous-traiter l’enquête à des collègues des policiers incriminés (voir notre analyse). Pas étonnant dès lors que le taux de classement sans suite observé soit de 100 %. La conclusion s’impose d’elle même : ces services partiaux et inefficaces doivent disparaître.

Illustration de Flagrant déni
Les deux volets précédents sont disponibles ici et la

Groupes associés à l'article

Flagrant Déni

  • https://www.flagrant-deni.fr
  • contact@flagrant-deni.fr
  • Autres infos : Twitter: @FlagrantDeni insta : https://www.instagram.com/flagrantdeni/

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info

Derniers articles du groupe « Flagrant Déni » :

>Permis de tuer : le mois de mai qui fera condamner la France

100 morts sous les balles de la police n’auront entraîné qu’un rapport parlementaire de mauvaise foi et une jurisprudence floue. La famille de Luis Bico, tué par la police en août 2017, vient de saisir la Cour européenne. Flagrant déni s’adresse à l’ONU pour dénoncer une inertie française...

>Vous aimez l’IGPN ? Vous allez adorer les « cellules déontologie »

L’IGPN ne cesse d’affirmer qu’elle ne traite que 10 % des enquêtes ouvertes après des violences policières. Mais où passent les autres ? Souvent, elles échouent entre les mains des « cellules déontologie » : concentrés sur les affaires les moins visibles, ces services se révèlent partiaux et...

>Révisez le « 17 » pendant les vacances !

Notre guide pour les victimes policières a été publié en décembre 2023. Un outil précieux (et inédit) pour s’orienter dans le labyrinthe judiciaire face à la police, et pour mieux comprendre les mécanismes souvent opaques de l’impunité.

› Tous les articles "Flagrant Déni"

Derniers articles de la thématique « Répression policière » :

>Contre Carrefour et pour les autoréductions, Procès le 7 octobre à Paris

En janvier 2021, après presque un an de confinement, une cinquantaine de militant·es et précaires ont procédé à une action de réquisition alimentaire (autoréduction) dans un Carrefour market à Paris. Pour y avoir participé, deux personnes ont été condamnées à verser au groupe Carrefour plus de 38...

› Tous les articles "Répression policière"

Derniers articles de la thématique « Justice / Enfermements » :

>Permis de tuer : le mois de mai qui fera condamner la France

100 morts sous les balles de la police n’auront entraîné qu’un rapport parlementaire de mauvaise foi et une jurisprudence floue. La famille de Luis Bico, tué par la police en août 2017, vient de saisir la Cour européenne. Flagrant déni s’adresse à l’ONU pour dénoncer une inertie française...

>Rassemblement en soutien à un prisonnier politique Kanak

Dimitri QENEGEI, militant indépendantiste kanak (membre de l’union calédonienne) emprisonné à la prison de Villefranche depuis fin juin, passe en procés audition ce lundi 16 septembre à 9h au tribunal judiciaire de Lyon. Il est accusé d’association de malfaiteur par l’état colonial. Appel à...

› Tous les articles "Justice / Enfermements"