Retour sur l’expulsion de l’ECG et son annexe

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Lyon 7e

Nous communiquons le déroulement de l’expulsion de l’ECG du point de vue d’une partie des personnes l’ayant vécu à partir de 6h du mat’. Cela dans le but de s’informer sur comment a lieu une expulsion en ce moment et ce que nous pouvons faire autrement pour une prochaine fois.

Déroulé de l’expulsion

Les prémisses de l’expulsion

A partir de 6h03 : nous sommes d’abord trois à être arrivé.e.s progressivement. La première personne arrivée a vu quatre flics à côté d’une camionnette blanche au croisement de la rue Béchevelin et de la rue Jangot.
Nous avons passé quelques minutes dans l’attente, à pas trop savoir quoi faire et tergiverser sur la conduite à tenir (prévenir tout le monde alors qu’on ne voit « que » quatre flics, qu’il est 6h du mat’ et que tout le monde dort, peur de « crier au loup » pour rien et que ça ait un effet négatif au moment où il y aurait réellement l’expulsion…)

A 6h10, un premier habitant, est sorti de l’annexe. On lui a parlé, on lui a dit « il y a des keufs », il a dit « ah bah ça y est, c’est mort, c’est maintenant ». Cette phrase nous a sorti de notre indécision. On lui a demandé de prévenir les habitants de l’annexe côté activités.
Un autre gars est sorti de l’annexe (côté habitation), on lui a dit pour les flics et donc de prévenir les gens, il est monté puis redescendu en nous disant « j’ai prévenu, les autres savent que les flics peuvent arriver ».
Pendant ce temps, les quatre flics se sont déplacés et sont allés vers une camionnette qui était devant le garage Porsche. Ils sont montés dedans et ont laissé leurs portières ouvertes.
On estime que :
• côté porte latérale, habitations : 2/3 personnes sont sorties
• Côté activités : peut-être 4 personnes

A 6h15, la quatrième personne de la permanence est arrivée, à ce moment-là, encore quelques personnes sortaient de la partie activité. Cette quatrième personne a vu au moins trois personnes sortir.

A son arrivée, nous avons eu une discussion entre nous quatre sur l’orga : qui va à l’intérieur, qui reste dehors, comment on gère le portable, les contacts presse etc, on a sorti la cloche et une table (en se disant que si la présence des quatre flics étaient un repérage, mettre des tables et des chaises pouvait donner une impression de présence).

Entre 6h20 et 6h25, on s’est réparti.e.s : deux à l’intérieur, deux à l’extérieur.
Vers 6h25, les deux de l’extérieur communiquent à celleux de l’intérieur que les deux camionnettes partent.

A l’extérieur

6h28 : Les deux personnes restées à l’extérieur décident de diffuser sur un canal signal un message de vigilance. Là, une camionnette blanche arrive, iels voient à l’intérieur un seul homme portant un tshirt où est écrit « sécurité ». L’homme leur demande « il est où le numéro 45 ». Iels lui répondent qu’iels ne savent pas.
Iels restent dans l’hésitation car le vigile est tout seul et ce n’est pas un policier. De plus, les deux personnes dehors n’ont pas reconnu l’adresse de l’ECG, rue Béchevelin, ce qui aurait levé le doute (seule celle rue Salomon Reinach était utilisée récemment).

Une des deux entame un tour du bloc. Quelques minutes après, elle voit une camionnette blanche se garer devant le garage Porsche, va voir, voit que c’est de nouveau le mec de la sécurité, et lui demande « alors vous avez trouvé le numéro 45 ». Le mec ferme progressivement sa fenêtre, comprenant qu’il a fait une erreur. La personne se met à courir en criant « sonne la cloche ». Au-même moment, un habitant sort de l’annexe avec un café, celui qui était resté devant l’annexe voit deux voitures arriver par la rue Salomon Reinach à contresens. Il sonne la cloche, voit la cheffe qui le pousse, un autre flic qui lui dit « lâche la cloche », il se décale.
En quelques secondes, le temps de cette action, plusieurs camions de CRS et voitures de police banalisées étaient arrivées de différentes directions.
Sur le coup, gros sentiment d’impuissance, de peur et d’écrasement face au nombre de flics.

