Aux gars, par un gars : ce que la non-mixité femmes a changé pour moi

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Constat : c’est chiant.
C’est chiant qu’à chaque fois qu’il y a des meufs qui s’organisent entre elles, y’a plein de gars qui tirent à boulet rouge dessus, en particulier sur Rebellyon.
Les gars, vous êtes fatigants. Chaque fois c’est la même, depuis des années.
Réponse au débat ayant eu lieu en forum de l’article : Halte aux violences sexistes ! Dénonçons la domination masculine !
Voir aussi l’article Attention, danger : Masculinisme !

Si vous emmerdez les luttes féministes, alors vous êtes des ennemis politiques, dites-le clairement. Dans ce cas-là, merci de laisser ce site internet aux personnes qui se battent pour leur libération, et écrivez ailleurs.

Si les luttes féministes vous emmerdent, alors fermez-la et ne vous battez pas contre elles.

Si vous croyez faire partie des luttes féministes, ça montre une certaine bienveillance et on pourra peut-être discuter, mais alors il va falloir être sincères, vraiment. Pas passer par 4 chemins et se chercher des excuses, ni se victimiser. Surtout écouter, écouter, écouter...

On va commencer par le début : j’suis un gars aussi, hétéro, et pendant longtemps j’ai pensé être féministe, connaître cette lutte. Juste parce qu’être de gauche c’est lutter contre la domination masculine. Maintenant, on va faire la part des choses.

C’est pas moi qui me fait siffler dans la rue.

C’est pas moi qui me fait violer ; si ça arrive, y’a très peu de chances que ce soit une meuf qui passe à l’acte sur mon corps.

C’est pas à moi qu’on coupe la parole, ou alors ce sont des gars.

C’est pas moi qu’on ignore quand je parle.

C’est pas moi qui lave les chiottes (aujourd’hui, dernier exemple en date).

C’est pas moi qu’on aborde en disant « tu me fais bander », « t’es belle », « t’es bonne », « t’es moche »...

C’est pas moi qui flippe de rentrer seul, régulièrement depuis de nombreuses années.

C’est pas moi qui prends la pilule.

C’est pas moi qui vais chez un médecin (homme le plus souvent) 1 ou 2 fois par an faire un frottis.

C’est pas à moi qu’on a appris à me taire et à réprimer ma colère…

Y’en a plein d’autres comme ça.

La domination masculine, ce n’est pas moi qui la subis au quotidien depuis que j’ai quelques mois, ou quelques jours seulement. Je n’en ai pris conscience qu’après avoir longuement discuté avec les copines, lu aussi, et pour la grande majorité des choses c’était tout récemment.

En revanche,

C’est moi qui ai longtemps pensé que la maison n’est pas si sale.

C’est moi qui ai violé plusieurs copines dans le cadre de relations de couple.

C’est moi qui ai lancé et participé à de nombreuses et violentes joutes verbales.

C’est moi qui cherche le regard des filles dans la rue, à défaut de mater les
seins.

C’est moi qui ne fais pas trop gaffe quand je mets une capote (et quand elle craque, c’est « ma » copine qui court à la pharmacie chopper une pilule qui lui retourne le ventre).

C’est moi qu’on écoute quand je parle en réunion, et encore plus en AG.

C’est moi qui suis muet dès qu’il s’agit de parler de mes relations affectives…

Y’en a plein d’autres comme ça.

Tout ça, je ne m’en suis pas rendu compte tout seul... ou quand je m’en suis rendu compte, je ne l’ai pas admis, accepté, comme faisant partie de mes comportements. Y’a des copines qui me l’ont dit, qui me l’ont répété, qui se sont énervées contre moi ou devant moi, sur des comportements sexistes. Alors j’les ai écoutées, observées, et je me suis rendu compte qu’elles me confrontaient grâce aux moments non-mixtes qu’elles partageaient entre elles.
C’est grâce à la force qu’elles avaient que je me suis vraiment remis en question. Alors, de voir des gars qui critiquent, condamnent la non-mixité femmes (ou gouines, ou trans, ou pédés, ou personnes racialisées, ou...) ça m’énerve.

