Vogue la galère, fin de la grève dans l’animation

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Petite rétrospective d’une lutte menée en 2004 par des salarié(e)s de l’association Les Péniches du val de Rhône dans le secteur de l’animation

Après 25 jours de grève les salarié(e)s de l’association « Les péniches du val de Rhône » ont repris le travail.

Ce n’est pas pour ça qu’ils renoncent à la lutte !

Petite rétrospective.

La crise couvait depuis plusieurs mois au sein de cette association basée à Vaulx-en-Velin(69) qui propose des séjours éducatifs en péniche pour les 6-12 ans. Animateurs et animatrices salarié(e)s s’étaient déjà plaints de leurs conditions de travail en juin. Au mois de juillet 2004, ils avaient remis une liste de revendications à leurs employeurs, restée sans réponse. Ils étaient trois animateurs et deux animatrices à avoir lancé une première grève le 3 novembre. Moins d’une semaine après et malgré des promesses de la direction, cette dernière décidait de réduire l’encadrement durant les séjours de 4 à 3 animateur(trice)s.

Ce qui s’est concrétisé alors par une surcharge de travail. Les salarié(e)s étaient à l’œuvre plus de 17 heures par jour.

Face à cette dernière provocation, les jeunes gens se sont mis en grève illimitée le lundi 15 novembre juste avant un embarquement. Leur cahier de doléances bien rempli, ils exigeaient :
- l’application de la convention collective en vigueur (32 46) ;
- la considération de nos heures supplémentaires (ex : 275 h de travail en juin mais mentionnées 152 h sur le bulletin de paie) ;
- l’amélioration des conditions d’hygiène des chambres lors des séjours (traitement acariens, non mixité des chambres adultes). En aucun cas le savoir faire et la conscience professionnelle du personnel technique
(non- grévistes) ne sont remis en cause, eux- même subissant les mauvaises conditions de travail. Les requêtes restant du seul ressort des dirigeants de la structure ;
- l’élection d’un délégué du personnel ;
- le remboursement légal des frais kilométriques suivant la grille fiscale ;
- l’application de la grille de points cc3246 pour les salaires et le profil de poste ;
- une formation sécurité sur la péniche et l’AFPS pour ceux qui ne l’ont pas ;
- un encadrement par 4 animateurs ou animatrices lors des séjours.

Ils et elles mettaient à profit leur temps de grève, pour faire des tracts pour sensibiliser les parents d’élèves qui ont toujours été réceptifs à leur situation, pour se mettre en relation avec l’inspection du travail et une avocate. Les grévistes demandaient aussi conseils auprès de syndicats notamment auprès de la CNT Lyon. Les animateur(trice)s ont aussi mis l’affaire sur la place publique en interpellant la presse lyonnaise et les médias alternatifs.

Les premiers résultats ne se sont pas fait attendre. Après une semaine de grève, une rencontre était acceptée sur leur temps de travail. Mais, leur patron avait omis volontairement de préciser que son cabinet d’avocat serait présent. Les mettant une fois de plus devant le fait accomplit. Devant cette tentative d’intimidation, et par soucis d’équité les grévistes décidaient de quitter la réunion. Quelques jours plus tard un vrai entretien a pu enfin avoir lieu avec leurs « responsables ». A l’issue de cette rencontre, ils se sont mis en accord sur certains points. Plus précisément leurs employeurs se sont rendu compte (il était temps) qu’il ne pouvaient plus indéfiniment se mettre en porte-à-faux vis-à-vis de la législation du travail. Les salarié(e)s ont alors obtenu un accord signé sur l’application de la convention collective, la considération de leurs heures supplémentaires, la mise en conformité des conditions d’hygiène des chambres, l’élection du DP et le remboursement légal des frais kilométriques. Le président et la direction ont donné leur accord pour qu’une formation soit faite avec le personnel naviguant et les pompiers et qu’un exercice soit effectué avec ces derniers pour l’évacuation de la péniche.

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Par contre ils et elles demeurent toujours en désaccord sur plusieurs points. Les animateurs et animatrices pensent en toute logique que l’application de la convention ne suffit pas et qu’il est urgent qu’ils aient un profil de poste correspondant à leurs attributions réelles, afin de discuter de la grille de points pour les salaires. Le président et sa direction sont restés sourds à ces revendications essentielles, pire ils ne veulent pas revenir en arrière sur leur décision unilatérale de réduction des effectifs lors des séjours en péniche. Le 9 décembre les salarié(e)s reprenaient le travail après 25 jours de grève.

Ils ont décidé de poursuivre la lutte sous une forme plus juridique mais ne s’interdisant pas d’autres grèves si le besoin s’en faisait sentir.

Depuis, l’élections du DP a eu lieu. Les grévistes ont réussi à faire sauter le premier tour, le quorum n’ayant pas été atteint. Il n’y avait qu’une candidate, parrainée par la CFDT. Au second tour les animateurs et animatrices devaient s’incliner. Il y eu 6 voix pour la liste pro-direction et 6 voix pour l’autre liste. Dans ce cas ce sont les candidats les plus âgés qui sont élus.

Pendant cette période de tension sociale les travailleur(euse)s de l’association ont pu voir leurs collègues affirmer leur dignité en tenant tête à leur patron. Espérons que cela les aidera à prendre confiance en eux. Précisons que durant la totalité du conflit, cénétistes et grévistes non syndiqués ont fonctionné sur des bases autogestionnaires, ils et elles ont pratiqué la démocratie directe et ce de façon horizontale, se partageant les tâches et les prises de paroles que ce soit face à leur direction ou face aux médias. Les jeunes gens ont aussi par le biais de la CNT organisé une caisse de grève appliquant là l’un des principes fondamentaux de la solidarité ouvrière.

Les métiers de l’animation sont traditionnellement peu enclin à recourir à la grève. Non pas que les salarié(e)s se satisfassent de l’exploitation généralisé qui régit ce milieu, mais tout est fait pour donner mauvaise conscience à ceux ou celles qui se plaindraient de leur condition. Certains n’hésitant pas à parler de prise d’otage afin de décrédibiliser tout mécontentement. Les personnes qui tiennent ce genre de discours réactionnaire sont sûrement les mêmes qui tentent de criminaliser l’action syndicale dans l’Éducation nationale.

Est-ce une raison pour laisser ses droits se réduire à peau de chagrin ? La réponse est NON !

D’un côté des salarié(e)s désabusé(e)s de l’autre des patrons arrogants est-ce une raison pour voir ses droits réduire à peau de chagrin et laisser les métiers de l’animation devenir un désert en matière de droit social ? Pour la CNT la réponse est NON !

P.-S.

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