Retour sur 2 ans de lutte à Lyon contre l’extrême-droite et ses agressions

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Voilà deux ans que les évènements s’enchainent, que la menace grandissante de l’extrême-droite à Lyon est palpable. Face aux menaces, aux agressions, les antifascistes lyonnais, toutes tendances politiques confondu, ont répondu par des rassemblements, des manifestations, de l’information.
A l’occasion d’une nouvelle manifestation antifasciste le 9 avril, et dans un contexte toujours plus tendu, petit retour sur deux ans de lutte contre l’extrême-droite qui passe à l’acte.

Au sommaire de cette synthèse :

- Groupes fascistes
- Retour chronologique
- Analyse et réflexions

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tract d’appel à la manifestation du 9 avril

Groupes fascistes violents

Lyon est un terreau fertile pour l’extrême-droite. Les petits-bourgeois réactionnaires des monts du Lyonnais comme les hools du stade de Gerland ont toujours été un milieu d’implantation propice aux fachos en tout genre.

« Rebeyne » / « bloc identitaire »

Rebeyne à Lyon, Nissa rebela à Nice ou Projet apache à Paris, il s’agit en réalité des anciens groupes des Jeunesses Identitaires : même dirigeants, mêmes militants, mêmes types de propagande, présentés aujourd’hui comme des groupes complètement autonomes et plus axés sur des thématiques régionalistes.

Cette nouvelle dénomination tente de différencier dans l’opinion publique les « Jeunesses Identitaires » du « Bloc Identitaire ». Les premiers ayant vu leur président, Phillipe Vardon, condamné par la cour d’appel d’Aix-en Provence pour reconstitution de ligue dissoute en septembre 2008. Le Bloc Identitaire, aux prétentions électoralistes, ne désire évidemment pas qu’on se rappelle le passé des membres des deux structures au sein d’Unité Radicale, dissoute par décision de justice suite à la ridicule tentative d’assassinat de Jacques Chirac par l’un de ses membre, Maxime Brunerie.

Les Jeunesses Identitaires ne se sont pas pour autant transformés en groupes indépendants, la structure nationale a disparu devant une autre appelée « Une autre Jeunesse » dont la principale apparition s’est résumée en une manifestation de 250 personnes à Paris en octobre dernier. Côté décisionnel, les ordres et la hiérarchie interne à ces groupes restent sensiblement les mêmes.

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Manifestation des identitaires à Paris le 23/10/2010.

Ces changements de dénomination, de structures, et parfois même de choix stratégiques mettent toujours en avant la même propagande, centrée essentiellement sur le tryptique immigration, islam et sécurité, si cher à l’actuel gouvernement. Autant dire que la politique actuelle leur offre une vulgarisation de leurs idées à peu de frais... Prenons un moment pour revenir sur les grandes lignes de leur idéologie.

Identitaires ? Du réchauffé idéologique sous une couche de publicité.

Passons sur le discours policé sur l’identité européenne, nationale et régionale qui masque mal un racisme viscéral, l’absurdité de parler d’« identité charnelle » comme ils le font nous parait assez claire sur le fond. Cherchons plutôt du côté des principes théoriques (l’ethno-différencialisme, explication sur wikipedia relativement biaisée, on reviendra plus tard sur cette notion partagée en partie par d’autres groupes considérés comme « de gauche ») et de leurs sources (la Nouvelle Droite, la Nouvelle Revue d’Histoire, etc.).

Ces théories ne sont pas arrivées par hasard au sein de l’extrême-droite. Conscients que se trimballer les vieux refrains éculés d’une extrême-droite
plus traditionnelle n’est pas vraiment vendeur, les identitaires piochent du côté de la Nouvelle Droite, émanation du GRECE (pour Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne. Dépasser le nationalisme par l’identité européenne, tout en s’opposant à l’Union Européenne. Depuis la fin des années 60 l’extrême-droite s’essaie, sans grand succès, à l’internationalisme régionalisé en ressortant le vieux fantasme d’un peuple européen cohérent. C’est aussi le GRECE qui a élaboré au début des années 70 la théorie de la « métapolitique » qui pousse les identitaires et d’autres à multiplier les associations pour « faire de la politique hors de la politique » : l’idée de base de cette théorie était de contrecarrer le fait que leurs idées n’ont pas d’échos positifs dans la population quand elles apparaissent clairement. On retrouve ainsi parmi les inspirateur des identitaires des anciens du GRECE comme Guillaume Faye.

