Indignation générale : Alain Finkielkraut se serait fait « expulser », selon ses propres termes, de la place de la République où se tenait une assemblée générale du mouvement Nuit debout. Et l’académicien d’expliquer qu’« on a voulu purifier la place de la République de [s]a présence ». Dans la foulée, les médias dominants se sont empressés de reprendre à leur compte la version des faits présentée par Alain Finkielkraut. Pourtant d’autres témoignages, ainsi que des vidéos filmées sur place, montrent que les événements ne se sont pas exactement passés ainsi. Peu importe : la machine médiatique s’est déjà emballée
Ce bref tour d’horizon des réactions à l’« expulsion » d’Alain Finkielkraut montre le caractère disproportionné et biaisé du traitement médiatique dont elle a fait l’objet. Il n’est probablement pas, dans tous les cas du moins, le résultat d’une volonté délibérée de nuire à Nuit debout. Mais toujours est-il que, pour certains responsables politiques et éditorialistes, cet emballement est du pain bénit : l’occasion de dénoncer le prétendu « sectarisme » des participants des rassemblements Nuit debout, dont le succès agace autant qu’il interroge. Cet emballement est d’autant plus visible qu’il met en valeur la sous-information chronique sur le mouvement (et en particulier ses déclinaisons hors de Paris), son existence et ses revendications, et d’une sur-« information » sur les moindres incidents « en marge du mouvement », comme les médias le disent eux-mêmes.
Quant à ceux qui s’inquiètent de la liberté d’expression d’Alain Finkielkraut, se posant soudain en gardien d’un pluralisme dont ils n’ont cure le reste de l’année, quand ils ne s’en prennent pas directement à celles et ceux qui osent s’exprimer dans les médias alors que la parole ne leur est jamais donnée, qu’ils se rassurent : depuis les sombres événements de samedi soir, il a eu l’occasion de plaider sa cause dès le lendemain dans l’émission d’Elisabeth Levy « L’esprit de l’escalier », en partenariat avec Radio RCJ et Causeur, et il est intervenu lundi, au micro de la matinale de France Culture.
Et ce n’est probablement qu’un début…
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