Plusieurs dizaines de jeunes gens et de jeunes filles, appartenant au mouvement « Réinventons la vie » se sont regroupées le jeudi 18 mai 1972, vers 16 heures, place des Cordeliers, devant l’église Saint-Bonaventure, et ont brûlé un drapeau tricolore. Formant un cortège, les manifestants se dirigèrent ensuite vers la place de la République, où un deuxième drapeau fut arrosé d’essence avant d’être brûlé.

Les participants à cette manifestation entendaient protester ainsi contre les asiles psychiatriques et les centres de redressement encore en exercice en France.

Plusieurs banderoles furent brandies, sur lesquelles on pouvait lire notamment : « A Lyon, quinze à vingt fugues par jour, ras-le-bol du lycée-caserne et du ghetto familial ».

Les forces policières ayant pris en chasse les manifestants, ceux-ci se dirigèrent vers la place des Jacobins, où l’un des manifestants tenta de prendre la parole à l’aide d’un porte-voix.

Alors que quelques jeunes gens avaient mis le feu à un autre drapeau tricolore, et qu’il n’était pas encore consumé, des policiers en civil intervinrent et appréhendèrent quatre manifestants, qu’ils embarquèrent sans ménagement dans un fourgon de police. Les quatre jeunes gens interpellés, âgés d’une vingtaine d’années, furent relâchés rapidement après avoir fait l’objet d’un contrôle d’identité.

Ce mouvement « Réinventons la vie » fut à l’origine, l’année suivante, le 5 mai 1973, de la célèbre « fête des fous », manifestation contestataire, bruyante, festive et humoristique, reprise d’une fête traditionnelle à Lyon au Moyen Âge où, pendant une journée, les apprentis jouaient le rôle des patrons et inversement, tout en étant l’occasion d’amusements collectifs. Cette fête des fous fut rééditée deux années consécutives en 1975 et 1976 (le 5 mai) par Bugey-Cobaye, avec les journaux Guignol et La Gueule Ouverte. C’est ainsi, entre autres faits mémorables, qu’on a vu un musicien jouer sur un piano à queue qui descendait toute la Grand’Côte...

La première Manifestive (ou street-party) [1] organisée à Lyon le 4 mai 2002 par un collectif informel [2] s’en inspirait en se nommant Fête des folles et des fous intergalactike.