La perception sociologique, anthropologique, des identitaires est donc des plus nauséabondes. Leur perception historique vaut également le détour. Développant une fascination pour le « roman national », notamment à travers la vision biaisée que peuvent donner de l’histoire des revues aussi peu sérieuses que la NRH (Nouvelle Revue d’Histoire), les identitaires s’inscrivent dans la droite ligne de l’extrême-droite française, celle qui n’a jamais réussi à prendre pied chez les historiens et les archéologues en raison de sa vision archaïque de l’histoire nationale. Mais les identitaires ont également mis en avant une volonté de s’approprier des symboles historiques plus marqués à gauche, plus populaires, comme les canuts à Lyon ou les apaches à Paris. La situation donne des résultats surprenant puisque par exemple le 8 décembre, les identitaires se réclamant des révoltés du XIXe siècle lyonnais en fêtent les bourreaux [1]. Dur de trouver une cohérence historique là-dedans...

« Lyon Dissident » / « Bunker Korps »

L’association « Lyon Dissident » est depuis quelques temps bien connue à Lyon pour l’organisation d’évènements fascisants (voir notamment un exemple en 2008 : Pas de concert néo-nazi ni à Lyon ni ailleurs).

Lyon Dissident est un groupe connu pour ses affinités avec les mouvements néo-nazis, notamment Blood and Honour (B&H). Leur local, à Gerland, est connu pour faire passer sur Lyon des groupes de la scène RAC (pour Rock Against Communism ou Cosmopolitism en opposition au Rock Against Racism).

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Un concert au Bunker Korps Lyon

Le groupe Lyon Dissident utilise un local à Gerland, le BKL (pour Bunker Korps Lyon) situé au 22 impasse de l’Asphalte, loué sous le couvert de l’association ROCK’N’GONES [2].

Les membres de Lyon Dissident (et donc de Rock’n’gones) ne se cachent pas de leur appartenance à Blood & Honour et certains ont déjà été condamnés pour violences racistes. Notons que les principaux membres de Lyon Dissident étaient présents lors de la manifestation fasciste du 22 octobre à Lyon. Leur structure est depuis peu liée à deux autres assez similaires : le « Local » à Paris (association du bien connu Serge « Batskin » Ayoub) et la Vlaams Huis en région lilloise.

Pour rappel, le dossier de presse sur Lyon Dissident est disponible sur le blog de la CNT 69.

Une video édifiante sur un concert organisé par le bunker korps/lyon dissident :

Bien que le chanteur annonce « Match Retour » [3] les informations accompagnant la video lors de sa première publication annonçait « I.S.D. Memorial 09 », soit un concert organisé en 2009 par Lyon Dissident (l’adresse mail sur le fly est d’ailleurs Match Retour) à la mémoire de Ian Stuart Donaldson, fer de lance du mouvement néo-nazi. Le fly de ce concert est dans le dossier sur le local (page 3). Il s’agit donc bien des mêmes organisateurs (la banderole Bunker Korps est d’ailleurs visible), mais potentiellement d’un lieu différent dans l’agglomération lyonnaise, le groupe fasciste n’ayant obtenu son local qu’au printemps suivant.
Le groupe Match Retour est quand à lui à l’affiche du concert de soutien aux fascistes ayant commis l’agression à Villeurbanne, 4 d’entre eux étant en détention provisoire pour de très longs mois avant leur procès, dont l’objet sera probablement pour violences en réunion avec tentative d’homicide, avec préméditation. Le concert est annoncé à la une du site international de Blood & Honour.

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Le groupe du président de Lyon Dissident, Match Retour, n’a vraiment rien à voir avec les agresseurs néo-nazis...

Cette présentation des deux groupes les plus actifs sur Lyon laisse de coté d’autres groupes sur lesquels vous pourrez aisément trouver des information sur le net : Egalité & Réconciliation, FNJ69, l’Oeuvre Française, etc.

Retour chronologique.

Le retour ci-dessous est nécessairement non-exhaustif.

