Les élections passées, la droite a visiblement décidé de jauger le nouvel exécutif. Dans le bas des pentes, des petits commerçants font signer une pétition et placardent un peu partout une affiche qui évoque les nuisances sonores, les dégradations et les actes violents qui exploseraient dans le quartier depuis le dé-confinement. Les auteurs, qui se présentent comme un collectif spontané baptisé « Les Riverains du Bas des Pentes », revendiquent une « tranquillité sans équivoque » et qualifient, contre toute évidence, le quartier de « zone de non droit qui prend racine ».
Ce collectif, qui ressemble à s’y méprendre à celui formé par des droitards et des petits commerçants à la Guillotière, organisait un rassemblement mardi 30 juin devant la Marie du 1er. Fraîchement élue, la future maire Yasmine Bouagga [1] s’est pointée avec son acolyte de la Métropole, Fabien Bagnon, et son futur « adjoint à la ville apaisée » [2], Jean-Christian Morin.
Comme souvent, c’est Lyon Mag qui sert la soupe aux revendications de la droite en titrant « la future maire du 1er arrondissement face aux riverains excédés par l’insécurité et les nuisances ». Le site rapporte la scène, extraits :
« Et la sécurité ?! Il y a des toxicos qui laissent leurs seringues partout, on a des enfants ! », lui rétorqua un riverain. « Ça fait 20 ans que je suis là et j’ai dû refaire ma façade 7 fois ! », enchaîna un commerçant.
Face à la tension grandissante, Yasmine Bouagga laissait la parole à ceux qui l’accompagnaient. Valentin Lungenstrass, tête de liste EELV dans le 2e arrondissement remporté par la droite, a annoncé la future création d’un conseil de la nuit avec un « maire de nuit » dans chaque arrondissement de Lyon. Son rôle sera de « discuter avec les acteurs locaux pour une entente sur la tranquillité ».
Le moment n’a pas du être plaisant pour Yasmine Bouagga, mais elle a quand même pu rassurer ce beau monde en annonçant une présence de flics et de médiateurs accrue dans le premier.
Interrogée après sa prise de parole, Yasmine Bouagga nous rétorqua qu’elle était consciente qu’il fallait davantage de forces de police sur son arrondissement. « Mais il faut aussi faire un travail de médiation pour apaiser les relations », ajouta-t-elle.
Son futur adjoint chargé de ces problématiques, Jean-Christian Morin, est aussi d’accord pour bénéficier de l’appui de policiers nationaux et municipaux. « On doit aussi obtenir l’arrêt de la vente d’alcool la nuit, parfois à des mineurs, par les supérettes de l’arrondissement ».
Les Verts ont annoncé la couleur pendant leur campagne : renforcer la présence policière figure parmi leurs premiers objectifs. Et quand ils indiquaient qu’ils allaient dialoguer avec tout le monde, ça voulait dire, comme toujours avec ce genre de formule, écouter les revendications policières de la frange la plus réactionnaire de la population. Même si, contrairement à Grégory Doucet par exemple, Yasmine Bouagga n’est pas connue pour être une obsédée de la sécurité, on ne s’étonne guère de sa réaction. Les Verts considèrent sans doute qu’il s’agit de « la co-construction » qu’ils appellent de leurs vœux. Mais ça ressemble quand même sacrément à rassurer au plus vite la bourgeoisie locale.
En attendant, on compte les points : Pierre Poujade 1 - Yasmine Bouagga 0
Les écologistes atteré·es
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