Renforcer le front commun : commentaires sur les réactions provoquées par le contre-sommet à Vichy

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Face à la violence de la situation en général, et à Vichy en particulier, la réaction d’une grande partie des manifestants a été celle de l’affrontement physique avec les forces de l’ordre. Ce type de réaction engendre, comme depuis quelques années, son flot de commentaires plus ou moins constructifs, parfois injurieux, malgré les efforts de l’équipe de modération de Rebellyon pour qu’un débat « bienveillant » puisse avoir lieu entre révoltés partisans de différentes stratégies (une page existe qui rappelle les pratiques de l’équipe de modère concernant les commentaires).

Plus que jamais, il nous paraît nécessaire qu’un débat ait lieu pour que des stratégies communes se mettent en place. Pour que chacunE puisse trouver sa place avec sa rage dans les manifestations et dans la construction d’un rapport de forces.

L.S. propose ici une réponse argumentée aux commentaires critiques sur la réaction physique aux provocations policières à Vichy.

Je suis toujours abasourdi par les haines qu’engendrent ceux qui passent à l’action et les envolées moralistes qui les accompagnent. Finalement ce qui surprend le plus c’est que la haine est d’autant plus forte qu’elle provient de « camarades ». Qui manipule ? Qui sont ces universitaires machiavéliques qui n’ont d’autres passions que de voir leurs « naifs compagnons » se faire latter par les flics ? Qui sont ces « soudards » assoifés de sang ? Pourquoi toujours penser que lorsqu’il est question de violence politique, il y a toujours soit des flics derrière, soit des illuminés ? Pourquoi des gens qui ont des sensibilités libertaires reprennent-ils en cœur le discours de la police ?

C’est drôle, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la violence politique ces derniers temps, c’est un commun qui dépasse les appartenances idéologiques et identitaires. Les émeutes de banlieues, les gaziers, les cheminots les agents d’EDF, et même les pompiers il y a quelques années. Tous ces gens qui, arrivés à un tel niveau de rage ou ligotés à un tel point par les syndicats, ne voient d’autres solutions que de saboter leur instrument de travail ou d’attaquer la police.

Mais cette violence, quand elle avoisine les organisations politiques, aussi bien les orgas anarchistes que les autres d’ailleurs, alors là elle devient intolérable. Parce que dans la démocratie de consensus, on accepte assez mal que les classes dangereuses s’en prennent au mobilier urbain, aux banques ou à la police, parce que les appareils ne peuvent tolérer être associés à de tels actes. Pour ceux dont le principal souci est de continuer à être des interlocuteurs respectables, il vaut mieux condamner, au risque de se couper de la potentialité révolutionnaire.

La légitimité politique aujourd’hui est affaire de mots et d’images. L’action elle-même n’échappe pas à cette règle. Une action doit susciter le maximum de sympathie, elle doit faire émerger des revendications claires, elle doit et c’est là où est sans doute l’écart le plus flagrant entre les révolutionnaires et les réformistes définir qui est le « bon » sujet politique.

Ceux qui font la politique hors de ce sentier jalonné sont indifféremment des « cailleras », des « minorités de casseurs au sein de la manifestation », des « irresponsables », des « idiots à instruire » pour les militants assermentés, des « terroristes » pour la police.

À Vichy, tout ne s’est pas passé de manière idyllique : des camarades se sont faits brûler leur voiture, des vitrines de petits commerçants sont tombées, des gens vont sans doute être condamnés en justice.
Cela dit, derrière ces débordements - que certains pourront sans doute regretter -, c’est un nouveau front politique qui émerge. Celui des « mauvais sujets » politiques, les sans-papiers en grève de la faim, ceux qui les cachent dans leurs appartements, ceux qui s’opposent violemment aux rafles, ceux qui se battent dans la rue pour signifier leur rage. À Vichy, y’avait bien quelques darons et darones qui regrettaient ce qui était en train de se passer, mais la plupart approuvaient, plus ou moins ouvertement, et comprenaient parfaitement l’enjeu de la situation. À Vichy, il n’y avait pas d’un côté les bons manifestants qui jouent le jeu de la « vraie politique » et de l’autre côté les « casseurs ». Un front commun, plus ou moins explicite, plus ou moins partagé, mais bel et bien là.

Ce front commun, il n’est pas partisan, il n’est pas idéologique non plus, il est réel au sens où il engage la politique comme mise en acte d’une pratique résistante. Personne n’a eu à inventer ce front commun, il est né de l’assignation au terrorisme dont les militants qui se battent avec les sans-papiers ont fait l’objet, il est né de la criminalisation systématique des gens qui essaient de se bouger.

Il ne tient qu’à nous de renforcer le front, de l’agrandir à tous ceux à qui on dénie la capacité à faire de la politique, à tous ceux dont l’expression politique est disqualifiée par avance et à tous ceux qui les soutiennent de quelque manière que ce soit...