Une des personnes appelle les contacts médias mais personne ne répond. Elle envoie les messages appelant au rassemblement, mais très peu de monde vient à ce moment.

A l’intérieur,

A partir de 6h25, les deux personnes à l’intérieur ont l’information que les flics sont partis. Iels ont la sensation que c’était un repérage ou que du moins iels ont le temps parce qu’il n’y a plus de flics dans les parages, la pression redescend un peu.
Un premier habitant sort, iels referment derrière lui. Il leur demande du sucre pour son café, iels vont vers la cuisine pour chercher du sucre et croisent un autre habitant qui sort. Une fois au fond de l’annexe, iels entendent la cloche sonner. Une d’elles voit deux personnes qui dorment sur le canapé et réalise que l’expulsion est maintenant et que ces deux personnes ne sont pas au courant.
Le temps qu’iels reviennent jusqu’à la porte en courant, iels n’ont pas le temps de tourner le verrou. La porte s’ouvre et iels ont la sensation d’une quantité incroyable de flics d’un coup.

Que ce soit de l’extérieur ou de l’intérieur, tout le monde a eu cette sensation incroyable d’une énorme quantité de flics qui sont arrivés d’un coup alors qu’une minute avant il n’y avait personne.

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L’expulsion, l’intervention

Iels estiment à 30min le temps durant lequel iels sont resté.e.s à l’intérieur avec les flics :
Les premiers à être entrés sont des flics avec gilet pare-balles.
Une bonne dizaine, qui sont entrés avec pied de biches, bélier, des baqueux en mode opération, hyper bien organisés.
Ils les ont rassemblés dans le hall, deux flics sont allés au fond, ont d’abord amené un des deux gars qui dormaient sur le canap’, puis dans un second temps le deuxième.
Les keufs ont dit qu’ils allaient faire rentrer les CRS, une trentaine de CRS sont entrés en se déplaçant en groupe.
A ce moment-là, dans le hall, le premier habitant dit « on dirait qu’ils font l’école », ça donnait effectivement l’impression qu’ils étaient en entrainement car ils semblaient être en grosse intervention alors que le tour du lieu avait déjà été complètement fait et qu’il n’y avait plus personne ailleurs que dans ce hall. Une fois qu’ils ont refait complètement le tour, il y a eu un échange entre les unités, ils se sont demandés « qu’est-ce qu’on fait ? ».
Une cheffe a débarqué, a donné des ordres « vous prenez au fond, vous tournez à gauche, vous prenez l’escalier et là, il y a des habitations ». Là les CRS sont allés voir et ont dit « y a plus de passage » donc ils avaient eu accès à des plans (le passage entre la grande salle et les toilettes date du début de l’occupation) mais n’étaient pas au courant des dernières évolutions.

Après, une dernière brigade entre à l’intérieur. Cette fois-ci, ce sont des flics de la préfecture, ils ont dit : « prenez vos affaires, vous allez sortir un par un ». Un des flics était visiblement préposé à être le « gentil », il se voulait rassurant, poli, a dit « que ça allait bien se passer. »
A la fin, un flic est entré et a tout filmé. On est sorti.e.s un.e par un.e quand on était « appelé.e ».

Durant l’intervention, ils sont entrés dans la partie habitation de l’annexe soit simultanément, soit peu de temps après la partie activités.
On ne sait pas pour la partie ECG si l’intrusion dans le lieu a été également simultanée ou différée.
Pour le contrôle d’identité, ils ont d’abord fait sortir les gens qui étaient dans l’annexe partie activités puis celleux partie habitation. En dernier, ceux de l’ECG.