Ça m’a fait aussi comprendre une chose : des fois, je suis inutile. Pire, je suis nuisible : je ne fais pas partie de la communauté de vécus des copines. Je n’ai pas cette expérience. Je suis celui qui leur a fait vivre ça. Pas tout ça, individuellement à chacune d’entre elles, mais j’en ai fait vivre assez, à un assez grand nombre, pour que je fasse partie de la classe des oppresseurs. Et avec un agresseur dans la salle, ce n’est plus possible de partager une communauté de vécus en tant que dominées (et si ça l’est pour certaines femmes, dans certaines situations ou toute la vie, ça n’enlève pas que pour de nombreuses copines ça marche pas).
Quand j’étais à la fac, je ne voulais pas de profs ou de président.e d’université dans les grèves et les AG ; et tout le monde était d’accord, au moins pour limiter fortement leur présence...

Les personnes qui se battent contre leur propre oppression ont besoin d’espaces d’où les gens qui les oppressent sont exclues. Ce raisonnement fonctionne partout, alors cessons de le remettre en cause pour la lutte féministe.

Je n’ai aucun conseil à donner aux luttes féministes, les femmes n’ont pas besoin de moi pour se battre pour leur libération.

Du coup, en tant que gars bio, hétéro, je ne serai jamais féministe. Parce que je ne serai jamais attaqué en tant qu’homme. Je le serai en tant que pédé, péquenot (de la campagne), pauvre, étranger, non-universitaire blabla, ouvrier, racialisé... Plein de trucs qui sont aussi sociaux, mais qui portent des noms (ou pas) : hétérosexisme, racisme, capitalisme, xénophobie, … Mais une chose est sûre, ce n’est pas la domination masculine, ce n’est pas le patriarcat. Parce que j’en suis une cause, parce que je l’exerce, parce que je fais partie du problème. (Même si je veux changer et je fais plein d’efforts sur moi.)

La seule chose que je peux faire, c’est me remettre en question, et remettre en question les gars qui m’entourent. Ça commence par écouter ce que les féministes ont à dire aux gars en général, et à moi personnellement sur la merde que je fais. Ça continue par accepter que les féministes ont besoin d’espaces non-mixtes pour combattre l’oppression que j’exerce et que je symbolise.

Accepter qu’il existe des espaces où je ne suis pas le bienvenu ; que je ne m’exprime pas sur tout, en toutes circonstances ; que je ne suis pas légitime partout.

Et aussi, des fois c’est vraiment dur d’être un gars... Pitchoune. Il faut être fort, parler bien, bander 24h/24, se la jouer devant les copains, réprimer ses émotions et draguer les filles. Bon, c’est coller à des attentes de la société, c’est adopter un rôle, celui qu’on a appris depuis tout petit. Là ça se complique un peu, mais rien n’est simple. Ce rôle de gars, c’est celui qui permet d’entrer dans la classe dominante. Le système qui m’impose ce rôle-là, c’est le genre, un système de pouvoirs qui dit qu’il y a 2 sexes et que l’un est supérieur à l’autre. Pas du tout une raison de se victimiser ou de monopoliser l’attention une fois de plus. Contre le genre, en tant que gars, on peut faire un truc : Déserter, arrêter d’être un homme. Parler de nos émotions aux copains ; considérer les femmes comme d’autres êtres humains et non comme des proies sexuelles ; écouter quand quelqu’un.e parle ; s’habiller avec des vêtements non masculins ; essayer de mater des gars dans la rue ; écouter les « non » dans nos relations sexuelles et affectives en général ; occuper moins d’espace... on peut en trouver plein, c’est à chaque instant de la vie.

Et j’pense faut aussi épargner aux copines nos chagrins de mec en déconstruction, c’est lourd :

Par exemple, c’est moi qui ne parle qu’à des copines de mon flippe depuis que je me suis fait cracher dessus (une fois) parce que je suis en jupe dans la rue.

Ramener les copines à leur rôle de femme-confidente-qui-rassure-les-gars, ça fait partie de la domination masculine.

Quelques ressources sur la non-mixité :

Les émissions de Lilith, Martine et les autres, radio non-mixte féministe sur Radio Canut (essaie de te rappeler de la dernière fois dont tu as parlé de ces thèmes avec tes potes gars, ou que des copines les ont abordé simplement et en toute liberté devant toi).

Les émissions de On n’est pas des cadeaux, radio non-mixte trans, gouines, pédés sur Radio Canut.

Christine Delphy sur la non-mixité : « La non-mixité : une nécessité politique ».

Christine Delphy sur les hommes qui se pensent féministes : « Nos amis et nous. Fondements cachés de quelques discours pseudo-féministes »

Non-mixité femmes, recueil de textes, RéSISTE ! ÉDITIONS 2003 (brochure, à dénicher dans les infokiosques qui traînent...)

P.-S.

