Après l’annonce par le Président de la république d’un nouveau confinement pour ralentir la circulation du coronavirus, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a entamé un marathon médiatique pour expliquer que cette rentrée des classes du 2 novembre 2020 serait placée sous la protection d’un protocole sanitaire « renforcé ».
L’avis rendu par le Conseil scientifique le 28 octobre affirme que « Les adolescents de 12 à 18 ans semblent avoir la même susceptibilité au virus et la même contagiosité vers leur entourage que les adultes […] avec une transmission vers le personnel enseignant ». Pour ralentir la circulation épidémique, le Conseil scientifique préconise donc de « reconsidérer l’ouverture des établissements scolaires ». Conscient-e-s de la haute importance sociale de la scolarisation de tous les enfants, l’ensemble des organisations syndicales du monde de l’enseignement a alerté le gouvernement sur la légèreté des dispositions sanitaires en place et appelé, en particulier, à une reconsidération des effectifs accueillis simultanément dans les classes. L’option d’un dédoublement des classes, couplée à un allègement de programme, semble ainsi raisonnable pour nombre d’acteurs et d’actrices de la communauté éducative.
Sans tenir compte de l’avis du Conseil scientifique ni des propositions du personnel de l’éducation nationale, le ministre de l’Éducation nationale a publié une nouvelle version du protocole sanitaire expurgée de toute contrainte. La distanciation physique est recommandée « lorsqu’elle est matériellement possible » ; l’aération des salles est « la plus fréquente possible » ; la limitation du brassage entre les classes est recommandée, sauf « lorsqu[‘ elle] n’est pas possible » ; quant à la restauration scolaire, elle sera aménagée « dans la mesure du possible ». À l’impossible, ce ministère semble ne pas être tenu…
Mais dès lors, qu’annoncer de plateaux télé en salles de rédaction ? Depuis une semaine, Jean-Michel Blanquer ressasse des éléments de qui sont déjà, depuis de nombreuses semaines, le quotidien des salles de classe : port du masque et lavage régulier des mains, aération des salles, sens de circulation dans les couloirs, limitation des changements de salles, désinfection des équipements… Autant de dispositifs déjà en place depuis le protocole précédent, et bien souvent avec les moyens du bord. Pire, les nouveaux protocoles doivent être en place le 9 novembre, et sans aucune directive claire, cela engendre que chaque établissement doit se débrouiller seul. Rappelons qu’en septembre, le « plan de continuité pédagogique » envisagé stipulait qu’en cas de circulation active du virus, les capacités d’accueil des établissements scolaires seraient réduites.
Enfin, en attendant des jours meilleurs, le gouvernement n’a pas été à la hauteur du défi que représente la préparation d’éventuelles fermetures d’établissements. Le matériel informatique, les formations professionnelles, les primes à l’équipement numérique, restent pour l’heure des paroles.
Comme seule protection des élèves et des personnels de l’Éducation nationale, ce gouvernement qui ose pourtant prétendre avoir « choyé » les enseignant-e-s comme rarement auparavant n’est donc pas en mesure de tout mettre en œuvre pour l’éducation des jeunes et la santé de leurs familles et des personnels de l’éducation.
Le personnel de l’Éducation demande des réponses claires, précises et rapides afin de garantir son intégrité, celle des élèves et de leurs familles, et pour maintenir les établissements scolaires ouverts pour continuer à accueillir dans des conditions sanitaires acceptables les jeunes gens.
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