L. S.

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  • Le 11 novembre 2008 à 18:28

    1/ CertainEs de mes amiEs sont fachos : ils n’aiment pas les chômeurs, aiment la chasse au sans papier et les flics. Ils ne comprennent rien de mes envies de paix et de liberté, je ne comprends rien de leurs envies de consommation, de mariage, de frontières, d’intelligence scolaire.
    2/ Ils savent parfaitement ce qui se passe sauf pour certaines infamies pour lesquelles je me suis déjà fait traitée d’exagératrice parano, quand je n’aurais pas simplement aimé ça ou que je ne l’aurais pas mérité. Aimé ou mérité le travail, le saccage de la terre, l’emprisonnement scolaire, le viol ??? Ils sont peut-être organisés, et sûrement malades mentaux pour normaliser la torture. Pas besoin de beaucoup d’organisation pour saccager la vie.
    3/ Nous restons minoritaires à rêver de liberté, à pouvoir regarder la violence de ce monde en face sans nous voiler la face, accrochés fermement à nos rêves. Mandela parle de ce PB.
    4/ Je pense que l’heure du sabotage est arrivé. Mais je ne survivrai jamais à la taule et j’ai confiance en très peu de militants. Et puis, les majoritaires sont-ils prêts pour la liberté ? Je ne crois pas. Alors l’heure du sabotage m’attendra.
    6/ Dans les orgas anarchistes (et les squats), les attitudes dominatrices sont trop nombreuses. La mascarade illusoire s’y joue comme ailleurs, la guerre des egos demeure insupportable.
    7/ Depuis que je vais où mon cœur se porte, que je détruit ce qui n’a pas sa place ici et que je soigne ce que je veux voir vivre, je me sens en paix.
    Comme disent les amérindiens du chiapas : nous ne savons pas où nous allons mais nous savons que nous ne ferons jamais autant de dégâts que les capitalistes. Mandela dit aussi "il n’y a pas de petites actions. Elles prouvent simplement la paix. Je pense que la liberté est un mode de vie, quotidien, de chaque seconde, plein de vigilance pour ne pas rater le train des opportunités.

  • Le 11 novembre 2008 à 17:05, par invalidfuture

    Personnellement, je peux complètement comprendre qu’on puisse vouloir en découdre et que dans certaines situations on ait l’impression que la violence réelle ou symbolique soit la seule manière d’être entendu, de s’exprimer, et qu’elle soit légitime vu tout ce qu’on prend dans la gueule (Par exemple la révolte des banlieues de l’automne 2006). Et je ne nie pas que certaines situations de confrontation puissent faire évoluer les choses, les positions et avoir un impact sur la société (ex : Mai 68, même si cela était accompagné de pleins d’autre choses, notamment une évolution dans le domaine des idées qui a permis au mouvement d’émerger). Je pense juste qu’il faut juger des actes à leurs effets plutôt qu’à leur légitimité. On peut faire quelque chose en considérant que c’est légitime et l’argumenter par A + B, mais si l’effet est l’inverse de celui recherché ou affirmé, surtout si c’est la même chose à chaque fois, il y a peut être de quoi se poser des questions...Notamment quand les actes aggravent la situation (ex : Les brigades rouges en Italie, qui ont servi de prétexte au pouvoir pour durcir leur régime pendant les années de plomb).
    Par exemple, les récents actes de sabotage des réseaux sncf, attribués aux autonomes, vont ils permettre l’infléchissement de la politique du gouvernement ou juste accentuer la répression dans les milieux anars et autonomes ?

  • Le 11 novembre 2008 à 15:57

    Faut arrêter d’être borné et de camper sur nos positions, anarchistes, libertaires, autonomes, on s’en fout ! si on est la à discuter c’est qu’on a du commun, des choses à partager et à faire ensemble, ça sert à rien de stigmatiser ou de caricaturer les positions des autres. Faut arrêter d’être essentialiste aussi, genre « c’est toujours comme je dis moi » ! faut adapter nos stratégie eu situation, reconnaître ce qu’il ya de fort dans les idées des unEs et des autres sans tout rejeter en bloc....
    Et arrêtons vraiment de construire des mythes de manipulateurs, de naïfs etc.. et de supposer que les gens réfléchissent pas ou mal, ou encore pire qu’ils sont pas assez instruits !

  • Le 11 novembre 2008 à 15:51

    « On dirait qu’il est plus important d’imposer leur façon de penser plutôt que de chercher à construire avec les autres, quitte à être obliger de confronter leurs idées avec les autres, à parfois assumer leurs erreurs, reconnaitre leurs torts et qu’ils n’ont pas le monopole de la »vérité« , apprendre à écouter et se rendre compte que chacun détient une part de la »vérité« et peut apporter quelque chose à la construction collective. »

    voilà une critique qui s’applique aussi bien à ceux qui prônent la violence en toutes circonstances (je ne vois personne qui l’ait dit, mais bcp ici semblent supposer que c’est ce qui se passe dans la tête de ceux qui en use parfois, de leur tête et de la violence) et de ceux qui la rejette systématiquement et la discrédite en tant que non-stratégie de héros manipulateurs universitaires qui ne sont pas instruits, et même parfois carrément débile (si l’on en croit certains commentaires)...

    Juste pour dire que, c’est pas parce qu’on montre les erreurs des autres qu’on est soi même plus intelligent...
    Je propose qu’on arrête de servir de la position de quelqu’un qui écrit ici pour discriminer tous ceux qui ont des positions apparemment analogues et qui ne viennent pas s’exprimer ici...et autres choses, si dans un commentaire ya aussi des conneries, ça ne discrédite pas tout ce qui est dit...enfin, c’est du moins comme ça que j’envisage les choses pour essayer d’établir un dialogue, un échange...