Note de membres du collectif d’animation de Rebellyon :
On vous rappelle que les compléments d’infos sont des compléments d’infos, modérés a priori, et que les insultes ou les trolls passeront à la trappe. On est toujours ouvert à des propositions d’articles argumentés (y compris de critique de la non-mixité si elle reste constructive) et on vous incite à proposer vos articles sur le site.
Rappel : La modération des compléments d’infos sur Rebellyon

  • Le 3 novembre 2011 à 15:57

    je me retrouve entièrement dans le commentaire de grains de sel...

    en fait tout ça, ça part de quelques ane(sse)s qui s’imaginent que les comportement qu’ils adoptent ou ont adoptés, ou ceux qu’ils subissent ou ont subit sont des comportements universels et qu’il n’existe pas de comportement alternatifs.

    ça fait vraiment flipper, ça mêle à une sorte de déterminisme (genre on nait forcément préprogrammé et on peut pas développer de personnalité propre) à une généralisation malsaine...

    perso, j’ai jamais violé qui que ce soit, je coupe pas la parole aux femmes (pas plus qu’aux gars), je siffle pas les meufs, je les regarde dans les yeux quand je leur parle, il m’arrive de nettoyer les chiottes, de faire la vaisselle et la cuisine. ma copine prend pas la pilule, j’insiste pas quand elle est pas réceptive aux caresses et quand on a un doute, c’est moi qui vais à la pharmacie chercher la pilule du lendemain. je ne l’ai jamais frappé, pas plus qu’aucune des mes précédentes copines (je tape pas non plus sur les gars même quand ça me démange)...
    ma plus grande faute, il me semble que ça doit être de ne pas systématiquement rembarrer les blaireaux que j’entends faire des blagues sur les meufs, comme je ne reprends pas systématiquement les blagues sur les arabes, les juifs, les homo, etc...
    et vous savez quoi ? je suis pas seul dans ce cas. des mecs comme ça, j’en connais plusieurs !

    alors qu’est ce qu’on me reproche au juste ?
    bah on me reproche simplement d’être du même sexe que quelques connards... non mais sérieusement vous voyez pas ou est le problème ?
    je remets pas en cause le féminisme, loin de là.
    par contre les généralisations à la con et les exclusions qui en découlent et qui se croient légitimes, ça me fait particulièrement chier.

    et puis cette simple phrase issue d’un commentaire précédant : « ... la mixité n’a pas a être débattue, on n’a pas d’avis à donner ou de pédagogie à avoir... »
    je vous la traduit : « on détient la vérité et si vous osez avoir un avis contraire, vous fermez vos gueules car on a raison et vous avez tord et y a pas à discuter »
    c’est quoi cette connerie...?

  • Le 3 novembre 2011 à 12:27, par ...

    Je pense que si on remplaçait homme par blanc et femme par noir, on trouverait cet article beaucoup plus perturbant !

    Ouais bien sûr. Parce que des Noirs qui se réunissent entre Noirs pour savoir comment se libérer de l’oppression des Blancs, ce n’est jamais arrivé dans l’Histoire, ça aurait été totalement injustifiable, et en aucune manière l’exclusion des Blancs oppresseurs d’une partie seulement de l’espace et du temps de lutte ne pourrait permettre de favoriser un rassemblement politique sur des bases concrètes et révolutionnaires en vue d’une libération totale (au-delà de la simple lutte contre l’oppression raciale), et ne peut en aucun cas permettre aux Blancs de se réunir de leur côté pour remettre en cause leur privilège et soutenir les Noirs dans leur lutte sans avoir besoin de la pénétrer, l’infiltrer, la ruiner.

    Le Black Panther Party for Self-Defense n’a jamais existé.

    Ni le White Panther Party, d’ailleurs.

  • Le 3 novembre 2011 à 01:25, par m

    Je pense que si on remplaçait homme par blanc et femme par noir, on trouverait cet
    article beaucoup plus perturbant !

  • Le 2 novembre 2011 à 14:53, par Un modère

    Salut 2 novembre 10:28,

    le collectif d’animation ne relit pas collectivement les commentaires publiés, on n’a pas encore de système pour valider à plusieurs voix les commentaires à la différence des articles, du coup on fait comme on peut. Difficile de dire aussi qu’il y a un sujet sur lequel il n’y a pas à avoir d’avis. Sérieux on fait ce qu’on peut, on ne valide pas tout loin de là (et on se fait aussi critiquer pour ça), mais il vaut apparemment mieux fermer ce « forum » (puisque c’est ce qu’il est devenu).

