Comme on a vu, il y a peu, des libertaires en déshérence, mais surtout délestés de toute rigueur, manifester des sympathies pour le projet politico-électoraliste de recomposition institutionnelle de Podemos – dont le premier effet, prévisible et manifeste, fut de vider de son originalité inventive un « mouvement des indignés » qui n’avait lui-même de radical que l’intention –, on en voit, aujourd’hui, s’enthousiasmer jusqu’à l’absurde pour un mouvement sécessionniste de type étatique dont la raison même est, sous une forme républicaine, d’obtenir, en matière de souveraineté nationale, des prérogatives en tout point similaires à celles de la monarchie espagnole. Autrement dit, dans un cas comme dans l’autre, des « activistes sociaux » qu’on aurait pu supposer assez instruits de l’histoire pour se défier de ces impasses, se sont révélés suffisamment déconstruits du point de vue de la critique pour s’y engager, à leur place bien sûr, c’est-à-dire, au vu de leurs faibles forces, comme supplétifs métaphoriques d’un « assaut institutionnel » ou comme comparses symboliques d’une sardane patriotique.
Relayées par divers sites et blogs, quelques voix se sont élevées pour exprimer des « perplexités intempestives » [1] et un peu plus [2] sur ce caméléonisme anarcho-indépendantiste. Il est bon de les diffuser. C’est dans la même optique que, malgré ses évidentes faiblesses, nous publions le texte qui suit – « Quelques considérations sur la situation actuelle en Catalogne et l’action des anarchistes » [3] – signé « Des anarchistes de Barcelone ».
Rien ne laisse présager de ce qu’il adviendra de cette querelle hispano-catalane, mais tout indique que, quel qu’en soit le développement, les logiques perverses qui l’alimentent ont déjà eu pour principal effet de porter à incandescence, à Barcelone comme à Madrid, une peste émotionnelle nationaliste qui aura du mal à s’éteindre.
Et, enfin, pour l’histoire, il nous plaît de rappeler que, lors de la première déclaration d’indépendance de la Catalogne par Lluis Companys, le 6 octobre 1934, les militants de la très puissante CNT – qui s’était abstenue de s’associer au mouvement – n’oublièrent pas de récupérer les armes abandonnées, dans les rues de Barcelone, par les indépendantistes d’Estat Català fuyant devant l’armée. L’indépendance ne dura que dix heures. Quant aux armes, elles servirent le 19 juillet 1936 à lancer l’offensive sociale. Autres temps, autres mœurs, autres stratégies.–
>[ABMB] Salon du livre anarchiste – Berlin-Kreuzberg 2024
Nous avons le plaisir d’annoncer qu’un salon du livre anarchiste aura lieu du 5 au 8 septembre 2024 au NewYorck im Bethanien à Berlin-Kreuzberg.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info