    Peut être, qu’au lieu de se crisper sur la question de la violence, pour ou contre, c’est à dire dans les deux cas à un usage systématique de la violence ou de la non-violence, il pourrait apparaître constructeur de se poser la question de comment, à quels moments et dans quels espaces l’usage de la violence peut s’avérer stratégique politiquement et s’articuler aux pratiques non violence, et comment ces stratégies, peuvent ou non coabiter lors d’un même événement ? c’est d’ailleurs je crois ce qui s’est passé à Vichy, où les gens qui étaient dans la manif, témoins des violences (et puis faut relativiser, appeler violence une poubelle qui crame faut pas abuser non plus...), ne se sont pas insurgés contre cela et sont restés solidaire, la manif s’est tenue, en un seul cortège jusque la fin !!

    en sortant des luttes d’ego, des gens plus instruits que d’autre (???), des condamnations et des certitudes, des préjugés, on remarquera à ce titre que les imaginaires développés par tous les commentaires servent idéologiquement leurs argument, oh je ne prétend pas à une objectivité, juste au fait qu’entre les universitaire manipulateur, les moralisateurs pacifistes, les évangélistes des cités etc... nous avons tous développé ici des caricatures de la réalité qui sont assez réductrices, que ce soit pour les gens qu’elles désignent, ou pour nous, quand nous nous y reconnaissons...

    En dehors de ça, il faut essayer de sortir du stratégisme en politique, la stratégie est importante mais elle n’est pas le seul prisme à travers regarder les luttes sociales...sinon il n’y a plus qu’un pas à dire que les voitures qui crament dans les quartiers c’est « pas stratégique » et donc condamner ce type de révoltes populaires sociales qui ont un sens éminemment politique, même si ce dernier ne rentre pas dans la stratégie de certains d’entre nous.

    J’ai le sentiement que divers visions de la politiques négocient à travers ces commentaires, mais qu’elle ne parviennent pas à se reconnaitre et dialoguer, crisper qu’elles sont sur le Pour ou Contre la violence.

    Je m’essaie à en identifier deux, peut etre me trompe-je :
    Pour certains, il faut être populaire, massifier, être de plus en plus nombreux, puis un jour c’est nous qu’on sera plus fort et on aura les moyens de renverser la situation. Je dirai que c’est le point de vue qui s’est le plus exprimer ici et en général dans la société et les visions de la politique qui ont le plus d’échos. contrairement à ce que disait quelqu’un qui faisait passer l’usage de la violence comme majoritaire, si c’était le caS...

    Pour d’autres, la violence est une question de tension sociale, les moments de révoltes ne sont pas une accumulation quantitative du nombre de gens, mais la convergence à un moment donné de pleins de luttes éparses. Il s’agit donc de créer les conditions favorables à la réunion spontanée (et non pas à l’adhesion, concept sur lequel se base le premier point de vue). Une idée de ce côté est de maintenir visible et sensible la tension sociale et le conflit que tout le reste de la société tend à étouffer et à faire taire, maintenir cette tension serait alors l’enjeu de moment ou l’on use de la violence.

    Je vois en quoi ces positions peuvent semblaient antagonistes, contradictoires, mais je ne crois pas, cependant, qu’il est impossible de les concilier.

  • Le 11 novembre 2008 à 12:16, par invalidfuture

    En gros, dès qu’on ose réfléchir à la question de la violence ou remettre en cause certains dogmes, on est un bobo ou un social démocrate...Ok, le débat vole haut, enfin c’est une manière de clore le débat, tu as raison et je suis un bobo, au moins pas besoin d’argumenter, c’est pratique.
    Je ne vois pas la contradiction entre être libertaire et non-violent (La non-violence ne veut pas dire qu’on ne se défend pas mais qu’on réfléchi à des stratégies différentes que la simple violence). Pour moi être libertaire, c’est d’abord penser par soi-même et ne pas souscrire à des dogmes aveuglement et c’est chercher comment construire une société où chacun puisse vivre libre sans oppresser les autres.
    Pour moi, une société idéale n’est pas celle où les libertaires auraient pris le pouvoir par la révolution et se vengent enfin de tous les oppresseurs par la violence.
    Cela ça s’appelle le fascisme : Un groupe prend le pouvoir et réduit les autres aux silence par l’intimidation ou la violence, et impose une nouvelle pensée unique.
    La vie est pleine de nuances, la pensée politique aussi, penser en noir et blanc, c’est se mettre des œillères pour s’empêcher de penser parce que c’est plus facile de rester sur des certitudes simplistes et ça rassure...
    A mon sens, la fin est dans les moyens, la fin ne justifie pas les moyens, sinon on risque de reproduire les mêmes dérives que ce qu’on a vu en URSS, ect...
    Ce n’est pas parce qu’on se dit libertaire qu’on est à l’abri du fascime qu’on peut soit même cultiver. Ce n’est pas parce qu’on est libertaire qu’on est parfait, et qu’on a pas à faire son autocritique. Sans auto-critique on se remet des oeillères et c’est le meilleurs moyens pour tomber dans les dérives...

  • Le 10 novembre 2008 à 16:12, par invalidfuture

    Je me demande également si une des « missions » (Même si le terme fait un peut messianique) du mouvement libertaire, en tous cas un de ses objectifs, qui pourrait en même temps lui apporter de la sympathie de la population, ne serait pas de montrer et d’expliquer comment il est possible de vivre et de créer une société, sans domination des uns sur les autres et sans hiérarchie. En un mot, comment partager l’autorité, non pas pour que tout le monde soit un petit chef, mais comme faire pour que le « pouvoir » soit géré collectivement et non détenu par une ou plusieurs personnes qui se le gardent pour elles au service de leurs propres intérêts même si cela asservi les autres.

    La majorité des gens pensent qu’il n’est pas possible d’organiser une société autrement que par la hiérarchisation, avec des leaders, des chefs, en déléguant le pouvoir... comme on le fait actuellement...