    Sinon, a priori TOUT peut être questionné, interrogé, etc. mais effectivement l’auto-organisation des opprimé-e-s, dominé-e-s, etc. de la manière dont elle leur paraît la plus appropriée, a toujours été la base des idées anti-autoritaires. Il manque des espaces dans la vie réelle pour échanger sur ces questions, à tête reposée et sans se lancer des anathèmes, Rebellyon ne les remplacera jamais. Il ne faut pas oublier que ce site est un endroit large où beaucoup de personnes découvrent des idées ou des façons de lutter, sans avoir pu en discuter par ailleurs. L’outil est clairement imparfait sur ce genre de sujets.

  • Le 2 novembre 2011 à 11:15, par grains de sel

    A mon tour alors maintenant :)

    Personnellement je suis assez ouvert à la discussion sur le sujet...

    Deja il faudrait arreter (des deux cotés) de généraliser... Les hommes ne se valent pas tous, et les féministes non plus... Sinon les noirs seraient TOUS feignant, les arabes voleurs et j’en continue...

    Pour la non mixité je saisie pas vraiment tout les principes qui amènent à vouloir une ségrégation... Si on accepte pas l’autre je comprend pas pourquoi on le solicite constamment pour qu il devienne comme on veut alors qu’on clame haut et fort qu’il ne pourrait jamais etre comme nous et donc accepter...

    Après j’ai peut être pas tout saisis donc que l’on m’explique, mais perso tout ca, ca me rappel le nationalisme noir américain... Ils avaient beau défendre le droit des noirs, ca ne restait pas moins un mouvement à l’idéologie nationaliste et donc fasciste... Bref

    Enfin, j’ai du mal avec la généralisation des hommes... On viole pas tous, on coupe pas tous la paroles (mais je me la fait couper par beaucoup de femme malgré tout) on pisse pas tous debout en salissant la cuvette, on a pas tous une copine au foyer qui fait les taches ménagères (chez moi c’est l’inverse) enfin bref la liste peu être longue...
    A dire que les hommes sont tous des salauds, bah ya des bléros qui vont généraliser aussi et dire que les féministes sont toutes des connes... Donc déja si tout le monde pétait un coup ca irai mieux nan ?

    Après la non mixté j’ai tendance à résumer ca au simple fait d’exclure des personnes...

    Je suis pour l’égalité des êtres humains, qu’il soit vert, jaune, gay, hétéro, trans, que ca soit une femme ou bien un homme...

    Voila...

  • Le 2 novembre 2011 à 10:28

    Sérieux Rebellyon, vous les lisez les commentaires là avant de les publier ? c’est grave là ! réagissez le collectif d’animation houhou....
    vous voulez pas mettre un peu plus de violence et d’anti féminisme ? un peu plus d’hystérique ? la mixité n’a pas a être débattue, on n’a pas d’avis à donner ou de pédagogie à avoir, et pourtant, y en a eu... alors là, continuez comme ça, publiez ces commentaires qui crachent tranquilou sur le féminisme, ça aide les féministes à se senti isolées et pas soutenues par le milieu, c’est très chouette....!
    sous couvert de neutralité vous légitimez le fait que tout le monde peut donner son avis sur la non mixité... et la manif, ça va être chouette si elle se fait attaquée par les anti féministe que par les fafs... beau résultat, bravo...

  • Le 2 novembre 2011 à 00:58, par Videopunk

    Dieu que ce genre d’articles me fait chier...

    Non mixité ? Okay. Le féminisme uniquement pour les femmes ? Okay.
    Mais venez pas me sortir que « je fait partie du problème », venez pas me sortir que « je devrai parler de mes émotions », et ne venez pas m’expliquer que je n’ai jamais souffert de mon statut d’homme...
    Bon dieu de merde, mais tout les arguments ne sont pas compatibles à tout les discours ! Un raciste me dit « je vit du racisme anti-blanc », je me fout de sa gueule, parce qu’objectivement, être blanc n’est pas un problème au quotidien ou alors juste à certain endroit où ces mêmes racistes ne foutent jamais les pieds...

