On assimile souvent la gentrification à un processus d’ordre culturel, où les cafés chics et écolos remplaceraient les épiceries de quartier et les grossistes en tissu, mais il ne faut pas oublier que c’est d’abord un phénomène économique. Bien plus que la nature des commerces, ce sont en effet les prix des logements qui conditionnent l’installation de nouvelles populations plus aisées.
Les derniers baromètre annuel des sites MeilleursAgents.com et SeLoger.com viennent mettre ce fait en évidence de manière particulièrement claire. Les données montrent à la fois une tendance en termes de quartier et une explosion des tarifs sur le long terme. Le Progrès en publie une partie des données.
On y apprend que Lyon est la ville dans laquelle la hausse de l’immobilier a été la plus forte sur les 12 derniers mois : + 8,8 % sur douze mois et + 0,9 % au mois d’avril. Wouhou, encore une première place dans un classement, nos édiles, qui en raffolent, vont pouvoir être fiers.
Toujours selon SeLoger, le prix de vente moyen sur un an est de 4 475 € le m². Dans le 1er arrondissement par exemple, il faut compter 5 107 € (+ 22 %), 5 465 € dans le 2e (+ 10,4 %), 4 090 € dans le 7e (+ 14,7 %).
Les deux arrondissements où les prix ont le plus grimpé en un an sont donc ceux où le phénomène de gentrification est le plus visible. Si le 1er a depuis des années déjà dépassé le prix moyen à Lyon, le 7e, il y a peu encore un quartier abordable rattrape rapidement son « retard ».
Sur le long terme, on apprend que les prix de l’immobilier lyonnais (à l’achat) ont été multiplié par trois (+ 203 %) en 24 ans (de 1994 à 2018). Enfin, nouvelle gloire à porter au crédit de la politique d’attractivité de Gérard Collomb, on découvre que Lyon, qui était la 11e ville la plus chère de France en 1997 atteint la 3e marche du podium en 2016. Encore un podium qui ravira les élus mais dont on se serait bien passé...
Concrètement les prix qui flambent, c’est toujours plus de riches qui investissent pour habiter ou louer. Et c’est toujours plus d’inégalités entre celles et ceux qui peuvent accéder aux biens parce qu’ils bénéficient d’un héritage (un excellent salaire ne suffit plus à s’acheter un appartement) et celles et ceux qui restent locataires et subissent aussi une hausse régulière de ce que coûte un toit. Dans le contexte d’explosion permanente des prix, il devient urgent de construire des tactiques pour que nos quartiers restent accessibles au plus grand nombre.
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