Applis, drones... l’alibi sanitaire d’une surveillance généralisée

1202 visites
Covid-19 1 complément

Depuis le début du confinement, les gadgets et outils numériques brandis comme « solutions » de crise déferlent. Des drones aux applications mobiles de « santé », tout est bon pour tester... et espérer prendre des parts de marchés. Loin d’être des outils proportionnés et uniquement calibrés pour la crise, ils définissent une vision « solutionniste » du capitalisme qui se veut l’ultime remède à tous les maux.

Applis, drones... l’alibi sanitaire d’une surveillance généralisée

Les drones sont de sortie à Lyon !
Toutes les options y sont : détection infrarouge, mégaphones embarqués qui somment les individus de rentrer chez eux, communication des positions des individus à la police, prise de température, etc. Les entreprises spécialisées dans la fabrication, le reconditionnement ou le traitement des données des drones n’ont pas loupé l’occasion pour faire du placement de produit auprès de la police et de gendarmerie.

Entre la collecte de données de terrain à grande échelle et les digues du respect de la loi qui ont sauté au nom de l’urgence sanitaire, chaque entreprise veut sa part du marché.

Prenons l’exemple des opérateurs téléphoniques : Comment sait-on que les habitantes et habitants de Lyon ont déserté la ville ? Cela ne tombe pas du ciel, mais des antennes relais des opérateurs téléphoniques : il suffit de comptabiliser les connexions sur les bornes. Si ces données sont certes agrégées et anonymisées, nous ne doutons pas des parts de marché très lucratives que leur vente représente.

PNG - 303.6 ko

Ces derniers jours, en prévision d’un éventuel déconfinement conditionné, l’idée qui monte en France est de lancer une application, StopCovid, sur l’exemple de TraceTogether développée par Singapour.
Une fois installée sur son smartphone, StopCovid permettrait de signaler sa propre contamination au Covid-19 aux personnes côtoyées.

La finalité, non garantie, de gagner du temps sur la propagation de la maladie, laisse des questions ouvertes : l’installation de l’application sera-t-elle consentie ou obligatoire ? Si le consentement est demandé, quelle est la garantie pour que la pression sociale et patronale n’en fasse pas une obligation ? Quid des personnes sans smartphone ?

Inutile de lister les dangers de ces outils pour gérer notre vie quotidienne. L’histoire nous montre bien que les mesures d’exception deviennent la règle une fois la crise dépassée : loi Renseignement, inscription de l’état d’urgence permanent dans la loi, fichage ADN, etc.

« Il n’y a pas besoin de disposition législative »

Les réponses combatives se font rares.
Pis, le président de Reporters sans Frontières, Pierre Haski, est allé jusqu’à déclarer à la radio : « Les sociétés asiatiques se révèlent bien plus réactives que l’Europe pour adapter des technologies existantes à une nécessité urgente. Elles sont aussi plus tolérantes face à des technologies intrusives dans nos vies privées […].

Mais au milieu d’une pandémie comme le Covid-19, qui refusera qu’elles soient déployées si elles permettent d’en accélérer l’issue ? Il sera toujours temps de s’inquiéter après… » La fin justifie les moyens ! À cela s’ajoute le « pragmatisme » de la Cnil, garde-fou des libertés numériques en France qui, à travers sa présidente Marie-Laure Denis, tente de nous rassurer : « Il faut aussi [que le suivi individualisé] respecte les principes de la protection des données : proportionnalité, durée de conservation, caractère provisoire, sécurité…
Dans ce cas, il n’y a pas besoin de disposition législative ». Difficile, même avec la langue de bois, de cacher que les lignes rouges seront franchies. Rappelons que la proportionnalité est une notion relative, laissant toute liberté au pouvoir de la définir à sa guise.

La rhétorique est bien huilée. À chaque état de crise impliquant la sidération du plus grand nombre, la pensée dominante légitime la nécessité de serrer encore la vis. Apparemment, nous aurions du mal à comprendre que toute revendication de préserver nos libertés est au mieux naïve, au pire criminelle.

« Dispersez-vous ! » A Croix-Rousse comme à Villeurbanne, des drones de surveillance ont fait leur apparition au-dessus des rues vides...

Dénoncer c’est bien, agir c’est mieux

Avec un rouleau compresseur aussi puissant par sa pénétration dans les esprits, il est tentant de baisser les bras et de concentrer son énergie sur d’autres combats jugés plus aisés en période pandémique, comme la solidarité directe.

Mais, ce faisant, ne serions-nous pas précisément en train de céder face à la propagande big-brotherienne, aux injonctions incessantes à la responsabilité individuelle ? Et si nous sommes déjà capables d’exprimer une telle résignation, comment pouvons-nous être certains que toute personne un minimum conscientisée refusera d’installer l’application pour tracer la propagation du virus ? Mais alors, comment se battre ? Peut-être en rappelant qu’encore une fois, l’essentiel est ailleurs : dans la responsabilité collective.

Le code source de toute application de traçage doit être public (logiciel libre), le consentement doit être débattu et réfléchi collectivement afin de mieux peser le pour et le contre, les données récoltées doivent être mises hors des mains de l’État et du secteur privé, leur usage doit être limité dans le temps et décidé collectivement.

Pour le pouvoir capitaliste de notre époque, la technologie doit pouvoir apporter une « solution » neutre et efficace à chaque problème de la société. Il faut refuser ce « solutionnisme » dépolitisant car la technique n’est jamais neutre. Prendre le temps de faire ces rappels, d’en discuter avec nos proches, sans culpabilisation inquisitrice, permettra de déjouer le mécanisme d’intériorisation de la servitude volontaire.

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info

Derniers articles du groupe « Union Communiste Libertaire » :

>Pour une contre-offensive trans à la Plume Noire le 20 avril

L’UCL Lyon et l’OST vous invitent à une discussion sur l’urgence de la contre-offensive trans le samedi 20 avril à 17 h à la Plume Noire. Nous commencerons par un arpentage du texte de l’UCL, avant de discuter avec l’Organisation de Solidarité Trans de l’offensive transphobe en cours, et des...

› Tous les articles "Union Communiste Libertaire"

Derniers articles de la thématique « Covid-19 » :

>L’industrie du complotisme

Vous en avez marre des conspirationnistes qui voient des lézards géants partout ? Et en même temps vous ne supportez plus la petite musique des médias qui traitent de "complotiste" chaque personne qui remet en question l’ordre établi ? Pour nourrir la réflexion des mouvements sociaux...

› Tous les articles "Covid-19"

Derniers articles de la thématique « Surveillances / Fichages » :

>Darmanin, elle est où l’enquête sur Briefcam ?

Le 14 novembre dernier sortait une enquête du site Disclose qui démontrait que depuis 2015 les keufs utilisent en secret un logiciel d’analyse d’images israélien de la société Briefcam qui permet notamment l’emploi de la reconnaissance faciale. Gérald le violeur, notre sinistre de l’intérieur,...

› Tous les articles "Surveillances / Fichages"