    Mais bon dieu, vous avez vraiment jamais souffert d’être un homme ? De devoir être violent au quotidien (je sais pas si vous êtes nés avec une cuillère en argent dans la bouche, mais là où c’est pas le cas, la violence quand on est un homme est autrement plus prédominante que chez les femmes, et c’est pas du putain de sexisme que de le dire !), de devoir être « viril », de devoir être con, n’avoir aucune émotion, de devoir traiter une femme comme pute, de vous interdire toute émotion, de tout les jours entendre les mecs se traiter de « sales pd » entre eux sans sourciller ?
    Excusez moi mais au quotidien, être un homme aussi c’est dur. Moins qu’être une femme, c’est vrai, mais ne commençons pas à chercher qui a le plus de mal, parce que on vois ce que sa donne en palestine, les discussion du genre « mon peuple à plus souffert que le tiens ».
    Et ne venez pas me dire dans cet... article (j’ai faillis dire autre chose) qu’il suffit de « parler d’autre chose avec ses potes » et de « montrer ses sentiments ». Le dernier mec que j’ai vu chialer en publique s’est fait botter le cul pour la forme. Je sais pas si vous vivez à neuilly mais par chez moi, causer féminisme n’est pas le meilleur moyen de passer une journée saine.

    La réalité, c’est que le féminisme est un fragment de la question. Et tant de militants ne connaissent que le féminisme... Les hommes comme les femmes devraient lutter ensemble, et changer ce satané nom de « féminisme ». Je veux la liberté totale, l’égalité totale entre l’homme et la femme, je veux qu’en France, en 2011, un mec puisse chialer et qu’on le console plutôt que le frapper.
    Et ça, je veux pas appeler ça du masculinisme.

    Je trouve ridicule cette régression du féminisme depuis quelques années. Auparavant, le féminisme nous parlait de liberation sexuelle. Maintenant on coupe des queue : pourquoi pas somme toute, le désir sexuel de l’homme n’est-il pas un désir de domination ? Mais je suis ravi de vous informer, mesdames et messieurs, qu’en 2011, la pornographie permet de pleinement satisfaire se désir de domination, et de laisser au quotidien le champ libre à l’amour affectif et tendre.
    Oui, désolé, mais la pornographie fait office de catharsis on ne peux plus efficace. Il faudrait par contre mieux l’expliquer et l’encadrer pour que les gosses ne la prennent pas au premier degré. Mais je constate une évolution du féminisme qui le rapproche de plus en plus de sa version américaine en france : ici, de plus en plus, plutôt que d’ouvrir toute les sexualités, de les considérer commes des jeux décomplexés, on ferme les vannes, on assèche tout, on interdit, on revient à une morale chrétienne moribonde.

    Et ben merde ! Vive le porno, vive l’homme qui chiale, vive les transpédégouines, et vive la vrai femme, celle qui met un pain dans le gueule de l’homme qui l’emmerde !
    Et merde au chrétiens, au genre social et... au féminisme qui ne va que dans un seul sens.

  • Le 2 novembre 2011 à 00:47, par Zog-zog

    Ca me fait peur ce genre de textes, a croire que tous les hommes se valent. Je ne serais pas contre les réunions non-mixte si effectivement tous les hommes étaient des gros salauds de dominateurs conscients. Force est de constater que tel n’est pas le cas. Pour moi c’est reproduire le schema de domination que l’on entend combattre, chose qui se produit dans bien des luttes tant la tentation est grande pour les dominés de se rapprocher des dominants et le danger imperceptible. Comme par exemple les slogans invitant a exploiter les patrons. La non-mixité, dixit delphy, est bien lorsqu’on la choisit. Certes. Mais, mathématiquement, l’autre groupe la subit forcémment. Encore du Delphy : la non mixité sert a ce que l’experience d’humiliation puisse se dire sans faire de la peine aux hommes. Parceque ca ferait forcemment de la peine aux hommes ? C’est ce qu’on appelle une généralité. Deuxiemement pour que la rancoeur puisse s’exprimer. Soit. Perso ca ne me gene absolument pas de m’en prendre plein la tronche, je pense que c’est le cas pour bien d’autres hommes aussi. J’ai parfaitement conscience d’appartenir a une caste dominante comparés a elles, ce qui ne veut pas dire que ca ne me repugne pas tout autant. Et enfin en 3 pour que l’admiration des dominés ne jouent pas pour donner plus de poids au groupe dominant. A mon sens c’est le seul argument recevable mais, étant le seul, il n’expliquerait pas a lui tout seul le choix d’une non-mixité. Pour moi ca fait parti du jeu. C’est un probleme, certes, mais il peut se résoudre, du moins partiellement, par d’autres manieres. On ne fait pas une lutte tout seul dans son coin, ca ne rime a rien, surtout que c’est faire le jeu du pouvoir (diviser pour mieux régner vous savez...). On lutte pour tout le monde, pas que pour son cul, ou on ne lutte pas, point.