    Voilà pourquoi le mouvement libertaire reste circonscrit à des cercles de militants, car il n’a pas réussi à montrer qu’il était possible d’organiser autrement la société afin que le pouvoir soit partagé par tous (démocratie radicale, directe, autogestion), afin de permettre la liberté de chacun dans une articulation individu-collectif où l’un sert l’autre dans le bût d’une société conviviale et d’un épanouissement individuel et collectif, l’un entrainant l’autre, dans une logique de cercle vertueux...
    Réfléchir à ces problématiques, les expérimenter et les théoriser, tout en faisant l’aller-retour entre l’un et l’autre pour ne pas tomber dans le dogmatisme, voilà qui est intéressant.
    Multiplier des expériences démontrant qu’on peut s’organiser de manière libertaire et que cela est non seulement plus efficace (La coopération est plus efficace que la compétition) et plus agréable que l’organisation actuelle de la société.
    Voiloi détruire sans montrer qu’on est capable de construire, voilà ce qui rebute les gens.
    Le jour ou une grande partie de la population pensera qu’il est possible de s’organiser autrement et se sentira capable de le faire, car des savoir-faire et des savoir auront été diffusés par les mouvements libertaires, là on aura une chance de changer les choses...
    Sinon, on restera dans une résignation, où la plupart des gens se disent : « On ne peut pas faire autrement »...

    Amitiés

  • Le 10 novembre 2008 à 16:07, par Deceiver

    Il ne faut pas oublier que de nombreuses personnes se rendent aux manifs contre sommet parce que cela va leur permettre de rencontrer d’anciennes connaissances de luttes, des potes de manifs, des potes, etc. et aussi parce que ça fera un peu d’action et que comme l’a dit qq’un plus haut, les expériences d’action urbaines, c’est toujours bon à prendre.

    J’en fais parti, je ne vois pas forcément d’enjeux dans ce genre de manifs qui malgrès la lacrymo, les voitures brulées et les arrestations, restent, dans leur schéma, qq chose de très plan-plan.

    On a bien le droit d’aller au contact avec les flics, ou de casser qq trucs, ce genre d’évènement c’est propre à ça de toute façon. A partir du moment ou l’on n’inscrit pas une poubelle brulé et une vitrine pété dans une démarche d’insurrection.

    Par contre il y a des personnes qui manques de nuances. Dès que tu critiques le fait de bruler une voiture de smicards, on vient me traiter de flicard, de non-violent ou de hippie, c’est un peu ras les pâquerettes comme réaction.

    Pour ce qui est d’aider les personnes des quartiers défavorisés à se réaproprier leur quartier, ca me semble carrément ambitieux comme projet. Les anars on leur propre précarité à gérer aussi, alors de là à trouver le temps pour de tels projets, ça ne me semble pas gagné.

  • Le 10 novembre 2008 à 13:08

    Effectivement, je me dis que si il y avait autant d’énergie mise dans la recherche d’organisations alternatives durables capables de changer réellement la société que dans des logiques de confrontations qui se retournent souvent contre leurs auteurs , on pourrait peut être voir du changement... Je pense que la culture du mythe du héros-marthyr (Cf : Carlo Guilliani) qui va en découdre pèse encore pas mal sur l’inconscient collectif anar et libertaire et conditionne les esprits.

    A mon sens, l’idéal libertaire devrait avant tout être la capacité à créer une société désirable et humaine, une société dans laquelle tout à chacun préférait vivre plutôt que la société actuelle. Je ne pense pas que la plupart des exemples libertaires actuels (Squats, travellers que je respecte énormément et dans lesquels il y a plein de choses intéressantes et positives) fassent envie à la plupart des gens, notamment parce qu’il s’y cultive parfois, une culture de l’entre-soi qui a tendance à exclure les autres et que ces modes de vie paraissent trop éloignés du mode de vie de la plupart des gens. Ces expériences doivent à mon sens continuer à exister, mais je ne suis pas sur qu’ils soient suffisants. On parle des banlieues, mais le bût est-il d’aller prêcher la bonne parole libertaire pour transformer ses habitants en révolutionnaires qui vont lancer l’insurrection finale ? Pour s’en prendre plein la gueule à nouveau ? Je pense qu’il serait bien plus interessant de diffuser dans ces banlieues des savoirs et savoir-faire permettant à ses habitants de reprendre en main leur vie en s’organisant collectivement, de recréer du lien social, des structures leur permettant d’être autonomes, utiliser les ressources et savoir-faire des habitants, ect... (Cf. Les expériences en Amérique du sud où les habitants des bidonvilles gèrent leur quartier). C’est pas ça le but ultime du mouvement libertaire ? L’autogestion, locale ? Quartier par quartier ? Alors pourquoi on va pas directement là au lieu d’attendre un hypothètique grand soir ? En plus, y’a même pas besoin de faire ça caché, de toutes façons, l’état le fera pas, a complétement abandonné ces quartiers, alors pourquoi ne pas aider les habitants à ses les réapproprier ?

    Et pourquoi ce ne serait pas ça le projet libertaire, faire ça aussi, dans les quartiers non défavorisés, favoriser petit à petit l’autogestion avec les habitants ?

    Amitiés

  • Le 10 novembre 2008 à 11:45

    L’argument qui dit que que les affrontements, notamment lors des contre sommets, n’ont rien prouvé de leur pertinence, n’a rien d’un argument.