- Le 22 janvier 2010, le rassemblement contre le débat sur l’identité nationale qui avait lieu devant la préfecture a été attaqué par une trentaine de fachos. Alors que l’impressionnant dispositif policier laissait faire, les antifascistes ont mis les fachos en déroute.
- Le 6 Mars 2010, 3 mili­tants de la CNT Education 69 ont été vio­lem­ment agres­sés place Saint Jean dans le 5e arron­dis­se­ment de Lyon, alors qu’ils sor­taient d’un res­tau­rant.
- Dimanche 07 Mars 2010, à l’ini­tia­tive des Identitaires Lyonnais, envi­ron qua­rante per­son­nes d’extrême-droite ont enva­hit le Quick de Villeurbanne nou­vel­le­ment halal depuis décem­bre. Leurs slo­gans : « Ca suffit l’isla­mi­sa­tion » ou encore « Première, Deuxième, Troisième géné­ra­tion. Nous sommes tous des man­geurs de cochon ». Bref, une action ouver­te­ment isla­mo­phobe.

Face à la recrudescence des violences fascistes à Lyon, le collectif 69 de vigilance contre l’extrême droite se crée en regroupant de nombreuses organisation lyonnaises et appelle à une première manifestation antifasciste pour le 10 avril 2010. La manifestation sera une réussite et malgré la provocation de quelques nazillons rassemblera plusieurs milliers de personnes dans les rues de Lyon.

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Banderole unitaire
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Prise de parole place St-Jean

- Cela n’arrêtera pas pour autant les violences qui recommenceront de façon visible dès mai 2010 avec la contre manifestation - soit disant catholique, plus assurément fasciste - contre le kiss-in contre l’homophbie organisé à St Jean

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Nervis d’extrême-droite devant la cathédrale St Jean lors du Kiss-In

- L’expression homophobe de l’extrême-droite sera à nouveau présente en juin 2010 avec des agressions et menaces autour de la gay pride.
- Le ven­dredi 18 juin à Saint-Jean puis aux Terreaux, une cin­quan­taine de jeunes fascistes, ont décidé de mon­trer que « Saint Jean était à [eux] ». Des­cen­dus dans la rue, ils ont scandé des propos ouver­te­ment natio­na­lis­tes, fas­cis­tes et racis­tes (« 1 2 3 retourne en Algérie »), et s’en sont pris phy­si­que­ment à des per­son­nes.
- Après une semaine d’émeute, en plein mouvement contre la réforme des retraites, les fascistes (Rebeyne et Lyon Dissident en tête) organisent le 22 octobre une manifestation dans le but explicite de « casser » du jeune manifestant. Les fafs ne bougeront pas de leur quartier "historique", place Ampère dans le 2e, et on découvrira sur place dans des bouches d’égoût du matos offensif.
- Le 8 décem­bre, sous l’égide de l’asso­cia­tion « Les Petits Lyonnais », les iden­ti­tai­res ont orga­nisé pour la 3e fois une marche aux flam­beaux sans aucune réac­tion face à cette démons­tra­tion.
- Samedi 15 janvier 2011, à la sortie d’un concert organisé à Villeurbanne pour soutenir l’initiative d’un centre social culturel et populaire, les néo-nazis attaqueront plusieurs personnes, en en blessant deux grièvement lors d’un véritable guet-apens où l’intention semble avoir été de tuer. 4 personnes sont en détention provisoire en attendant leur procès, au total c’est une dizaine de personnes qui comparaîtra. Bilan 80 et 100 jours d’ITT.
- Le 4 février vers 19h aux Terreaux, une lycéenne reve­nant d’un ras­sem­ble­ment est vio­lem­ment agres­sée par deux fas­cis­tes à coups de cutter, alors qu’elle atten­dait le bus. Bilan : 10 jours d’ITT.
- Malgré une mobilisation faite dans l’urgence et un soir de semaine (et sous la menace), 500 à 700 personnes se sont rassemblées devant la mairie du 7e arrondissement de Lyon suite à l’appel du collectif vigilance69, le 23 février 2011. Voir le Compte-rendu du rassemblement. La mairie du 7e ne semble pas vouloir agir contre ce local, pourtant véritable menace dans le quartier, et foyer de violences à l’échelle de l’agglomération.