    En tout cas, ce qui est génial et ce qui se voit dans les commentaires dont le mien c’est que la non-mixité subie par les hommes enrage autant que la non-mixité subie par les femmes. Du coup si le but était de faire comprendre aux hommes ce que subissent les femmes c’est gagné ;)

  • Le 1er novembre 2011 à 22:24, par SiiL"

    "(Du coup, en tant que gars bio, hétéro, je ne serai jamais fémi­niste.)
    Parce que je ne serai jamais atta­qué en tant qu’homme."

    C’est à vérifier. Et ça c’est déjà vérifié : quand tu te prends une baffe partie on ne sait d’où après un monologue hystérique crescendo de féministe radicale, alors que tu n’as pas émis un son de toute la discussion, tu réalises que : si, le comportement strictement identique est possible en sens inverse : tu te fais agresser parce que tu es masculin.

    Ce qui est important, c’est la prise de conscience de la nécessité de se libérer des carcans imposés par le cadre du Genre. Voir les humains comme humains avant tout.

    Une féministe obtuse me gave tout autant qu’un machiste profond.
    Et l’image d’une bite torturée me choque tout autant que celle d’un clitoris que l’on coupe.
    Oui, c’est une image symbolique, entendu.

    Quant à la Domination, pour ma part, elle se limite à ces jeux de rôles érotiques où les rôles, justement, doivent pouvoir s’inverser - pour rappeler au final que, tant que le plaisir reste partagé , le reste n’est que belle parlotte.

    A mon sens, il est partagé en particulier quand on danse sur le même pied d’égalité.

    Enfin, non, je n’arrêterai pas d’être un « homme » : un humain avec une verge, quoi.

    Ce qui ne veut pas dire
    que je ne peux pas voir une femme comme un être humain avant tout, et un.e ami.e peut-être ensuite ;
    que je ne peux pas m’habiller comme certaines d’entre elles : en pantalon et tee-shirt (sacrilège, je le rappelle !) ;
    que je ne peux pas apprécier de cuisiner ou faire le ménage, parce que ça me fait du bien aussi de temps à autre ;
    ET que je ne peux pas parler à mes amies de mes questionnements affectifs : parce que j’en parle à mes amis, et à mes amies - au milieu de plein d’autres sujets, oui.

    Bref, je suis pour l’auto-organisation, et non-mixte encore :)) et non féministe, mais anti-sexiste.

    PS : mes toilettes, comme le reste de mes lieux de vie, c’est toujours moi qui les lave ; quant à celles de mes collègues masculins, vu leur état en règle générale, je me dis qu’effectivement, ils ne doivent pas s’y coller bien souvent...

  • Le 1er novembre 2011 à 18:17, par markarel

    Ma contribution sera lapidaire : elle est ici

  • Le 1er novembre 2011 à 10:52, par si ce n’est pas un homme

    Il y a de ces ambiances qui nous font déserter le rôle d’homme, de fils de, de salarié, d’être humain même.
    Des ambiances, des époques, des modes d’existences, des situations minuscules ou vertigineuses.
    Saisir ces ambiances réclame une attention qui excède la tradition militante, l’examen de conscience et la conduite d’une vie indexée à une partition du monde dominants/dominés.
    Qui sait ce que devient un homme aux côtés des prostituées de Calcutta, organisées en commune, ou chez les Na du Yunnan ?

    Qui sait ce que devient un homme au contact d’un commun imprévu ?

  • Le 1er novembre 2011 à 02:10, par Solanaze

    Je trouve l’image d’illustration particulierement malsaine...
    En quoi une image de mutilation sexuelle ,ou de torture est elle progressiste ?
    Les males en bonne santé bandent (heteros ou homos) .visiblement ca derange la personne qui a mis cette illustration pourrie en ligne....avec ce genre de dessin ca donne pas envie de lire l’article....
    certains sous couvert d ’« antisexisme » puent le neo-puritanisme...ils pensent que le desir masculin est un peché a refouler ou a « deconstruire » ,mais pour info c’est plutot le refoulement et la notion religieuse que la sexualité est « sale » qui provoquent violence ,psychoses ,perversions de la part des hommes...
    bref ce neo-puritanisme _bien que provenant du mouvement libertaire_ me fait penser aux stals du livre 1984 qui revent de depasser la condition d’animaux mammiferes qui est la notre, et de creer un ’homme nouveau" sans libido...

  • Le 1er novembre 2011 à 00:03, par Ah bon ?

