L’après midi commence par M. déjà incarcéré pour d’autres histoires qui est accusé aujourd’hui d’avoir cambriolé un garage dans lequel se trouvait un scooter, des skis et d’autres affaires. On aurait retrouvé une empreinte digitale appartenant à M sur « un pile ». M. nie et « ne comprends pas comment son empreinte a pu se retrouver là dedans ». Vue l’ancienneté des faits, il ne se souvient pas où il était au moment du cambriolage. Le procureur ironise sur le procès verbal des policiers qui dit que « l’empreinte du prévenu a été retrouvé sur un pile ». Il a cherché dans le dictionnaire « un pile » ça n’existe pas. On ne sait pas s’il s’agit d’une pile de quelque chose ou d’une pile électrique ou d’un autre objet non identifié. Devant la minceur du dossier, il demande la relaxe que le président confirme.
Suit un jeune, accusé lui d’une conduite sans permis en état d’ébriété et de rebellyon. Mais voilà, il nie les faits et affirme que quelqu’un a prit son identité. Il a 3 témoins : les agents de police qui ont procédé à l’arrestation et au procès verbal. Ils sont présents. Il s’agit de 2 baqueux type molosse et crane rasé et d’une baqueuse. Ils se présente en costard cravate et tailleur classe. Le président les fait sortir « pour la forme » pour que chacun d’entre eux n’entendent pas le témoignage des autres. Et tous ont la même version : l’homme à la barre n’est pas celui qu’ils ont interpelé. Relaxe.
Un jeune accusé de s’être introduit dans un lycée alors qu’il n’y est pas scolarisé et d’avoir un peu foutu le bordel dans le bahut se présente à la barre sans avocat. Il reconnaît les faits et le procureur réclame 200 euros d’amende. Le président donne la parole au prévenu qui doit donc plaider seul pour sa cause : « le procureur propose une peine de 200 euros, qu’estce que vous avez à dire pour votre défense ?
je vais les payer, c’est tout »
Un peu amusé, le président consulte ses assesseurs qui sortent de leur sommeil éveillé pour acquiescer de la tête et le président déclare « monsieur, le tribunal vous condamne à 200 euros d’amende dont 100 avec sursis. C’est à dire que vous allez devoir payer 100 euros au trésor public, même un peu moins puisque si vous payez rapidement, vous aurez une remise de 20 %, et si on ne vous revoie pas, on s’en tiendra là. »
Enfin arrive l’histoire du leader price, de nombreux articles de rebellyon relatent les faits et le procès annoncé, on ne reviendra donc pas sur le fond.
Après le rappel des faits par le président, la lecture des différents procès verbaux, le procureur pointe des témoignages (ceux des employés et du directeur de Leader Price) qui se contredisent, une instruction menée à la va vite malgré le temps écoulé. Il s’en remet au tribunal pour juger 4 des prévenus et demande une condamnation symbolique avec dispense de peine pour le 5e (On ne sait pas vraiment pourquoi cette différence de traitement). Le président annonce directement qu’il relaxera au moins les 4 et dispense un des deux avocats de la défense de plaider.
Un peu déçu Maître Sayn dit quand même quelques mots pour pointer de nouveau l’absurdité des témoignages des gens du leader price (qui ne sont pas venus au procès et qui ne se sont pas fait représenté), Maître Forray lui, rappelle les conditions arbitraires des arrestations, retrace le parcours des inculpés (40 heures de garde à vue, transfert au dépôt du tribunal, contrôle judiciaire, longue attente...) et défend habilement le seul qui risque une condamnation en rappelant son alibi.
Après 5 minutes de délibération, le président et ses assesseurs reviennent, ils annoncent une relaxe totale, présente des excuses « au nom de l’institution judiciaire » et souhaite une bonne continuation à chacun des prévenus dans leurs activités. La salle applaudit.
Une relaxe parce qu’une empreinte digitale n’est pas une preuve, une autre avec l’aide de 3 policiers de la bac, et une troisième pour 5 inculpés liés à un mouvement social. Ce sont des décisions judiciaires qu’on aimerait moins rares. Malheureusement quand on fréquente, le palais de justice, on sait que ce genre d’après midi est exceptionnelle et que l’abattage judiciaire et carcérale continue de battre son plein au quotidien.
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