    Pour preuve, aucun mouvement, notamment dans la large et diverse mouvance libertaire, n’a prouvé son efficacité contemporaine. N’a prouvé qu’il obtenait une adhésion et une sympathie massive. Que se soit la CNT, les groupes anarchistes ou le mouvement autonome.
    Actuellement le mouvement libertaire n’est pas en mesure de privilégier telle voie ou telle autre. En tout cas, elle ne peut que le faire de manière théorique ou historique puisqu’aucune « victoire » significative du point de vue social n’a été obtenue depuis trente ans.

    Lorsque une expérience significative du mouvement libertaire aura porté ces fruits, alors et seulement alors, nous pourrons dégager des pistes concrètes d’actions pertinentes. Pour l’instant, explorons les différentes voies.

    Quant aux violences propres au contre sommet de Vichy...

    c’est vrai que les choix qui ont été fait n’étaient pas très judicieux. Voitures brûlées au hasard notamment. casse de vitrine au hasard aussi.

    Après, il ne faut pas créer un ensemble homogène de « radicaux énervés ». Il y a des personnes ayant des options politique complètement différentes dans ces groupes là.

    Globalement, je suis plutôt d’accord avec ceux et celles qui dénoncent « l’affontement pour l’affrontement ».

    en même temps, il y a des groupes qui expérimentent de manière très fine ces situations d’affrontements. Et, si la constitution d’un véritable réseau de solidarité de classe autonome (libertaire) et massif reste pour moi l’option révolutionnaire par excellence, on ne peut cacher qu’à un moment donné, le processus révolutionnaire se confronte à une violence physique d’ampleur non négligeable. et que donc, les expériences de groupes dans la « guérilla urbaine » soit bonne à prendre.

    Néanmoins,c’est pas avec des pavés que l’on fera plier les forces répressives. Vaudrait mieux dans ce cas là, penser aux réseaux clandestins d’armes...

  • Le 10 novembre 2008 à 11:42, par invalidfuture

    Effectivement, je me dis que si il y avait autant d’énergie mise dans la recherche d’organisations alternatives durables capables de changer réellement la société que dans des logiques de confrontations qui se retournent souvent contre leurs auteurs , on pourrait peut être voir du changement...
    Je pense que la culture du mythe du héros-marthyr (Cf : Carlo Guilliani) qui va en découdre pèse encore pas mal sur l’inconscient collectif anar et libertaire et conditionne les esprits.

    A mon sens, l’idéal libertaire devrait avant tout être la capacité à créer une société désirable et humaine, une société dans laquelle tout à chacun préférait vivre plutôt que la société actuelle. Je ne pense pas que la plupart des exemples libertaires actuels (Squats, travellers que je respecte énormément et dans lesquels il y a plein de choses intéressantes et positives) fassent envie à la plupart des gens, notamment parce qu’il s’y cultive parfois, une culture de l’entre-soi qui a tendance à exclure les autres et que ces modes de vie paraissent trop éloignés du mode de vie de la plupart des gens. Ces expériences doivent à mon sens continuer à exister, mais je ne suis pas sur qu’ils soient suffisants.
    On parle des banlieues, mais le bût est-il d’aller prêcher la bonne parole libertaire pour transformer ses habitants en révolutionnaires qui vont lancer l’insurrection finale ? Pour s’en prendre plein la gueule à nouveau ?
    Je pense qu’il serait bien plus interessant de diffuser dans ces banlieues des savoirs et savoir-faire permettant à ses habitants de reprendre en main leur vie en s’organisant collectivement, de recréer du lien social, des structures leur permettant d’être autonomes, utiliser les ressources et savoir-faire des habitants, ect... (Cf. Les expériences en Amérique du sud où les habitants des bidonvilles gèrent leur quartier). C’est pas ça le but ultime du mouvement libertaire ? L’autogestion, locale ? Quartier par quartier ? Alors pourquoi on va pas directement là au lieu d’attendre un hypothètique grand soir ? En plus, y’a même pas besoin de faire ça caché, de toutes façons, l’état le fera pas, a complétement abandonné ces quartiers, alors pourquoi ne pas aider les habitants à ses les réapproprier ?

    Et pourquoi ce ne serait pas ça le projet libertaire, faire ça aussi, dans les quartiers non défavorisés, favoriser petit à petit l’autogestion avec les habitants ?

    Amitiés

  • Le 10 novembre 2008 à 07:43, par pacman

    Ha ca fait du bien un peu d’air frais.. merci.

    Se battre pour se battre, pour exprimer sa revolte, coute que coute, dans l’immediatete (la subjectivite radicale ? hahaha), c’est a dire sans vision strategique de la situation, c’est pas revolutionnaire, c’est bete et suicidaire...

    Il faut prendre conscience a la fois de la puissance et de l’intelligence de l’ennemi. Une illustration, on peut lire cet appel d’offre a l’adresse ci-dessous pour surveiller les militants et les reseaux d’influence.

    Si on doit se battre, c’est pour gagner, pour vivre ! Par pour se ramasser comme des merdes ! Il faut voir qu’en face de nous se trouve un ennemi extremement organise, dont la puissance phenomenale n’est pas seulement due a ses forces armees, mais aux innombrables reseaux sociaux qui travaillent d’arrache pieds, nuit et jour, pour lui !!

    Sommes nous capables, a notre maniere specifique (anti-hierarchique), d’atteindre un degre equivalent d’organisation (ho ! le vilain mot est lache !) ? Sommes nous capables d’eriger une puissance sociale, qui ne soit pas qu’un magma de ressentiment, de haine et de frustration, mais qui soit positivement une veritable machine sociale pour ecraser l’ennemi ? Une machine sociale, revolutionnaire et de masse !

