Tchéquie
- Certes en France nous ne sommes pas (pas encore ?) dans la situation de Mlyvec en Tchéquie où on peut mourir fin juillet 2005 sous les roues d’un camion de police pour avoir voulu participer à un technival : un mort et plus de 100 blessés dont quinze hospitalisés à la suite de charges violentes de la police. Lisez le récit des événements sur le Numéro Zéro, le blog de Fuck showbizz hébergé par Diogène et sur le site de Dark Korp.
France
- Non, en France, l’interdiction de certains styles musicaux est sournoise. Passons rapidement sur les dérives liberticides du député UMP de la Moselle François Grosdidier qui a annoncé le 12 août dernier qu’il avait demandé au garde des Sceaux Pascal Clément d’engager des poursuites contre le rappeur Monsieur R et d’interdire la diffusion d’une de ses chansons, « FranSSe », et de son clip qui constituent, selon lui, « une incitation au racisme et à la haine ». De celà, Le Figaro, Libération et le Nouvel Obs en parlent.
- Passons aussi sur la fourberie de Nicolas Sarkozy, lui qui a recommencé cette année les magouilles de 2003 au Larzac, faisant encore mine d’imposer pour un technival un terrain inapproprié à Saint-Martial-sur-Isop, bled paumé de la Haute-Vienne en faisant réquisitionner par son préfet des terres agricoles à la dernière minute, pour essayer de monter deux catégories de population l’une contre l’autre. Et ce alors que l’État possède des milliers d’hectares où, de l’avis de tous, teuffeurs comme paysans et autres habitants, l’organisation d’un technival ne pose aucun problème majeur comme le démontre très bien l’article de Dark Korp déjà cité. D’ailleurs, le technival aura finalement lieu ce week-end du 26 au 28 août sur l’ancienne base aérienne de Crucey, au sud-ouest de Dreux en Eure-et Loire. On commence à connaître les ficelles de l’agité du bocal que se révèle de plus en plus être le ministre de la police. Et par ailleurs, la problématique des technivals mérite à elle seule plusieurs articles. Avis aux amateurs...
Rhône-Alpes
Mais penchons-nous un instant sur la rouerie de nos élus et technocrates régionaux qui viennent de détruire plusieurs mois de travail de trois associations culturelles de la région. Des élus qui ringardisent la culture, la normalisent et tentent de nous empêcher de "sortir du rang."
- Nous avons déjà évoqué sur rebellyon l’annulation de la quatrième « tahoua dans les bois » que proposait l’association des Skapuches dont la visite du site permet de se rendre compte de la qualité de leur boulot du côté d’Ambérieu en Bugey (01) Ici, c’est six mois de négociations avec des bureaucrates pour n’obtenir des autorisations qu’à une époque où le paysan qui prêtait volontiers 3,5 ha ne pouvait plus que refuser devant le risque d’une détérioration majeure de son terrain au vu du climat de la région mi-septembre. Adieu la fête et une expression musicale réellement populaires quoique non formatées "Star Academy" ! Une autre fois la parole à une quarantaine d’associations principalement du Bugey ! Interdits les débats non contrôlés ! Ne restait plus qu’à saborder l’association, c’est fait.... Du côté d’Ambérieu, il semblerait qu’il ne doive y avoir de la place que pour les “fêtes à neuneus”, les shows de Dany Brillant au "printemps de Pérouges" et le festival bon chic bon genre de musique ancienne d’Ambronay....
- À Lamastre en Ardèche, c’est la huitième édition du festival prévue pour la fin juillet que les édiles ont fait couler. Là, c’est un des festivals les plus attendus de la région Rhône-Alpes qui disparaît. Les motifs invoqués : le trop de monde en 2004 (1500 personnes refusées !) et un retard du nettoyage du site dû au dysfonctionnement d’une balayeuse mécanique (sic) Allez donc visiter le site de Lamastrock pour vous rendre vraiment compte du travail gigantesque de l’association et de son irrigation culturelle sur toute une région. Sans compter l’apport économique non négligeable du truc. Des années d’effort sont mis en danger pour le moins par la frilosité d’ élus et autres technocrates. À Lamastre cet été, tu n’avais le droit qu’à l’exposition artisanale du centre culturel du 10 juillet, la fête de la framboise de Nozières du 7 août, le marché de la création du 21 - « la fête des arts au coeur de la ville à l’ombre des platanes » comme ils disent - et la baignade à Retourtour. Ah ! Si, il y avait aussi le triathlon du 15 août. J’allais oublier le sport ! Un esprit sain dans un corps sain (sauf dopage, mais y en a pas dans le triathlon, juré ! Presqu’aussi sûr - presque, j’ai écrit, m’enfin ! - qu’il n’y aura pas de présentation d’hyménomycètes hallucinogènes à la “semaine du champignon” du mois d’octobre) Ca ne vous a pas un petit air de sarkosysme cette histoire ? Enfin, pour le coup, à Lamastre cette année, il n’y a eu ni problème de balayeuse ni besoin de kärcher...
- Enfin, nous vous avons aussi parlé sur rebellyon de l’interdiction de tout hip-hop et rap sur les guinguettes des quais du Rhône de Lyon après une bagarre incidente.
Il paraît que cette année, l’accent avait été mis sur la propreté ! Décidément, c’est une obsession, la propreté, chez nos politiques. Sans doute ne fallait-il pas non plus que le million et demi de visiteurs soit contaminé par du hip-hop et du rap qui sont de l’aveu même des artistes et des programmateurs des arts « contestataire[s] et revendicateur[s]. »
A l’exception notable il est vrai du programme de la guinguette des solidarités, gérée par l’association croix-roussienne Varahu, il a donc fallu que les badauds se contentent d’une autre "fête à neuneus" à la programmation étriquée et politiquement correcte, en déambulant entre trente stands de bouffes et boissons aux animations malingres, quelques « vitrines de pays exotiques » pour amateurs de Club Med et deux carrés de sable.
À Lyon, il y a de moins en moins d’espace public et il est de plus en plus parcellisé et privatisé ( la gestion des velo’v par la société Decaux étant le dernier avatar en date) Il y a de moins en moins de "non-lieux", de lieux ouverts. Ce n’est pas un hasard si des artistes et des militants associatifs se retrouvent à La Friche, dans un no-man’s land relatif. La ville entière est de plus en plus organisée, réglementée et boboisée. Il n’y a plus de rues, il n’y a plus que des couloirs de co-propriétés et de groupes commerciaux surveillés par caméras et où vigiles et polices chassent les pauvres et veulent régner en maîtres.
Et alors ?
- C’est une politique à courte vue que celle de ne faire plaisir qu’aux riverains en nous vendant des manifestations culturelles vieillottes et normalisées, plus racoleuses que rassembleuses, et qui finalement ne créent que de l’anomie, de la frustration et de l’énervement.
- Les artistes sont des forces de propositions et de lien social. L’art vivant est aussi important voire plus que l’art encadré et standardisé, que ce dernier soit populiste ou « distingué. »
- Nous, artistes, militants associatifs ou simples citoyens, sommes fatigués de cette société du spectacle et du double discours des édiles qui nous serinent : « sois créatif, mais je ne t’en donnerai pas les moyens » et qui tentent de casser nos imaginations créatrices .
Compléments d'info à l'article