Pour le contrôle, les personnes étaient amenées devant l’annexe, sur une table (table que nous avions sortie nous…) : fouille corporelle, des affaires, vérification de l’identité. Au cours de la matinée, les cinq personnes qui n’étaient pas en « situation régulière » ont été emmenées tour à tour dans le « camion de transfert » qui amenait à la PAF.

Les personnes présentes à l’intérieur de l’annexe sont sorties du dispositif à 6h59.

Les déménageurs sont arrivés alors que la plupart des personnes n’étaient pas encore sorties des différents lieux.

A l’extérieur, hors du dispositif, côté rue de Marseille avant 6h59

Pendant ce temps, une des personnes restées à l’extérieur voit deux mecs de l’ECG être emmenés dans le camion de la PAF. Un des habitants refuse que ses deux amis soient embarqués par le camion de la PAF, et demande à être emmené avec eux. Il s’énerve et invective les policiers. L’un des CRS va chercher une gazeuse. Quand il revient, plusieurs CRS coursent l’habitant dans la rue Reinach, de l’autre côté du tram. Les CRS lui arrachent ses vêtements et le gaze violemment, directement dans les yeux et le visage. L’habitant hurle de douleur.
Les policiers demandent éhontément à la soutien présente “de le calmer”.

Pendant ce temps, deux autres personnes sont également emmenées dans le « camion de transfert ».

Les questions en suspens :

• Est-ce que des flics étaient en civil dans des voitures banalisées déjà garées ? Est-ce qu’on est passé.e.s plusieurs fois devant elleux sans les voir ?
• A priori, c’était la PAF qui était là en premier, est-ce qu’iels étaient là pour essayer de choper les premiers habitants qui sortent avant l’expulsion ?

Ce qu’on en retient pour de futures expulsions :

• Notre plus grand regret : on a trop hésité, tant qu’on était pas sûr.e.s, on a hésité parce qu’on ne voulait pas déranger les habitant.e.s pour rien, on a tout fait à moitié, on a prévenu les habitant.e.s mais pas de manière déter, on s’est mis à l’intérieur mais on a pas eu le temps de s’enfermer de manière déter, on aurait dû lancer tout (l’évacuation + le blocage), même si on était pas sur.e.s, dès qu’il y a eu une hésitation.
• Se dire qu’en cas de risque d’expulsion, en plus des gens de la perm, que d’autres personnes soient en alerte chez elles dès 6h pour que beaucoup de gens puissent venir.
• Il y a eu beaucoup de voitures et camionnettes banalisées durant l’intervention alors que nous avons cherché à voir des flics identifiables.
• Iels sont arrivé.e.s en prenant les rues en sens interdit (donc pas raisonner pendant la chouffe en regardant la rue avec les sens de circulation habituels).
• A priori les nouveautés, à savoir que la PAF soit présente durant l’expulsion, qu’aucune possibilité de sortir ne soit laissée aux habitant.e.s (deuxième expulsion de la sorte sur Lyon en peu de temps), qu’aucune proposition de relogement, même temporaire ne soit faite et qu’aucun.e élu.e ne vienne renforce encore plus la nécessité de tout lancer (l’évacuation, le blocage) même si on n’est pas sur.e.s .
• Que toutes les personnes de la perm soient bien informées du plan en amont et puissent avoir plein d’infos sur le lieu (typiquement, là, dès notre arrivée on a été en alerte donc on n’a pas eu de temps suffisant pour se transmettre correctement l’ensemble des infos entre nous).
• Idéalement, ne pas être moins de quatre sur une perm.
• S’assurer qu’il y a à chaque fois un smartphone par perm.
• Faire démarrer les perms vraiment tôt, avant le lever du jour (6h si possible, là il faisait nuit, des policiers peuvent être présents encore plus tôt).

Longue vie aux squats, faisons de nos expériences des forces.

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