    Alors d’accord, faut savoir prendre des risques a certains niveaux, mais les risques ca s’evalue en fonction de la situation et surtout de ce qu’on a a y gagner. Il faut une mesure de ce qu’on a a gagner par une action, de sa potentialite revolutionnaire... Quelle est votre facon d’evaluer, de mesurer le potentiel revolutionnaire d’une situation ou d’une action ? Et pourquoi cette facon la et pas une autre ? Voila je pense THE question....

    Sommes nous capables d’etablir des objectifs strategiques, de definir avec precision quelles sont les taches necessaires a la realisation de ces objectifs, de nous repartir ces taches efficacement ? Par exemple, d’un point de vue strategique, il me semble que la penetration des idees anarchistes dans la masse, et en particulier chez les revoltes de banlieux est une priorite absolue. Le « milieu » anar, a ma connaissance, est completement deconnecte de ces personnes, et de la masse en generale. La possibilite de se coordonner, d’agir a grande echelle est une necessite !

    Comment expliquer l’echec absolu des anars dans ce domaine ?

    Bref... je sais pas, j’ai pas les reponses toutes faites, mais une critique radicale des radicaux est vraiment urgente...

  • Le 9 novembre 2008 à 20:41

    Je parle d’échec parce que contre-sommet après contre-sommet, depuis 10 ans, qu’est-ce que cela a apporté pour les divers résistants qui s’y sont succédés ? Si l’on pouvait être enthousiastes lors de l’application de la tactique black-block il y a quelques années, on voit bien que depuis, la confrontation violente avec les forces de répression est désormais un folklore, avec son langage, son uniforme, les mêmes témoignages qui crient victoire à chaque sommet et qui donnent encore l’illusion que cette méthode est sur la voie de la réussite, et qu’il faudrait juste être plus nombreux.

    Or, c’est le contraire qui se passe. Nous sommes de moins en moins nombreux, les revendications ont disparu (ou c’est juste « nous exprimons notre rage face à ce monde », ce qui est vrai certes, mais un peu court ), et enfin et surtout, désormais on ne peut plus créer de débordement réel, puisque les zones où s’exprime la contestation pendant les sommets sont prévues pour faire face à ces tentatives.

    Quels sont les buts de telles confrontations ? Entrer dans les zones rouges pour y interrompre les sommets, c’est le seul intérêt. Or entrer dans les zones rouges, c’est un peu comme attendre le Grand Soir, c’est toujours à remettre à plus tard, parce qu’à chaque fois ça ne se passe pas comme cela.
    Et sur une masse hétéroclite comme celle de Vichy et autres sommets, sur les 2500 à 3000 manifestants seuls 200 à 300 ont choisi d’aller au carton, et à mon avis, il ne faut pas rêver à un effet domino qui verrait décupler la puissance de feu insurrectionniste spontanément. La tactique violente ne rencontrera jamais une large adhésion lors de ces évènements.
    Tous les contre-sommets ont vu se dérouler le même scénario avec plus ou moins de lacrymo, plus ou moins d’arrestations (de morts aussi !), mais sans aucune victoire sur le plan des luttes sociales. Rien, nada, à part dans l’autre camps où l’on se sert des images produites en ces occasions pour rendre impopulaire les mouvements anars et autonomes. Et être impopulaires, pour des individus qui disent vouloir changer le monde, c’est l’assurance que rien ne va changer comme nous pourrions le souhaiter.

    Voilà les échecs dont je parle. Toutes les situations de camarades emprisonné-e-s, blessé-e-s ou morts sont nos échecs, nullement le signe que nos velléités révolutionnaires sont populaires. Et c’est ce manque de popularité qui voit depuis autant d’années nos courants se réduire à une peau de chagrin, cantonnés aux organisations sous perfusion et aux mouvements autonomes isolés. Au sein même de ces mouvements les pratiques anarchistes ont peine de plus en plus à être réalisées.

    En fait, plus que la critique de la stratégie de la confrontation directe pour ce qu’elle est, c’est la question de son caractère prématuré en l’état actuel du rapport des forces en présence. Nous sommes confrontés à la méconnaissance totale de la masse de nos propositions et cela nous en sommes responsables.

    Les expériences dont tu parles sont marginales parce qu’aucune info ou presque ne parle de ces expériences. Même dans les médias alternatifs, eux mêmes marginaux, il n’en est question que quand l’expérience prend fin ou est menacée (fermeture de squat, expulsion, répression...). Pas étonnant que nos mouvements soient mourant, nous cultivons leur fin. Pas une seule revendication offensive, juste des luttes « anti », défensives et dans lesquelles on s’en prend plein la gueule tout en portant, à quelques centaines, le fardeau de notre condition misérable et de ce monde. N’y a-t’il pas comme un problème ?
    Pas de proposition concrètes faites à cette société de notre part, pas de diffusion de ces propositions, juste quelques expériences autogestionnaires : pour les plus visibles des lieux d’alter-consommation culturelle qui restent confidentiels et des lieux de vie à l’arrache.

    « mais la véritable non-violence est le luxe de ceux qui ont la capacité et les moyens d’être violent mais qui font le choix véritable de la non-violence. Si on est non-violent par défaut je crois qu’on se ment. »

    Pour ma part, ce n’est pas l’exercice de la violence par les camarades les plus impatients qui me pose question, c’est plutôt pourquoi ces camarades continuent à aller se donner en pâture à la violence de l’Etat quand visiblement tout est organisé et préparé pour qu’elle s’exerce sans peine sur eux.