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Installation du rassemblement
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- Le 26 février 2011, les membres du Bunker Korps organisent un concert avec Kategorie C, un des groupes phare de la scène néo-nazis allemande
- Les membres de Lyon Dissident affirmaient ne pas être nazis et n’avoir rien à voir avec les agressions, la supercherie est définitivement levé le 19 mars 2011.
Ils participent ainsi à un concert de soutien aux « emprisonnés » organisé discrètement en Franche Comté, sous l’appellation Blood & Honour avec d’autres groupes fascistes, concert organisé entre autres par le groupe local des Jeunesses Identitaires. La mobilisation antifasciste et le relais de la presse locale permettent l’interdiction du concert.
- Une réunion publique le lundi 28 mars a rassemblé plusieurs dizaines de riverains du quartier de Gerland pour discuter de la présence du local néo-nazi et des moyen à développer pour le faire fermer.
- Les Identitaires (Rebeyne et Bloc Identitaire Lyon) ont beau se distancier au maximum des néo-nazi sur la plan médiatique pour garder leur crédibilité, ils sont quand même présents dans la plupart des attaques. Le 25 mars 2010, sur le campus de Lyon II Quais qu’ils venaient de recouvrir de tags, ils attaqueront une conférence .
- Une photographie de Marine Le Pen tout sourire en compagnie de membres du Bunker Korps Lyon montre bien leur implantation au sein de l’extrême-droite.

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Marine le Pen en compagnie de deux membres du Bunker Korps Lyon

- Mercredi 6 avril, nouvelle agression fasciste à Lyon, des personnes diffusant des tracts pour la manifestation du samedi 9 sont attaqué au flashball, à la lacrymo et matraques téléscopiques.

- A l’inverse de ce qui s’est passé en Franche-Comté à l’occasion du concert de soutien organisé par Blood & honour, les médias lyonnais (ainsi que le personnel politique de l’agglomération) semblent jouer un jeu dangereux en relayant peu d’infos ou en n’enquêtant pas sur le sujet. Voir à titre d’exemple le traitement effectué par le Progrès. Il est vrai que la presse lyonnaise nous avait déjà habitué à de sérieux travers sur le sujet, comme Lyon Capitale lors de l’agression à Villeurbanne, dont l’un des journalistes, Fabien Fournier, était étonnamment présent lors de l’agression sans porter secours ni se constituer témoin, et sans mentionner dans son article crapuleux qu’il était l’une des rares personnes sur les lieux ! Exception faite de La Tribune de Lyon qui vient de faire sa couv’ sur les violences d’extrême-droite à Lyon, dont l’article est court, mais qui est le papier le plus sérieux paru à ce jour.

Analyses et Réflexions

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- Quel antifascisme aujourd’hui ? (CGA-Lyon)
- Retour de brun (sur la montée en puissance de l’extrême-droite radicale) (à lire sur Article 11)
- Sur les convergences politiques entre l’extrême droite et la gauche laïco-xénophobe

A l’international :
- Voir le documentaire Europe : Ascenseur pour les fachos
- La Russie malade de ses ultranationalistes

Voir aussi les sites :
- Reflex
- Droites Extremes

Et au niveau local, beaucoup d’infos sur les sites suivants :
- Les Voraces
- Projet Rafal
- Collectif de Vigilance 69

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Notes

[1Comme à Paris pour le Sacré Coeur, la décision de construire la basilique de Fourvière fut prise quelques semaines après l’insurrection lyonnaise de la Commune de Lyon, en 1870. Sur la Commune de Lyon, voir cet article.

[2Cette association est déposée en préfecture depuis mars 2010, et donc publiée au journal officiel

[3Il est probable qu’il s’agisse de Renaud M. Chanteur du groupe, invité sur scène en « guest star » par un autre des groupes

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  • Le 19 mai 2011 à 23:37, par admin

    Bravo pour votre site et la documentation qu’il offre. Très bon travail.

    Ici sur notre site, un article dont l’auteur tente une analyse qui pourrait vous intéresser.

    http://politproductions.com/content/le-jeu-des-diff%C3%A9rences-entre-le-fn-et-le-nsdap

  • Le 3 avril 2011 à 14:00, par X

    La CGT-VINATIER appelle à manifester et sera présente le samedi 9 avril......

    Nous appelons à étre le + nombreux(SES) possible contre le fascisme, les groupes néo-nazis, contre le FASCISME d’ETAT ( répression féroce à LYON - place BELLECOUR le 21 octobre 2010) et contre toutes les formes de racisme, homo-trans-phobie, antisémitisme, négationnisme,
    ....et contre l’utilisation de nervis fascistes (avec la bénédiction de Marine Le Pen , fille de l’ex-tortionnaire JMLP) contre les jeunes ,les immigré(E)s, les Roms , les SDF , les grèvistes et les syndicalistes....

    NO PASARAN !!!

  • Le 2 avril 2011 à 09:19

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