Ce lycéen en terminale est arrêté le 19 octobre, il est accusé d’avoir jeté des pierres et relancé des cartouches lacrymogènes sur des policiers sans faire de blessé.e.s. En comparution immédiate il prend 1 mois avec sursis.
Le juge Taillebot commence en faisant une complète confiance aux forces de l’ordre : « Si on s’en est pris à vous c’est qu’on vous avait repéré dans un groupe » et propose une vision originale d’une émeute : « C’était une partie de plaisir où tout le monde s’est fait plaisir en faisant n’importe quoi ». Taillebot n’hésite pas ensuite à humilier le prévenu et avec lui tous les lycéens de sa filière : « On va détailler parce qu’en classe électrotechnique on ne fait sûrement pas beaucoup d’éducation civique ». Cela lui sert surtout à faire une leçon d’immobilisme : « vous confondez l’état et les services de l’état qui sont neutres. Ils n’ont pas voté la loi ».
Wyon, la conseillère, en voyant la profession de la mère du prévenu (professeur des écoles) saute sur l’occasion : « Votre mère est-elle fonctionnaire de l’État ? »… Finalement, elle conclue : « Allez réfléchir à la vie et retournez à vos études ! »
L’avocate générale Escolano prend ensuite la parole pour requérir la responsabilité co-respective de tout le groupe. Selon elle, la violence collective a des conséquences si dramatiques sur l’ordre public, traumatisant les habitant.e.s et mettant à mal les institutions, que la violence individuelle ne compte pas. En gros, on s’en fout de qui a fait quoi : on pourrait arrêter les 400 personnes de la manifestation et mettre tout le monde en zonzon indépendamment de leurs actes. D’ailleurs, elle demande de la prison ferme... sans mandat de dépôt. Ici encore on voit à quoi servent les mesures alternatives à la prison (semi-liberté, bracelet électronique, TIG) : non pas à combattre la surpopulation en taule, mais bien à condamner à de la prison et à de multiples peines différentes des personnes qui y auraient échappé autrement.
L’avocat du prévenu, Sayn, monte au créneau : « cette théorie suppose l’identification du groupe. Qu’est-ce qui se passe place Bellecour ? 400 personnes sont rassemblées sans cohésion entre elles, il y a foule mais pas de groupe. Si on veut appliquer une responsabilité co-respective, ce n’est pas la peine qu’il y ait de procédure, on prend des bus, on les remplit et on condamne tout le monde. » Il évoque ensuite le témoignage d’un flic, à la faveur du prévenu. Les vêtements décrits par le seul témoignage à charge (un gendarme a signé un PV) ne correspondent pas à ceux portés par l’accusé. Il cite l’article 430 du code de procédure pénale qui dit que le témoignage d’une personne assermentée dépositaire de l’ordre public (un fonctionnaire de police) n’a pas plus de poids devant la justice que le témoignage d’un prévenu. À cet instant le président Taillebot le coupe – ce qui va à l’encontre de la déontologie de la justice – pour lui faire remarquer que cela ne s’applique qu’aux contraventions et non aux délits. Cela s’avérera être un mensonge pur et simple du juge Taillebot, juste destiné à déstabiliser la défense ; en effet, l’article en question est clair : « Sauf dans le cas où la loi en dispose autrement, les procès-verbaux et les rapports constatant les délits ne valent qu’à titre de simples renseignements. »
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