Mobilisation dans les écoles lyonnaises pour 150 enfants sans domicile

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Luttes dans les écoles pour le logement

La semaine dernière, le collectif Jamais sans toit organisait une semaine de mobilisation dans différents établissements. Le but était de rappeler aux pouvoirs publics l’inconditionnalité de l’hébergement d’urgence. Quelques contributeur·ices de Rebellyon sont allé·es à deux goûters solidaires organisés à l’école Veyet et à l’école Mazenod.

À l’école Veyet, dans le 7e, près du métro Garibaldi, ce sont onze familles sans toit, en demande d’asile ou déboutées de leurs demandes, qui ont été soutenues par les profs et les parents solidaires. Depuis la rentrée, deux familles ont été relogées par l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) dans d’autres départements. Les autres sont toujours sans solution. Environ 25 enfants dorment dehors toutes les nuits. Une mère d’élèves solidaire explique que certaines familles dorment à Perrache, d’autres vers l’auditorium de la Part-Dieu, ou encore sur des parvis d’église. Elles replient leurs bagages chaque matin et trimballent leurs affaires toute la journée jusqu’à ce qu’elles puissent y retourner le soir.

On fait des collectes de vêtements, de couverture, de fournitures scolaires. On essaie aussi de les aider dans les démarches administratives. C’est déjà difficile pour nous de le faire en parlant français donc forcément pour ces familles c’est hyper compliqué. (…) On fait aussi des communiqués de presse pour faire pression sur le plan médiatique

À l’école Veyet, une vingtaine de parents sont aujourd’hui mobilisées. Ils et elles se battent avec les enseignant·e·s aux côtés des familles. Les écoles se coordonnent à l’échelle de la ville, à travers le collectif Jamais sans toit. Les personnes mobilisées s’entraident et se donnent des tuyaux pour savoir comment réagir. L’école Gilbert Dru, dans le 7e arrondissement, où, suite à une occupation, les familles ont été logées, sert notamment d’exemple. Un parent détaille :

L’occupation c’est un truc qui finit par se faire parce qu’on a pas d’autres solutions. C’est inacceptable de voir des enfants qui arrivent le matin à l’école avec des griffures de rats ou des vêtements trempés. Il y a une volonté de les protéger, de protéger leur famille et d’alerter sur ce qui se passe. Ça se met en place plutôt naturellement.

« Jamais sans toit », un collectif qui coordonne les écoles mobilisées

C’est à l’école Mazenod, dans le 3e, qu’a lieu la première occupation, en 2014. Le collectif « Jamais sans toit » est né à ce moment-là. Deux familles dormaient alors dehors. La solidarité s’était construite avec l’école Saint-Exupéry située à proximité. Une membre de Jamais sans toit raconte :

On a fait des démarches auprès de la maire, auprès du 115, auprès de tous les acteurs sociaux et juridiques ainsi que tout le tissu associatif vers qui on pouvait se tourner. On n’a obtenu aucune réponse. Les deux familles se sont retrouvées hors plan froid. L’une parce qu’elle était sortie du Centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) parce qu’elle a été déboutée de sa demande d’asile par l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) puis par la CNDA (Cour national du droit d’asile), en avril 2015. L’autre famille dormait dans sa voiture depuis un an et demi avec des enfants de 3 et 1 an. Donc on a pris la décision d’occuper l’école. Les familles ont été logées là jusqu’à l’été.

Suite à cette lutte, soutenue notamment par la direction de l’école, ces deux familles ont été hébergées dans des conditions plus ou moins pérennes, avec des contrats de logement reconduits tous les 6 mois. C’est en solidarité avec les autres écoles mobilisées que les membres du collectif de l’école Mazenod se mobilisent cet automne. Le 17 novembre y était organisé un goûter solidaire.

Les pouvoirs publics aux abonnés absents

L’occupation semblait pour l’instant le meilleur moyen de pression pour pousser la Mairie à trouver des logements pour les familles concernées. En novembre 2016, la Mairie a envoyé la police dans plusieurs écoles afin d’empêcher d’éventuelles occupations. On note donc un changement de politique ces derniers mois, puisqu’en 2015, la Mairie du 3e avait toléré que des des familles soient hébergées dans l’enceinte même des établissements avant que celles-ci ne soient finalement logées.

La municipalité lyonnaise a décidé de mettre en place à chaque fois un gros bras de fer avec sa police municipale. Il y a aussi des pressions politiques faites sur les enseignants via l’inspection académique.

Une délégation représentant les écoles a rencontré le préfet à l’égalité des chances, Xavier Inglebert, pour l’informer de la situation dès le 7 octobre. Selon un prof et parent d’élève de Gilbert Dru, sur l’agglomération de Lyon ce sont environ 150 enfants qui sont sans domicile et sont scolarisés. Ce chiffre ne prend en compte que les enfants scolarisés, il est donc certainement sous-estimé. Malgré cela, les pouvoirs publics (mairie, inspection d’académie et préfecture) bottent systématiquement en touche. Ils se renvoient la balle, en disant soit ne rien pouvoir faire soit ne pas être responsable ou compétentes…

Le préfet a répondu par voie de presse qu’on était en train de faire un coup médiatique. Le jour de l’entretien, son discours était de dire que puisque ces personnes étaient déboutées du droit d’asile, elles ne devaient pas être hébergées. J’aimerais lui rappeler que la loi s’applique même aux personnes qui sont hors-la-loi. On se retrouve nous aussi hors-la-loi à occuper des bâtiments scolaires parce que la loi qui dit que toute personne en état de détresse doit être hébergée n’est pas respectée.

Une délégation devait rencontrer le préfet le lundi 21 novembre. Des informations sur les conclusions de cette rencontre devraient bientôt arriver.

P.-S.

Le texte a été écrit dans le cadre du collectif d’entraide à la rédaction.

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