  • Le 9 novembre 2008 à 16:00

    Je trouve ton intervention très intéressante. Elle a le mérite d’être posée et construite et ça nous sort des petits commentaires qui pour beaucoup commençaient à devenir un peu ... « limité » en terme d’interret.


    « Vous clamez pendant des semaines sur tous les toits »Tous à Vichy« et vous pensez que vous n’étiez pas attendu. Vous pensez qu’en face les services de renseignement et les stratèges policiers et militaires restent les bras croisés. C’est pas grave, ça fait du bien d’aller au carton avec les flics ? OK ! mais c’est quoi la finalité ? Pourquoi en faire tout un tintamarre dans ce cas ? Pour montrer qu’on peut aller au carton avec les flics. Ca tout le monde le sait »

    Ben je crois que tous le monde savait qu’on serait attendu sur place. Personne n’a poussé la naivité jusqu’à croire qu’on pourrait surprendre les flics. Allez au carton avec les flics ça fait effectivement un peu de bien vu toutes la rancoeur accumulé chaque jour dans nos corps et coeurs. Par contre quand tu dis que tout le monde sait qu’on peut s’affronter avec la police, là, je ne suis pas d’accord. Il ne s’agit pas d’user de la confrontation à chaque manif (d’ailleurs l’emploie de la violence en manif est rarement pertinent politiquement mais on ne peut ignorer ces pratiques pour autant). Il s’agit que chacun chacune prennent conscience de sa force offensive. Et y a encore beaucoup de boulot pour ça. Pas mal de gens n’envisage pas de faire autre chose que de marché en rang dans les manifs et du coup on perd beaucoup de capacité de nuisances contre le pouvoir. Peut être que Vichy était aussi un moyen de prouver qu’on peut occuper la rue sans se plier à ce qui est admis par les autorités.


    « En fait, d’autres on tellement théorisé pendant des années en prônant cette stratégie de confrontation directe, que même devant l’échec avéré de celle-ci, ils sont obligés de continuer dans ce sens pour ne pas perdre la face et surtout pour ne pas devoir se retourner sur des années passées à prôner ce qui s’avère aujourd’hui être une impasse. »

    Mais de quel échecs tu parle ? Il ne me semble pas que la stratégie de la confrontation soit la norme en France ou ça se serait. Comment peut-on parler d’échec d’une stratégie qui n’a pas été appliquée ? Encore une fois je précise que je ne suis pas un dogmatique de la confrontation.

    « Mais y’en a d’autres qui essaient de voir à plus longs termes et de manière plus constructive, plus expérimental aussi (ex : décentraliser ces moments de résistance), essayez de les écouter à l’occasion. »

    Je suis preneur des expériences à plus long terme. Mais c’est quoi ces expériences ? Les SEL ? les scoop ? les travelers ou les communautés paysannes ? Les squats comme Christiania, ou les Tanneries etc ...? Non pas que ces expériences ne sont pas intéressantes (et d’ailleurs plein de gens qui lancent des pierres ne font pas que ça toute l’année aussi, hein ? faut pas déconner...) mais si ces expériences suffisaient à modifier un tant soit peu le monde, les modèles se seraient vraiment diffusé. La vérité c’est qu’un peu de marginalité ne dérange pas le pouvoir, voir l’arrange. Quant aux actions décentralisé y a pas beaucoup de choix... Soit c’est rassemblement à quelques centaines devant les prefs et repas de soutien/débat/information soit sabotage. Mais pourquoi pas en effet bien que les risques de prisons soient bien plus grand.

    Tout ça pour dire que si quelque uns d’entre nous manque effectivement de recul par rapport aux théories insurrectionnelles, un bon nombre d’entre nous savons faire la part des choses. Il ne s’agit pas de prôner un modèle de lutte unique, il s’agit de dire que parmi plusieurs options il n’existe que celle de l’affrontement avec la police. Ce n’est pas la seule (loin de la) mais on ne peut dire que la stratégie de l’affrontement est allé au bout de ce qu’elle peut apporter dans la lutte et les mouvements sociaux. (ex : mouvement anti-cpe où à un moment l’affrontement a apporté quelques chose en plus dans le rapport de force).

    Par du principe que le reste de ton message que je n’ai pas commenté soulève (pour moi) de véritables questions. Je n’ai pas la (les) réponse(s). Une dernière chose, il faudrait que les uns et les autres arrêtions d’être dogmatique dans nos pratiques. Sachons passer du repas de quartier, de la pétition, de la désobéissance civile, au lanceur de cocktail molotov.

    Ah oui, un tout dernier truc, je crois sincèrement en la non-violence (c’est ce qui régit ma vie, je n’agresse personne et essaye d’être quelqu’un « d’honnête ») mais la véritable non-violence est le luxe de ceux qui ont la capacité et les moyens d’être violent mais qui font le choix véritable de la non-violence. Si on est non-violent par défaut je crois qu’on se ment.

  • Le 8 novembre 2008 à 23:23

    Bien oui, c’est évident que c’est le potentiel révolutionnaire qui est interrogé. Vous n’en avez pas assez de répéter à chaque rencontre-sommet les mêmes schémas, les mêmes discours depuis des années, et ce sans plus de résultat. La stratégie a montré depuis un moment ses limites, mais certains préfèrent encore plonger dans le cycle « affrontement, procès, actions de soutien aux camarades inculpés ». Et ce, malgré le nombre de plus en plus faible de personnes convaincues par cette manière de lutter.