    Je sais pas, mais moi y’a un truc qui me choque dans ces commentaires et ceux de l’appel à la manif à laquelle ce texte fait référence. Chaque fois que dans l’espace militant se pose une discussion sur l’antipatriarcat, le sexisme, la non-mixité, la lutte contre l’homophobie etc... et bien il fuse toujours des arguments les plus incroyables les uns que les autres pour contourner le problème majeur de sa propre situation. Et oui, c’est dur d’aborder un thème où on fait potentiellement partie de la classe des dominants ou si on est un vecteur de celui-ci, plus simple avec l’économico-sociaalo-politik car on est tous des prolos, des vraies de vrai hein ?
    Là l’argument de la chrétienté du propos c’est facile comme lecture, on peut faire la même avec le marxisme (la théologie de la libération l’a fait dans une large mesure) et même avec l’anarchisme (Nieztsche l’a fait pour exemple). Ce genre d’argument me gonfle un peu, chacun a sa stratégie pour contourner le problème et on recule de trois cases.
    Après c’est l’argument qu’il est victimisant, moi je le vois plus comme un coup de gueule qui perso fait du bien et qu’il ne prétend nullement donner une théorie de comment un mec doit se comporter pour être en phase avec l’abolition du genre ou de je ne sais quoi. L’auto-organisation des filles c’est autant important que l’auto-organisation des prolos. Et oui, quoi qu’en pense les autres, on ne libèrera personne à sa place !

  • Le 31 octobre 2011 à 21:11, par zora la rousse

    Il me semble que l’auteur de l’article fait des CONSTATS sur ses actions, ses actes machinaux du quotidien. Il ne me semble pas avoir lu qu’il s’en flagellait en permanence (« culpabilité biblique » comme dit dans le commentaire ci-dessous). Au contraire, il décrit comment il a besoin de femmes fortes ensemble pour parvenir, via leur flagellation ;-) de ses comportements, à les voir pour ce qu’ils sont : des comportements de dominant dans un rapport social donné (le rapport de genre).

    Rapport social qui n’est nullement le seul (il existe aussi le rapport de classe sociale, le rapport de génération - « âgisme », et le rapport de racialisation).
    Et peut-être est-il dominé dans certains autres de ces rapports ... ce qu’on met en question, quand on est anars, ce n’est pas l’un ou l’autre de ces rapports. C’est leur matrice à tous : la hiérarchie et l’oppression des un.e.s par les autres.

    Du coup, on ne peut limiter notre analyse au rapport de classe sociale (vilains bourgeois versus nous), mais il faut prendre pleinement en compte tous les autres aussi. Et ce qui est délicat : ils nous traversent, on en est imprégné.e.s jusqu’à la moëlle. Comment on fait pour changer sa moëlle ? Quels sont les moyens pour faire que ces rapports évoluent, déjà entre nous pour commencer (oui ça fait très contre-société ce que je dis, mais la révolution c’est d’abord un processus dans le temps, et dans l’opposition interne à des rapports sociaux donnés) ?
    C’est cela qui est à débattre, à réfléchir. Alors laissons la bible où elle est, et entendons ce que nous dit le camaro : il lui a fallu la force collective de femmes réunies en non mixité féministe, pour voir ses comportements de mec comme ce qu’ils sont : des comportements de dominant dans le rapport patriarcal. Point.

    Moi en tant que femme blanche, j’ai eu une expérience très désagréable lors d’un débat autour de la « racialisation » ... ça fait bizarre, quand à la fin de la réunion, agacée par ce qu’a dit l’intervenante, tu t’agglutines à la meute des questionneurs.euses. Et puis heureusement pour toi, tu n’es pas la première de la file, alors tu vois celui ou celle de devant poser les questions, en masse, que tu as envie de poser à l’intervenante (« mais quand même », « tu ne crois pas », « m’enfin »...). Ceci te permet de voir, voir dis-je, la même scène que tu as subie toi en tant que femme, à l’issue d’un énième débat public sur « féminisme et non mixité » : cette nuée de questionneurs.euses, qui s’agglutinent autour de toi et te demandent de te justifier sans cesse ... réalisant que j’étais en train de me comporter envers cette intervenante exactement comme l’avaient fait, envers moi, des mecs (et quelques femmes) sur le féminisme, je me suis disrètement, et honteusement, éclipsée de la file d’attente pour les questions.

    Et j’ai commencé à me dire que cette intervenante était vraiment chiante, à remettre ainsi en question « mes bons rapports » avec les personnes racialisées.
    « Mes » bons rapports ? Mais eux.elles, comment vivent-ils.elles « mes » bons rapports avec eux.elles ?

