Il n’avait échappé à personne l’énergie mise en oeuvre par Sarkozy pour liquider l’héritage du conseil de la résistance en matière d’acquis sociaux, force est de constater que la manoeuvre se poursuit mais cette fois-ci dans le champ miné de la « gestion des flux migratoires ». L’objectif de cette conférence semble clair : réhabiliter la pratique de la déportation en y hôtant son caractère négatif lié à la collaboration vichyste, rendre
« moderne » une pratique marquée par le sceau de l’infamie nazi.
Alors que les mutineries se succèdent dans les centres de rétentions, il s’agit pour le gouvernement de justifier l’inhumanité de ses méthodes, de rendre légitime l’horreur de la rétention et de la déportation. Choisir pour cela d’organiser cette conférence à Vichy est pour le moins maladroit, même si en creux ce choix permet une fois de plus d’établir des correspondances qui deviennent de moins en moins scabreuses. On ne peut s’empêcher en effet d’y voir là l’activation de ce qu’Alain Badiou identifiait dans son ouvrage « De quoi Sarkozy est-il le nom ? » ; le pétainisme de Sarkozy (et d’Hortefeux) prend sens ici dans la réhabilitation de Vichy comme symbole de la soumission aux puissances du moment : puissances du marché (et sous prétexte de « rupture ») pour Sarkozy, régime nazi (et sous prétexte de « révolution ») pour Pétain. Mais il prend également sens dans le racialisme qui caractérise les nouvelles politiques migratoires de la France : rafles des sans-papiers, immigration choisie,réhabilitation de la colonisation et maintenant réhabilitation de la France occupée.
Dans le capitalisme des flux, les expulsions de sans-papiers sont la seule mesure possible pour ne pas se placer à contre-courant de la marche de l’histoire. Les déportations organisées par le régime de Vichy répondaient au même impératif, celui de ne pas aller contre l’empire nazi en pleine expansion. Les choix que nous avons aujourd’hui ne sont
finalement pas si différents de ceux qui se posaient aux français en 1939 : nous pouvons soit collaborer, soit nous battre. L’enjeu est donc primordial de nous rendre à Vichy le 3 et 4 novembre et d’opposer à la mascarade de cette conférence un front uni de combat, une force d’action suffisamment puissante pour en empêcher la tenue.
Plus d’infos sur le forum social de Vichy en préparation :
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article70409
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