    La critique qui est portée n’est nullement sur une question de morale, ça ce sont les sempiternels contrefeux qu’allument les partisans du type d’action telles que celles menées à Vichy. Preuve qu’ils ne veulent pas entendre ce qui leur est dit par les camarades qui pensent qu’il est fini le temps des contre-sommet où l’on se fait balader. C’est si difficile à comprendre ? Difficile de comprendre qu’on ne va pas se jeter dans un dispositif policier ? Difficile de comprendre qu’une poignée de quelques dizaines de camarades désarmés ne perturbent en rien les pic-nique de la domination ?

    Où est la morale que l’on nous prête alors que d’autres propositions qui n’excluaient nullement l’action de « foutage de boxon » ont été faites.

    Enfin, réfléchissez un peu ! Vous clamez pendant des semaines sur tous les toits « Tous à Vichy » et vous pensez que vous n’étiez pas attendu. Vous pensez qu’en face les services de renseignement et les stratèges policiers et militaires restent les bras croisés. C’est pas grave, ça fait du bien d’aller au carton avec les flics ? OK ! mais c’est quoi la finalité ? Pourquoi en faire tout un tintamarre dans ce cas ? Pour montrer qu’on peut aller au carton avec les flics. Ca tout le monde le sait ! Mais et après ?

    Est-il possible, ne serait-ce deux minutes, aux personnes qui affectionnent ce type d’action, de comprendre comment les forces de répression et les médias les canalisent et retournent à leur avantage, ce qui devrait en théorie être une action de résistance ? Ne trouvez-vous pas idiot de leur donner cet avantage ?

    Certains camarades quand on les questionne sur leurs motivations en restent à l’explication qu’il faut en découdre de la sorte pour résister, et effectivement que le sort qui les attend c’est certainement un beau jour la prison ou pour certains même la mort ! Ils ont totalement intégré leur condition de dominés et ne peuvent envisager comme seul échappatoire : un peu plus d’enfermement ou la mort ! Bigre ! Discutons camarades, on vous a arraché quelques pages dans vos manuels de révolutionnaires !

    En fait, d’autres on tellement théorisé pendant des années en prônant cette stratégie de confrontation directe, que même devant l’échec avéré de celle-ci, ils sont obligés de continuer dans ce sens pour ne pas perdre la face et surtout pour ne pas devoir se retourner sur des années passées à prôner ce qui s’avère aujourd’hui être une impasse. Ils se mentent, mentent aux autres camarades par le biais des médias alternatifs en grande partie et finalement s’illusionne dans la construction d’un mythe de résistant. Mais vous ne résistez pas du tout, vous fournissez juste un peu de chair à tonfa et des images pour la propagande officielle des médias de la domination. Et au bout du compte, c’est encore d’autres énergies qui sont mobilisées quand il faut vous sortir des rouages judiciaires et pénitentiaires. Tout cela pour que dalle ! et vraiment que dalle !

    Ok, c’est gratuit, c’est no futur, ce sont les actes « d’une génération auquel le monde blablabla... n’a pas laissé le choix...accélérer son pourrissement... Nous sommes les enfants d’une époque... désert qui avance...., etc, etc.... pathos, pleurs, victimisation, désolation... ». Vous déprimez camarades ! Et oui il y a des raisons de déprimer ! Mais y’en a d’autres qui essaient de voir à plus longs termes et de manière plus constructive, plus expérimental aussi (ex : décentraliser ces moments de résistance), essayez de les écouter à l’occasion.

    Et non, une poignée d’individus, même bien décidés et sincères, qui détruit du mobilier urbain et des caisses de prolo ne suffit pas à allumer la mèche, et ce malgré la propagande qui vous bourre le mou avec ce genre de théorie insurrectionniste.

    Vichy, comme les autres sommets, était un piège, ça fait juste vraiment chier de voir des camarades se faire appâter et piloter de la sorte. De voir qu’ils croient encore et encore, échec après échec, à cette stratégie, et que leur croyance trouve dans les médias alternatifs le terrain de production du mythe.

  • Le 8 novembre 2008 à 19:14

    Pourtant je ne crois pas que l’on puisse résumer tous les commentaires critiques de l’article précédent à la simple condamnation moraliste de la réponse « violente » des manifestants à la violence bien plus grande de la police.
    Il y avait surtout un appel à s’interroger sur la « potentialité révolutionnaire » de la confrontation telle qu’elle s’est déroulée à Vichy.

  • Le 8 novembre 2008 à 13:32

    Le mauvais sujet politique : exprime sa rage dans la rue, en grève de la faim, accueille des sans papiers chez lui.
    A tes yeux, je suis donc un mauvais sujet politique parce que je ne fais rien de tout ça et pourtant pu..., je vais leur mettre bien profond parce qu’il y a mille façons de résister et de créer la vie vivante. Dans chaque acte, il y a du négatif et du positif. Suffit juste d’en assumer les conséquences sans faire semblant. Que celles et ceux qui veulent tuer tuent, que celles et ceux qui ne craignent pas la prison violent les lois des psychopathes qui nous dominent, que celles et ceux qui veulent infiltrer les institutions dominantes le fassent ! Ce que je ne peux faire un autre le fera. Cessons de nous juger les uns les autres, de chercher à dominer ou à être dominé par des bavards. Il n’y a pas de bons et de mauvais militants. Il y a juste des peuples innombrables et des manières divers et variés de survivre dans un monde de malade où il s’agit de bien choisir son camp et d’en assumer la responsabilité.
    VIVE LA VIE !!!

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