Le peuple, sa terre, on s’en fout !
La lecture de la « contribution » de Gérard LERAS (président de la commission Transport au Conseil régional Rhône Alpes) et Benoît LECLAIR (conseiller régional du même conseil) débute sur un constat assez consternant : les gens ne comprennent pas ce qu’est ce projet (les habitant-es du Val Susa en Italie par exemple), il y a des amalgames, une incompréhension globale de ce tant nécessaire projet... à réaliser à tout prix. Les deux élus pointent néanmoins la nécessité de respecter les habitant-es du cru et l’environnement : « n’est pas écolo qui veut ! » (sic). Dès les premieres lignes de cette contribution, on comprend que c’est la défense du projet qui prévaut.
À croire que les enquêtes publiques, la fameuse concertation locale qui permet aux citoyen-nes de s’informer et informer à leur tour les élu-es sur les projets présentés ne servent à rien [1]. Là, il y a un souci non pris en compte par les élu-es et a fortiori une invalidation de leurs techniques “de combat” dans l’opinion : c’est du bidon, ce processus citoyen.
Est certes avancé également le fait que les gens imaginent la ligne comme étant uniquement un TGV voyageurs, mais n’est ce pas la première présentation faite par le Conseil régional Rhône Alpes : « imaginez une liaison ferroviaire voyageurs reliant Lyon et Turin en moins de 2 h au lieu de 4 h aujourd’hui et permettant, à terme, à 7 millions de voyageurs de se déplacer entre la France et l’Italie en toute sécurité ». Cela fait des années que l’on entend ça dans la région ! Au vu de cette contribution, il est clair que les enjeux se situent autant sur le coût des travaux [2] que sur le développement du trafic de frêt (niveau trafic envisagé d’ici 2030).
On nous vendra sans doute des actions pour financer le projet comme avec Eurotunnel [3] et on l’aura dans l’os, bien fait !
Les médias dominants aussi s’en foutent !
La mobilisation dans le Val Susa n’est pas récente contre ce projet, elle a été peu entendue de ce côté-ci des Alpes, peu relayée au niveau des médias, en Rhône Alpes en particulier. Il était si simple de poser le problème en ces termes : « vous voulez toujours plus de camions dans vos vallées ? » Le non inévitable. « Alors ce projet permettra de réduire les nuisances que vous vivez depuis trop longtemps » ! À l’appui de ce discours : rien ! Aucune garantie que le trafic routier baissera dans les années qui viennent dans la vallée qui mène au tunnel du Fréjus ou dans la vallée Blanche qui mène au tunnel du Mont Blanc. Imaginons les propriétaires financiers qui touchent les tributs (droits de péage) pour le passage des tunnels se voir dépouiller d’une telle rente... Balladur présidait bien la société qui touche les péages du tunnel du Mont Blanc... Et d’un coup ils accepteraient des baisses de recettes ?
Il n’y a rien en dehors de tableaux remplis de chiffres avec des prévisions, comme si ça pouvait être métérologique, le trafic routier, les flux de marchandises...
Et tout le monde s’entend de côté-ci des Alpes pour défendre le projet : tous les groupes politiques du Conseil Régional Rhône Alpes y adhérent... Du parti communiste au front national, quel consensus ! Formidable...
Cette contribution pointe, au contraire, l’explosion ces dernières années du trafic routier à la frontière franco-italienne de Vintimille, tout au sud de l’hexagone ; ce serait une conséquence des problèmes des tunnels [4] et de la croissance permanente du trafic routier. La Suisse a, quant-à elle, adoptée la taxe par “l’attaque au porte-monnaie” en faisant payer les tonnages transitants, les véhicules routiers, ce fameux transit routier permanent dans ces hautes vallées depuis l’Europe économique, tout en investissant farouchement dans la mise aux normes au gabarit du ferroutage (camion sur train) [5]. Des décisions politiques de choix, un engagement, un choix politique assumé...
En toute honnêté, il est utile d’indiquer tout de même que la confédération helvétique a toujours été un pays de transit routier fort, n’ayant pas des volumes d’exportation importants mais ayant toujours lutté contre le “Sacré routier”, en limitant par exemple le tonnage des poids lourds (libéré depuis mais avec une taxe à la clé), le dévelopement du ferroutage ; et cela dans l’idée, toujours, de préserver les conditions de vie de ses habitant-es et de protéger l’environnement naturel de ses vallées montagnardes.
Un indien.
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