    Même mon anarchisme, les ignore, et même les théoricien.ne.s de mon anarchisme (sauf Louise Michel), n’ont que si peu combattu l’empire colonial français dans leurs actes et leurs théories !

    Ca fait quoi, aujourd’hui, d’être noir.e en France, et de voir les « y’a bon banania » dans les magasins ? Et de savoir qu’il y eut des esclaves - tou.te.s noir.e.s - et d’étudier le « commerce triangulaire » en cours d’histoire au collège ? Ca fait quoi ? Est-ce qu’on peut se rendre compte, nous les blanc.he.s ?
    Alors un peu de silence et écoutons, de ce côté là aussi. Merci.

  • Le 31 octobre 2011 à 21:00

    Salut, salut.

    dur dur de finir le texte après ces "braves" lignes : « C’est moi qui ai violé plu­sieurs copi­nes dans le cadre de rela­tions de couple ». ouai, dur dur. je ne vais pas vous faire un dessin...

    je me suis d’abord demandé pourquoi tu étais publié. et puis, je me suis dit que si tu étais publié, c’est que tu avais peut-être des choses à dire, et que je prendrais un intérêt quelconque à lire tes lignes. sans oublier une chose : c’est en connaissant les arguments des autres et leur manière de raisonner qu’on les combat.

    à vrai dire, je crois que l’auteur(e) du complément d’infos (du 31 octobre, 16h16) a déjà tout dit. et très bien résumé la situation. "expier la faute", reconnaître nos différences, et militer pour l’égalité des droits et de traitement femme/homme dans les faits, et que ce soit dans notre vie publique ou dans notre vie privée. les femmes n’ont pas besoin des hommes pour se libérer. le colonisé n’a pas besoin du colon pour le libérer. ni pour lui apprendre à marcher "droit". bien. cela dit, ça ne t’empêche pas de ne pas attendre après les femmes pour ne pas avoir le comportement d’un oppresseur. toute femme qui ne cherche pas à se libérer de la "domination masculine" ne cherche pas non plus à la subir.

    va donc nettoyer tes toilettes... et ton linge sale, au passage.

    pour ceux que la lutte féministe intéresse concrètement, et pour beaucoup qui se disent féministes mais oublient parfois un peu de l’être dans les actes : je vous conseille : La cause des femmes, de Gisèle Halimi. formateur.

  • Le 31 octobre 2011 à 16:16

    Le problème avec le déconstructivisme mal digéré c’est qu’il est en train de se transformer en idéologie bien pensante judéo-chrétienne. Les femmes ne sont pensées que comme des victimes (je te rassure les femmes ne se font pas seulement violer, siffler, etc... elles ont aussi une vie comme tous le monde faite de joie, de force, de travail, de plaisir... et de puissance). Les hommes ne sont pensés que comme des salauds (là aussi c’est un peu réducteur).
    Il est bien sur évident qu’il est nécessaire qu’il existe des espaces non mixtes. C’est bien si par ricochet ces espaces t’ont permis de te déconstruire (bien que ce ne soit pas précisément le but de ces espaces). Mais ton texte semble plus être un moyen d’expier la « faute » (dans son sens biblique) d’être un homme comme par le miracle d’un renversement manichéen des valeurs (la « faute » originelle étant commise par Ève dans la Bible) qu’un plaidoyé pour les espaces non-mixtes.
    Peut être que l’émancipation passe aussi par l’acceptation de nos différences (physiologiques au moins) et de les prendre pour quelque chose de posées mais non pas de figées, ni de « graves » en soit. On est différent et alors ? Reconnaitre des points de différences n’implique pas forcément de hiérarchiser ces différences. Tu peux être noir ou blanc, il y a une différence de couleur de peau qui n’implique aucune différence sur l’égalité des droits (bon en réalité on est d’accord que c’est pas encore ça).
    L’important c’est l’égalité des droits et de traitement femme/homme dans les faits. On en est très loin.
    Je ne comprend pas en quoi les questions de genre et le féminisme sont si imbriquées. Ni en quoi porter des jupes permettra aux femmes d’enfin être traitées à l’égale des hommes... Enfin je ne suis pas sur que la condition d’homosexuel rapproche forcément les homos du combat féministe (pour avoir entendu certain copains homos être profondément misogynes).
    Après d’accord avec toi pour dire que les femmes n’ont pas besoin des hommes pour se libérer.
    Enfin tu sais ce n’est pas très dur de prendre un balai à chiotte pour récurer tes toilettes. Pas besoin de grande théorie pour cela. Fais le !

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