Depuis le printemps 2022, A. et S. du collectif Zéro Covid solidaire Lyon se mobilisent pour faire du Covid un enjeu de santé au travail et dans la vie quotidienne. Depuis la manif du 1er mai 2022, elles visibilisent la cause de l’autodéfense sanitaire dans la plupart des cortèges lyonnais. Derrière la banderole : « Contre la pandémie faisons front [1] – autodéfense sanitaire et levée des brevets », elles rappellent ce que les personnes les plus à risque n’ont pas pu se permettre d’oublier : que le Covid est toujours là, qu’il continue de faire des victimes et que des mesures efficaces existent pour se prémunir de l’infection, du Covid long et des formes graves (l’aération, le port du masque et la vaccination). Elles vont également à la rencontre de leurs voisin·es, sur le marché de la Croix Rousse, celui des Minguettes à Vénissieux et de Saint-Fons. Elles échangent avec les un·es et les autres, notamment autour du vécu de la pandémie de chacun·e.
En parallèle, au moment de la levée des mesures de protection collective, comme l’obligation du port du masque dans les transports en commun début 2022, La Marginale [2] et HandiPsy Lyon 2 [3] organisaient une fois par semaine des distributions de masques FFP2 gratuits. Ces deux associations engagées contre le validisme [4] permettaient ainsi aux plus précaires et aux personnes handicapées de se protéger contre le SARS Cov2 – le masque FFP2 étant le seul à offrir une protection efficace contre la transmission du virus en présence de personnes infectées non masquées.
Mais de même que la vaccination ne suffit pas à faire régresser l’épidémie, le choix politique qui consisterait à se reposer uniquement sur le port du FFP2 par les personnes à risque n’a rien de satisfaisant. Une stratégie de réduction des risques individuelle n’a aucun impact sur la circulation du virus à plus grande échelle. En évitant d’occasionner des clusters en réunion, le port du masque par tous et toutes a plus de chance de limiter les effets de contagion. Il permet aussi de ne pas laisser celles et ceux qui se savent le plus vulnérables seul·es en charge de la prévention.
Dans les locaux de l’Ecole des Beaux Arts à Lyon, se tenait le 9 février, une assemblée générale (AG) de lutte contre la réforme des retraites. Réunissant des travailleurs de la culture, intermittentes en tous genres, artistes, autrices et étudiants en arts, il s’agissait avant tout d’évoquer les perspectives d’actions au sein du mouvement. Au début de l’AG, M., une participante, membre du STAA (Syndicat des travailleur·ses artistes auteur·rices à rattaché à la CNT SO), un syndicat ayant pris clairement position en faveur de l’autodéfense sanitaire [5], a mis à l’ordre du jour la question du port du masque en réunion. L’idée est de rendre les AG accessibles, en particulier aux personnes se sachant plus à risques. D’après son expérience, cela fait une vraie différence. Elle raconte : « Quand notre syndicat a fixé des règles claires de protection collectives face au Covid et les a fait connaître, de nouvelles personnes nous ont rejoint. Si des mesures d’accessibilité sont prises, les camarades handis peuvent participer aux luttes et ils et elles le font. »
À la réunion suivante, le sujet est remis en discussion. Le vote favorable au port du masque en réunion est confirmé au terme d’un bref débat contradictoire – sur une trentaine de personnes, seules trois se sont abstenues, et aucune n’a voté contre. À cette deuxième réunion, des membres du STJV (Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo) étaient également de la partie. Ce syndicat a notamment publié un guide précieux de réduction des risques accessible en ligne [6], expliquant l’intérêt de la démarche d’autodéfense sanitaire. Pour les travailleurs et travailleuses précaires de la culture comme des autres secteurs tomber malade et se trouver dans l’impossibilité de travailler signifie bien souvent une perte de revenus.
L’AG retraites féministes a également fait le choix du port du masque en réunion. Créée pendant le mouvement contre la réforme des retraites de 2019, réactivée au début de l’année 2023, elle s’est réuni quatre fois entre janvier et février. Elle s’est donné comme principales missions d’apporter une perspective féministe à la critique de la réforme des retraites et de mettre en place une caisse pour permettre aux femmes de faire grève. La présence de quelques personnes masquées sur la quarantaine présentes à la première de ces réunions a suffi à ce que le point soit spontanément inscrit à l’ordre du jour par les membres de la tribune, comme le raconte B., qui milite aussi au Planning familial. Le débat qui a duré une quinzaine de minutes a abouti à la décision de « très fortement recommander le port du masque. ». Elle continue : « Je trouve ça bien qu’on ait eu cette discussion et qu’on fasse partie des espaces qui reconnaissent que le Covid existe toujours. Au Planning familial 69 aussi, on essaye de porter le masque lors des événements en lieux clos rassemblant un grand nombre de personnes. Le Planning est une association de santé et de prévention et prendre soin de nous est une valeur féministe. »
En termes d’organisation, cela nécessite un peu de préparation : annonce et rappel des décisions prises aux personnes qui n’en ont pas eu connaissance et achat de boîtes de masques. Pas très compliqué à mettre en œuvre donc, et utile, comme d’autres actions concrètes de mise en accessibilité (distributions de bouchon d’oreille en manif, l’interprétariat en LSF, etc.) qui permettent à chacun·e de participer à égalité aux luttes et de mettre en acte la solidarité.
Pour + d’info sur l’autodéfense sanitaire : autodefensesanitaire.fr
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